Par Julia Itel – Publié le 05/03/2024
Le signe de croix est l'un des rituels les plus familiers et les plus symboliques de la foi catholique. Effectué avec une gestuelle simple mais profonde, il revêt une signification spirituelle et liturgique essentielle pour les fidèles.
Quelle est la signification du signe de croix ?
Le signe de croix est un geste rituel effectué par les chrétiens, en particulier les catholiques, qui consiste à tracer une croix symbolique sur son corps. Ce geste est accompli en touchant successivement le front, la poitrine, l'épaule gauche, puis l'épaule droite, tout en prononçant la formule : « Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, Amen. »
Le signe de croix exprime deux mystères. D’abord, il symbolise la foi en la Trinité chrétienne, en invoquant le nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Enfin, il rappelle le sacrifice du Christ sur la croix pour le salut de l'humanité, le mystère pascal. Le signe de croix résume ainsi le cœur de la foi chrétienne : le fait que nous croyons en un Dieu unique et trinitaire et avec lequel nous tissons une relation d’amour. En marquant notre corps de l’amour de Dieu, ayant envoyé Jésus son fils pour notre salut, nous devenons ainsi témoins de cet amour.
Les tablettes de la foi - La Trinité
Quand pratiquer le signe de croix ?
Ce rituel a une importance spirituelle significative pour les chrétiens ; il fait partie de leur vie quotidienne. Il permet d’abord de se mettre en présence de Dieu et de se placer sous sa protection et sa bénédiction. Il invite également le croyant à se rappeler de son baptême, lorsque le prêtre qui a versé de l’eau sur son front le fait ainsi entrer dans la communauté des chrétiens. Le signe de croix peut donc être utilisé comme une forme de prière.
Il est également associé à divers sacrements et moments liturgiques, tels que l'entrée dans une église, le début et la fin de la prière, et la participation à la messe. En effet, la célébration eucharistique s’ouvre et se clôture par le signe de croix.
D’où vient ce geste ?
Les origines du signe de croix sont peu connues. La tradition le fait toutefois remonter à Tertullien, un théologien du IIe siècle, qui nous a légué cette phrase : « Au début et à la fin de toutes nos activités, nous nous marquons le front avec le signe de la croix ». Par ce geste de résistance face aux persécutions romaines, Tertullien reprend un rite propre au judaïsme au sein duquel il est coutume de tracer sur le front un symbole de bénédiction divine sous forme de croix, correspondant à une ancienne graphie de la lettre « tav », la dernière lettre de l'alphabet hébraïque et qui évoque le sceau divin.
Une prophétie du Livre d'Ézéchiel (Ez 9, 4-6) mentionne spécifiquement de marquer le front des hommes d'un « tav » pour les protéger des massacres perpétrés envers les Juifs par Nabuchodonosor : « L’Éternel lui dit : Passe au milieu de la ville, au milieu de Jérusalem, et fais une marque (Tav) sur le front des hommes qui soupirent et qui gémissent à cause de toutes les abominations qui s’y commettent. […] Tuez, détruisez les vieillards, les jeunes hommes, les vierges, les enfants et les femmes ; mais n’approchez pas de quiconque aura sur lui la marque (Tav) ; et commencez par mon sanctuaire ! »
Il est plausible que Jésus lui-même ait réalisé ce geste de bénédiction et qu’il ait été repris par les chrétiens, après la mort et la résurrection de Jésus sur la croix, comme un « signe de croix ».
Comment fait-on le signe de croix ?
Au début du christianisme, les catholiques se signent uniquement sur le front, comme dans la tradition juive. Progressivement, le geste s’effectue sur le corps entier : on trace une croix sur le front, sur la bouche puis sur le cœur…jusqu'à réaliser à partir du XIe siècle « la grande signation ». Celle-ci consiste à se signer le front (en prononçant « Au nom du Père »), siège de l’intelligence, la poitrine (« et du Fils »), siège de la santé et du cœur, l’épaule gauche (« et du Saint-Esprit ») puis l’épaule droite (« Amen »), qui symbolisent la force de vivre.
Le signe de croix combine également la verticalité (du front à la poitrine), représentant l’incarnation de Dieu à travers Jésus-Christ, et l’horizontalité (de l’épaule gauche à celle de droite), symbolisant la mort de Jésus sur la croix et sa résurrection.
Les orthodoxes se signent légèrement différemment puisqu’ils commencent par l’épaule droite et terminent par l’épaule gauche, reproduisant le geste effectué par le prêtre en miroir. De plus, si les catholiques font le signe de croix avec les cinq doigts de la main droite, en rappel des cinq plaies du Christ, les orthodoxes utilisent seulement trois doigts, symbolisant la Trinité.