Par Julia Itel – Publié le 12/12/2023

Un concile est une assemblée d’évêques qui discutent et délibèrent sur des questions dogmatiques et de discipline ecclésiastique. L’Église catholique en reconnaît vingt-et-un.


Quel est le but d’un concile ?

Du latin concilium qui signifie « assemblée », le concile est une convocation ou une réunion d’évêques venus débattre et décider de questions dogmatiques et disciplinaires de l’Église. Le but du concile est donc, selon l’historien Yves Chiron dans son ouvrage Histoire des conciles (éd. Perrin, 2011), « de définir, préciser ou réaffirmer la doctrine de la foi, et de redresser ou réformer la discipline de l’Église (c'est-à-dire l’organisation ecclésiastique et le comportement des fidèles, des clercs ou des évêques) ». 

À la suite des discussions soulevées pendant le concile, une série de propositions et d’actes est produite. Celle-ci doit obligatoirement être validée par le pape pour entrer en vigueur. 


Différents types de conciles

Il existe différents types de conciles. Le premier est le concile provincial : les évêques d’une même province ecclésiastique sont convoqués par l’archevêque. Le deuxième, le concile plénier (ou national) réunit, quant à lui, les évêques d’un même pays. Il est généralement présidé par un légat (c'est-à-dire un représentant) du pape. Ces deux premiers types de conciles sont donc limités à une zone géographique spécifique et traitent de problèmes locaux. 

Il existe également le concile œcuménique (ou universel), convoqué par le pape, et qui rassemble la totalité des évêques chrétiens. On peut toutefois ajouter une nuance avec le concile général qui se limite au monde catholique. Par exemple, bien que dit « œcuménique », le concile Vatican II est en réalité un concile général. Les décisions prises lors de ces conciles concernent l’ensemble des chrétiens


Quelle est l’histoire du concile ?

Le concile de Jérusalem 

Le concile existe déjà dans les premiers temps du christianisme, comme cela est relaté dans les Actes des Apôtres (15, 1-35). Quelques années après la mort et la résurrection du Christ, en 49, les apôtres et les « anciens » se réunissent pour délibérer de l’obligation de soumettre les païens convertis au christianisme à la loi de Moïse et aux coutumes juives comme la circoncision, dans la perspective de leur salut. La question posée en filigrane est celle-ci : la foi en Jésus est-elle suffisante pour être sauvé ?

L’assemblée, nommée rétrospectivement « concile de Jérusalem », informe par écrit de sa décision : « L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d'autres charges que celles-ci qui sont indispensables : vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes. » Celle-ci s’applique ensuite à l’ensemble de la communauté chrétienne. 


Les premiers conciles œcuméniques

Les huit premiers conciles œcuméniques ont plusieurs caractéristiques importantes. La première est qu’ils sont tous convoqués par les différents empereurs romains qui se sont succédés, et non par le pape. En effet, l’évêque de Rome ne jouit pas encore d’une autorité suprême et universelle. De plus, ils se déroulent tous dans une ville de la partie orientale de l’Empire, à la différence des suivants qui se tiennent dans la partie occidentale. Par ailleurs, les quatre premiers conciles, particulièrement marquants pour l’histoire de l’Église, en définissent les dogmes fondamentaux (christologie et Trinité) que l’on retrouve dans le Credo. 

Après la ratification de l’édit de Milan en 313 et l’adoption du christianisme comme religion d’État, l’empereur Constantin convoque en 325 le premier concile œcuménique à Nicée (dans l’actuelle Turquie). Celui rassemble près de 300 évêques, venus d’Orient et d’Occident, dans le but de définir la nature du Christ. Parmi les décisions importantes prises figurent la condamnation de l'arianisme, l’affirmation de la divinité pleine et entière de Jésus-Christ, et la formulation du Credo de Nicée, une déclaration fondamentale de la foi chrétienne.

En savoir plus sur le concile de Nicée et l’arianisme

Pour voir cette vidéo pour devez activer Javascript et éventuellement utiliser un navigateur web qui supporte la balise video HTML5


Le deuxième concile œcuménique se déroule à Constantinople en 381, à la demande de l’empereur romain d’Orient Théodose Ier. Dans cette partie de l’empire, l’Église encore jeune est menacée par de nombreuses hérésies comme les pneumatomaques qui nient la divinité du Christ et celle du Saint-Esprit. Le concile de Constantinople étend ainsi le Credo de Nicée par l’affirmation de la divinité de l’Esprit-Saint

Le concile d’Éphèse, convoqué en 431, affirme la doctrine de l'union hypostatique en Christ, rejetant l'hérésie nestorienne qui sépare les natures divine et humaine de Jésus. Il proclame également Marie comme Theotokos (Mère de Dieu), soulignant ainsi l’origine divine du Christ.

Découvrir Marie, mère de Dieu

Pour voir cette vidéo pour devez activer Javascript et éventuellement utiliser un navigateur web qui supporte la balise video HTML5


Le quatrième concile œcuménique, celui de Chalcédoine en 451, permet de canoniser les Credo de Nicée et de Constantinople, tout en définissant la doctrine christologique (Definitio fidei) selon laquelle Jésus Christ possède deux natures, divine et humaine, unies en une seule personne sans confusion ni séparation. 

Les quatre conciles suivants concernent surtout la condamnation d’hérésies et renforce l’orthodoxie chrétienne. Par exemple, le concile de Constantinople II (553) renforce les enseignements des quatre premiers conciles, en condamnant les Trois Chapitres pour préserver l'unité de l'Église contre le nestorianisme. Le concile de Constantinople III (680-681), quant à lui, réfute le monothélisme en affirmant que le Christ possède deux volontés, humaine et divine, en harmonie. Le deuxième concile de Nicée (787) se prononce en faveur de la vénération des icônes et reconnaît leur rôle dans la dévotion chrétienne. Enfin, le concile de Constantinople IV (869-870), traite de questions d'autorité ecclésiastique. Ses actes condamnent Photios, le patriarche de Constantinople, et affirment la primauté de l'Église de Rome. 

Seuls les sept premiers conciles sont reconnus par les Églises orthodoxes. L’Église catholique, en revanche, en compte vingt-et-un. 


Les 13 conciles œcuméniques de l’Église catholique romaine

Les treize conciles suivants se déroulent tous en Europe, sous l’égide de l’Église catholique romaine. Entre le concile de Constantinople IV et celui de Latran I (1123), deux siècles et demi s’écoulent. En 1054, le Grand schisme acte la séparation entre l’Église d’Orient et celle d’Occident. 

Le concile de Latran I est le premier concile convoqué et dirigé par un pape (en l’occurrence, Calixte II). Il est aussi le premier à se dérouler à Rome. Il se concentre principalement sur la réforme grégorienne de l'Église catholique. Ce concile marque ainsi une étape importante dans le renforcement du pouvoir pontifical.

Latran II (1139) et Latran III (1179) continuent d’aborder la réforme ecclésiastique, notamment en renforçant la discipline cléricale (imposition du célibat sacerdotal, lutte contre les abus), l’autorité pontificale (condamnation des antipapes) et en structurant l'élection pontificale. 

Le concile du Latran IV (1215), l'un des conciles les plus influents du Moyen Âge, introduit d'importantes réformes et doctrines dans l'Église catholique. Il permet notamment d’instaurer l'obligation de la confession annuelle et de la communion pour les laïcs, et définit la doctrine des sept sacrements. Il joue également un rôle clé dans la lutte contre les hérésies (comme les cathares).

Les deux conciles de Lyon (1245 et 1274), quant à eux, traitent surtout de questions politiques. Lyon I excommunie l'empereur Frédéric II et appelle à une nouvelle croisade, tandis que Lyon II fournit des efforts importants, quoique finalement infructueux, pour réconcilier l'Église catholique avec les Églises orthodoxes. 

Le concile de Vienne (1311-1312) est convoqué principalement pour traiter de la dissolution de l'Ordre des Templiers, officiellement supprimée sous la pression du roi de France. 

Celui de Constance (1414-1418) tente de résoudre le Grand Schisme d'Occident en éliminant les trois papes rivaux et en élisant Martin V, rétablissant ainsi l'unité sous une seule autorité papale. Il condamne également les hérésies de John Wyclif et Jan Hus.

Le concile de Florence (1438-1445), initialement commencé à Bâle, est marqué par des efforts importants pour réconcilier l'Église catholique avec les Églises orthodoxes, aboutissant à des accords de courte durée sur des questions doctrinales clés, bien que ces accords aient été rejetés par la majorité des chrétiens orthodoxes.

Le concile de Trente (1545-1563) est, quant à lui, crucial dans la Contre-Réforme, en réaffirmant les doctrines catholiques face à la Réforme protestante et en réformant la discipline ecclésiastique (réforme du clergé et de la liturgie).

Enfin, Vatican I (1869-1870) est célèbre pour avoir défini la doctrine de l'infaillibilité papale, affirmant que le pape est infaillible lorsqu'il proclame, ex cathedra, des doctrines concernant la foi ou les mœurs. Il souligne également l'autorité et la primauté du pape sur l'Église catholique, renforçant ainsi la centralisation du pouvoir ecclésiastique.


Le dernier concile œcuménique 

Le dernier concile œcuménique en date est Vatican II. Celui s’est tenu entre 1962 et 1965, et il marque un tournant pour l’Église qui entre pleinement dans la modernité. Initié par le pape Jean XXIII, ce concile introduit des réformes majeures dans la liturgie (notamment l'utilisation des langues vernaculaires lors des messes) et encourage une plus grande implication des laïcs dans l'Église. Il adopte également une approche plus ouverte et œcuménique envers les autres religions et confessions chrétiennes. Enfin, le concile Vatican II met l'accent sur la nature pastorale de l'Église, en modernisant ses enseignements.

 

Pour voir cette vidéo pour devez activer Javascript et éventuellement utiliser un navigateur web qui supporte la balise video HTML5