« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » Jésus, dans la prière du Notre Père qu’il enseigne à ses apôtres, délivre une des valeurs fondamentales du christianisme : le pardon. Que signifie-t-il ? Comment pardonner à celui qui nous a fait du mal ?
Qu’est-ce que le pardon ?
Alors qu’il vient d’être mis sur la croix, Jésus prononce les mots suivants : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34). Le Christ souffrant implore Dieu de sa miséricorde envers ses bourreaux. Mais comment peut-il pardonner l’impardonnable ? Jésus montre à ses fidèles un chemin de conversion qui réconcilie le pécheur à Dieu, même lorsqu’est commis l’irréparable. Les tablettes de la foi – Le pardon
Le pardon, dans l’enseignement chrétien, est un acte d’amour qui se vit dans la grâce infinie de Dieu. En effet, Dieu a envoyé son propre fils, Jésus, pour nous sauver et nous libérer du péché. Il montre ainsi, par sa grâce et son amour infini pour l’humanité, que tout pécheur est susceptible d’être pardonné.
Le pardon dans les Évangiles
Dans les Évangiles, plusieurs passages évoquent la notion du pardon. Nous vous proposons d’en revisiter trois.
La parabole du Fils prodigue (Luc 15, 11-32)
Jésus raconte qu’un homme a deux fils et que son cadet, ayant réclamé sa part d’héritage, s’éloigne et part découvrir le monde. Il se retrouve vite à court d’argent et se fait embaucher auprès d’un propriétaire terrien, très dur. Il se met alors à avoir des regrets et décide de retourner chez son père. Conscient des torts qu’il a causés, il dit à ce dernier « Mon père, j’ai péché contre Dieu et contre toi, je ne mérite plus d’être considéré comme ton fils… » Mais le père, qui n’a jamais cessé de l’aimer et de l’attendre, trop heureux du retour de son cadet, s’exclame « Nous allons faire un grand festin et nous réjouir, car voici, mon fils était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et je l’ai retrouvé. »
Cette parabole illustre l’amour infini du Père pour ses enfants et célèbre le retour de ces derniers, lorsqu’ils reconnaissent le lien primordial, originel, qui les unit à Dieu. La parabole du Fils prodigue enseigne la réconciliation qui prévaut toujours chez ceux qui réparent en conscience leur relation à Dieu.
Jésus et la femme adultère (Jean 8, 1-11)
Dans cet épisode de l’Évangile selon Luc, des Pharisiens et des scribes amènent une femme accusée d’adultère devant Jésus et demandent si celle-ci doit, selon la loi, être lapidée ou non. Jésus leur répond « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre. »
Ici, Jésus fait appel à la conscience de chacun. Il dénonce l’hypocrisie des accusateurs et leur prétention à exercer eux-mêmes la justice de Dieu. Pour Jésus, le péché n’est pas synonyme d’infraction à la loi ou de faute commise entre les hommes. C'est une rupture d’amour, envers Dieu et envers les autres. Il appelle ainsi ces personnes à sortir de leur colère et à adopter un regard de miséricorde pour ceux qui ont pu faire du mal. Il montre qu’un avenir est encore possible à partir du moment où, conscient du tort commis et des erreurs passées, la puissance du lien est reconnue et retrouvée.
Les tablettes de la foi – Le péché
Pardonner jusqu’à soixante-dix fois sept fois (Matthieu 18, 21-22)
« Alors Pierre s’approcha de Jésus et lui demanda : Seigneur, si mon frère se rend coupable à mon égard, combien de fois devrai-je lui pardonner ? Irai-je jusqu’à sept fois ? – Non, lui répondit Jésus, je ne te dis pas d’aller jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. »
Combien de fois pouvons-nous pardonner ? Jésus répond soixante-dix-sept fois, soit dans la symbolique biblique, à l’infini ! En effet, le chiffre 7 évoque dans la Bible l’idée de perfection, donc Dieu. Pardonner soixante-dix fois sept fois, c'est donc établir l’acte du pardon comme quelque chose de divin et d’infini. Dieu nous accueille et nous aime inconditionnellement : nous devons faire de même, entre nous. Nous devons accepter l’autre dans tout ce qu’il est, dans ce qu’il fait de bien mais aussi dans ce qu’il fait de mal. Là réside tout le sens de l’amour et du pardon chrétien.
Le pardon peut ainsi être considéré comme un chemin qui nous ramène dans la relation à Dieu et à l’autre. Le donner ou l’obtenir suppose un élan d’amour, une reconnaissance avec humilité de son humanité dans toutes ses dimensions, et recèle d’un certain pouvoir de réparation d’une relation qui a été brisée. Le pardon, qui se vit dans l’Église par le sacrement de la réconciliation, est donc une invitation à communier de nouveau avec Dieu et avec nos frères.
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