Par Laurent Adiceam Dixit - Modifié le 31/03/2022

Qu'est-ce que la Vigile (ou veillée) pascale ?

Point d’impact du mystère ! Jésus est mort, mis au tombeau, il s’est offert en sacrifice en souffrant sur la croix pour les hommes. Ce soir, au climax de ce temps, la lumière défait les ténèbres. Fête par excellence, la Vigile pascale (nuit du samedi au dimanche se terminant aux premières lueurs de l’aube) éblouit toute la chrétienté par la résurrection de Jésus Christ et non pas sa réincarnation comme il pourrait sembler. 

Au cours de cette veillée, charnière d’un jour nouveau et triomphant, le croyant reçoit le feu. Ce feu sacré palpite en lui comme à sa naissance, au baptême reçu et ce, jusqu’à sa fin. Destiné à suivre Jésus en apôtre de Dieu, le chrétien sera « renouvelé » après sa mort en vertu de la promesse divine.
 

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Vigile pascale : Une nouvelle naissance 

Origines historiques de la veillée pascale

Étymologie

"Veillée" provient du latin vigilia, qui signifie "rester éveillé", "ne pas dormir". "Pascale" vient de l’hébreu Pessah, qui indique un “passage” et qui rappelle la fête juive commémorant la libération des esclaves hébreux d’Egypte par le passage de la Mer des Joncs. Jésus a célébré la Pâque juive avec ses disciples avant de mourir, événement que les chrétiens commémorent dans chaque eucharistie.
 

Dans l'Antiquité tardive

Au IVe siècle, Pâques est une fête centrale pour les chrétiens. Elle est marquée solennellement par une veillée, que l’on appelle "Vigile pascale" ou "Vigile de Pâques" et qui symbolise Jésus ressuscité. Cette célébration est l’aboutissement du « Triduum Pascal » qui  conclut la Semaine sainte. Elle comprend le Jeudi saint (messe de la Cène), le Vendredi saint (commémoration de la mort du Christ) et le Samedi saint (commémoration du temps qu’il a passé au tombeau jusqu’au dimanche, fête de sa résurrection).

À partir du IVe siècle, après que Sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, ait redécouvert le Calvaire et le Saint-Sépulcre à Jérusalem, la veillée pascale y perd de son importance à cause de fidèles qui revivent les derniers jours de la vie du Christ par des scènes vivantes comme la procession des rameaux, la Passion et l’adoration de la croix au Golgotha. À Rome par contre, les commémorations sont plus intériorisées : temps de prières, chants, lectures bibliques, sans oublier la célébration du dernier repas du Seigneur. Progressivement, Rome imite Jérusalem dans ses rites plus extérieurs.


Restauration de la veillée pascale

À la fin du Moyen-Âge, la nuit pascale commence le Samedi saint en matinée, une pré-célébration du dimanche de Pâques. Quelques siècles plus tard, le 9 février 1951, le pape Pie XII, réformateur, promulgue le Dominicae Resurrectionis vigiliam afin de revivifier chez les fidèles le sens de la vigile pascale. Il restaure les coutumes liturgiques comme aux premiers siècles de la chrétienté.

Ainsi, de nos jours, à partir de 21h-22h, la Vigile pascale prend place au coeur d’une nuit fragile, évocatrice de la mort et des profondeurs infernales. Sans peur, le chrétien attend de voir resurgir le Christ glorieux, victorieux des enfers, symbolisé par le cierge ou le feu pascal flambant au-dehors. Chaque chrétien transmet la flamme à un autre par un cierge, tel un véritable passeur de vie qui a vaincu le mal et mis fin aux désespérances par la Lumière du monde, le Dieu Sauveur.  


Célébration et signification de la Vigile pascale

De l’ombre à la lumière réside le mystère de l’Alpha et de l’Oméga. C’est pourquoi la foi est mise à rude épreuve à travers le supplice de la croix, une occasion pour tout chrétien confirmé de réaffirmer sa foi en Dieu et dans son enseignement. D’ailleurs, cette nuit est propice aux baptêmes de nouveaux nés mais aussi aux catéchumènes, les futurs baptisés invités à renaître.

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Après le jeûne qui précède la veillée, un temps fort de méditation est proposé et peut rappeler qu’à la mort de Jésus, la Terre fut plongée dans les ténèbres pendant trois heures, nous disent les textes. Cette nuit, toutes les allégories de l’eau, du feu, de la lumière, du pain et du vin prennent doublement sens dans la vie chrétienne en se rejoignant dans les liturgies de la parole, du baptême et de l’eucharistie.

Gardant le rite de l’aspersion, les croyants sont aspergés d’eau par des rameaux verts en mémoire de leur baptême signé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ils se préparent ainsi au passage vers la réalité nouvelle qui les attend. Les nouveaux adultes baptisés, comme au IVe siècle au long de la « semaine in albis » (semaine en blanc), sont initiés aux mystères de Jésus dans une dimension eschatologique. Cette veillée est l’accomplissement de leur amour au Christ ; ils y sont sanctifiés par le saint chrême, réelle présence de l’Esprit-Saint et pour la première fois, ils vont goûter au corps du Christ (pain) et au sang du Christ (vin) par la communion.

C’est toute sa vie que le chrétien est invité à manifester sa volonté de suivre Jésus-Christ et d’être fidèle aux commandements. La veillée est là pour le lui rappeler. L’espérance des disciples naît de la rencontre avec Jésus vivant le matin de Pâques, c’est à partir de là que débute la longue route de la foi, de l’évangélisation et du christianisme.
 

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