Voici la météo de ce grand jour de solennité : avis de grand vent au Cénacle. Marie et les apôtres sont assis, là, tétanisés par la peur. Leur bien aimé vient d’être livré, puis supprimé. Pendant les 50 jours qui suivront le soir de Pâques, Jésus va leur apparaître, plusieurs fois. Avec pédagogie, il va les préparer à passer de la tristesse à la joie, de la peur à l’audace. Ils vont vivre l’ascension.

Et voilà que, toutes portes closes, le Christ est au milieu d’eux, ressuscité. Le souffle de Dieu, l’Esprit saint, l’Esprit de Jésus et de son Père, les fait se lever. Premier dynamisme de l’Eglise tout juste naissante. Sur les ruines de la mort, l’Eglise nait. Le Christ avait dit : « Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai ! » Quand tout s’écroule, le Ressuscité apparaît. Mes frères détenus, mais aussi leurs victimes, le vivent souvent quand, alors que pour eux tout était anéanti, ils se relèvent. 

Pentecôte, c’est-à-dire 50 jours, pour déployer dans le cœur des fidèles l’Esprit du Ressuscité.

A la première création, l’Esprit créateur avait soufflé en séparant, le haut du bas, la terre de l’eau, la lumière des ténèbres. Il planait sur le chaos primordial, et la Parole de Dieu avait surgi pour engendrer la vie de Dieu. A la création nouvelle, suspendu au sommet d’une croix, là où la mort dominait, Jésus remet à chacun de nous son souffle : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit. » L’Esprit de Jésus inaugure le premier jour de la nouvelle création de Dieu, notre Eglise, constituée des amis du Ressuscité. Tout peut renaître.

Là où nos portes sont verrouillées, il nous déplace et nous aspire, ce vent parfois fort comme l’amour, ce souffle pourtant si discret et fragile, comme pour bien respecter notre liberté.

Là où nos portes sont verrouillées, il est au milieu de nous. Il nous montre les marques de sa passion, ses blessures, et atteste ainsi que sa vie donnée par amour, refusée par ceux qui font le mal, cette vie est plus forte que la haine et la mort. Et cela se voit quand nous donnons aux autres le meilleur de nous-mêmes.
Là où nous sommes enfermés, Jésus nous dit : « La paix soit avec vous ». Dans toutes nos réalités, les plus dures ou les plus belles soient-elles, la paix nous est donnée. Dans nos familles, dans notre monde et dans le secret de nos cœurs. Et elle nous est donnée à faire. C’est notre responsabilité.

Là où nos portes sont verrouillées, nous étions esclaves de nos idéologies et de nos peurs, l'Esprit Saint nous les ouvre maintenant pour que nous devenons libres. Tous, sans exception. Libérés de tout retour sur nous-mêmes, il nous ouvre aux autres. Il nous envoie, animés par son souffle, avec la mission de les soulager de leurs peines, de leurs blessures et de respecter leurs différences. C’est notre mission.

Certains ne voudraient voir qu’une tête en réduisant tout à une seule manière de penser ; c’est ça, la tour de Babel. Après un XXe siècle terrible en tant de totalitarismes, nous savons combien le non-respect de la différence se transforme tôt ou tard en dictature, exclusion et mort.

Mais l’Esprit saint insuffle le respect de la langue, de la culture et de la manière d’être de chacun. Regardons notre belle assemblée si diverse, riche de nos différences et de nos charismes. Les langues de feu qui se partagent sont le dynamisme de cet Esprit saint donné à chacun en totalité, comme le pain eucharistique coupé en mille morceaux est reçu par chacun dans la totalité du don du Christ.

Le feu d’amour de l’Esprit, rouge comme ces vitraux, nous embrase de la présence de Dieu, tel un buisson ardent. Et sans nous consumer. Est-ce que ça brule en nous ? Comme ces nouveaux vitraux viennent illuminer notre communauté pour déployer en nous des énergies nouvelles, laissons l'Esprit saint traverser nos existences, pour que nous soyons rayonnants de cet Esprit. Est-ce que ça rayonne en nous ?

Chaque jour, je médite la Parole de Dieu pour devenir parole de Dieu pour d’autres. Non plus en hébreu, en grec ou en latin ! Mais avec la langue de l’amour, du respect, de la miséricorde. Ce langage-là, il est universel. Chacun peut le comprendre dans sa propre langue. 

Je peux alors passer sur la rive de l'autre, communiquer avec sa langue, chanter, vivre et annoncer avec joie les merveilles de Dieu qui nous fait passer des ténèbres à son admirable lumière.

« N’ayez pas peur, dit Jésus, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Et Jésus ne ment pas : il fait ce qu’il dit !
 

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Les Tablettes de la foi - L'Esprit Saint

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