Par Julia Itel – Publié le 13/06/2023
L'histoire de l'arche de Noé, que l’on trouve dans le livre de la Genèse, raconte comment Noé et sa famille ont été sauvés du déluge grâce à l'arche qu'ils avaient construite selon les instructions de Dieu. En éradiquant volontairement la corruption régnant parmi les hommes, Dieu établit avec Noé une nouvelle alliance avec l'humanité, lavée de ses péchés.
Quelle est l’histoire de l’arche de Noé ?
L'histoire de l'arche de Noé est relatée dans le livre biblique de la Genèse (chapitres 6 à 9), dans l'Ancien Testament. Selon ce récit, l'humanité s'est éloignée de Dieu et est devenue corrompue. Voyant cela, Dieu, désolé et en colère, décide de punir les hommes. Dans un premier temps, il raccourcit le temps de longévité qu’il raccourcit à 120 ans. Constatant que cette punition ne suffit pas, Dieu opte pour une option plus radicale : il planifie la destruction du monde.
« Et l’Éternel dit : ‘’J’exterminerai de la face de la terre l’homme que j’ai créé, depuis l’homme jusqu'au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel ; car je me repens de les avoir faits’’. » (Gn 6, 7)
Seul Noé, un homme juste et intègre, trouve grâce aux yeux de Dieu. Noé est un descendant d’Adam. Son père, Lamek, indique que son fils « nous soulagera de nos labeurs et de la peine qu’impose à nos mains un sol maudit par le Seigneur. » (Gn 5, 29). En d’autres termes, il voit la naissance de Noé comme une consolation pour son peuple. Dieu révèle ainsi à Noé son plan de destruction et lui ordonne de construire une arche pour sauver sa famille, composée de son épouse, de ses trois fils et belles-filles, ainsi qu’un couple de chaque espèce animale. Afin de survivre au déluge, Dieu donne à Noé des instructions détaillées sur la construction de l'arche spécifiant sa taille, sa structure et son agencement.
Noé et sa famille se mettent à l'œuvre et construisent l'arche permettant d'accueillir toutes les espèces animales. Lorsque celle-ci est terminée, Dieu ordonne à Noé d'entrer dans l'arche avec sa famille et d'embarquer également les animaux. Une fois ceux-ci tous à bord, Dieu scelle la porte de l'arche.
Alors, le déluge commence et la pluie tombe sur la terre pendant 40 jours et 40 nuits :
« Les eaux montèrent encore beaucoup, beaucoup sur la terre ; sous tous les cieux, toutes les hautes montagnes furent recouvertes. Les eaux étaient montées de quinze coudées au-dessus des montagnes qu’elles recouvraient. Alors expira tout être de chair, tout ce qui va et vient sur la terre : oiseaux, bestiaux, bêtes sauvages, tout ce qui foisonne sur la terre, et tous les hommes. […] il ne resta que Noé et ceux qui étaient avec lui dans l’arche. » (Gn 7, 19-23)
Une fois la pluie cessée et les eaux baissées, l’arche se pose sur le mont Ararat. Noé, ne sachant pas si les eaux se sont pleinement retirées, envoie d'abord un corbeau. S’il ne revient pas, c'est qu’il s’est posé quelque part. Mais celui-ci retourne sur l’arche. Noé envoie ensuite une colombe qui revient portant, dans son bec, un rameau d'olivier. Au bout de sept jours, la colombe est encore envoyée mais cette fois, elle ne revient plus. À présent, la terre est sèche.
Dieu ordonne à Noé et à sa famille de sortir de l’arche. Noé construit un autel et offre des animaux purs en sacrifice à Dieu afin de lui exprimer sa gratitude. Celui-ci reçoit les sacrifices avec gratitude et promet de ne plus jamais mettre en péril l’humanité tout entière. Alors, Dieu scelle son alliance avec l’homme sauvé des eaux en offrant un somptueux arc-en-ciel, symbole de l’alliance renouée après la rupture avec l’humanité et la création :
« Dieu dit encore : ‘’Voici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à jamais : je mets mon arc au milieu des nuages, pour qu’il soit le signe de l’alliance entre moi et la terre. Lorsque je rassemblerai les nuages au-dessus de la terre, et que l’arc apparaîtra au milieu des nuages, je me souviendrai de mon alliance qui est entre moi et vous, et tous les êtres vivants : les eaux ne se changeront plus en déluge pour détruire tout être de chair. L’arc sera au milieu des nuages, je le verrai et, alors, je me souviendrai de l’alliance éternelle entre Dieu et tout être vivant qui est sur la terre.’’ Dieu dit à Noé : ‘’Voilà le signe de l’alliance que j’ai établie entre moi et tout être de chair qui est sur la terre.’’ » (Gn 9, 12-17)
La Bible animée - Noé
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Le mythe du déluge
Un mythe mésopotamien
Le mythe du déluge n'est pas propre au récit biblique. En effet, les récits de déluge affluent dans les mythologies de nombreuses civilisations. Mais c'est principalement aux versions provenant de la mythologie mésopotamienne que l’histoire de l’arche de Noé ressemble le plus : le mythe sumérien d’Atrahasis, qui date du 17e siècle avant J.-C., et le récit d’Utanapisti trouvé dans l'Épopée de Gilgamesh (7e siècle avant J.-C.).
Les auteurs de l’Ancien Testament et, plus spécifiquement, du livre de la Genèse ont eu des contacts avec la culture mésopotamienne après la conquête d’Israël par les Assyriens et l’exil des Hébreux en Mésopotamie. Il est donc fort probable que ces derniers aient été imprégnés des mythes locaux et que l’on trouve les traces de cette influence dans la Bible.
Ces différents récits partagent plusieurs éléments communs comme la décision divine de détruire l’humanité en raison de sa corruption ou de son manque de respect envers les dieux (comme faire trop de bruit dans le cas sumérien), le choix de sauver un personnage vertueux en lui annonçant à l’avance la catastrophe prochaine et en lui donnant des instructions pour construire un bateau, l’embarcation de cette personne, de sa famille et des animaux, le déluge lui-même, et enfin la survie des passagers et le repeuplement de la terre.
Le mythe de la recréation du monde
Repose alors l’idée qu’après la destruction vient une deuxième création, un recommencement, incarné par l’individu juste et sa descendance. Protégé dans son arche, du latin arca (« coffre ») et qui symbolise le réceptacle d’une promesse de vie, Noé devient après Adam l’ancêtre de tout un peuple, le héros civilisateur. En effet, ses fils et leurs descendants, installés aux quatre coins du monde méditerranéen, réensemencent la terre d’une nouvelle lignée humaine.
Plus tard, Dieu demande à Moïse, un descendant de Noé, de construire l’arche d’alliance, un coffre en bois, permettant de contenir les Tables de la Loi. Ce coffre doit pouvoir être porté à dos d’homme afin qu’il puisse être déplacé aisément. Symboliquement, cette arche – comme celle de Noé – accompagne les hommes tout au long de leur chemin, à travers les générations.
Les tablettes de la foi : l’Alliance
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Le déluge a-t-il existé ?
La question de l'existence historique du déluge est un sujet débattu parmi les chercheurs et les experts. Du point de vue scientifique, il n'existe pas de preuves géologiques ou archéologiques solides soutenant l'idée d'un déluge mondial cataclysmique tel que décrit dans les récits bibliques et mythologiques.Cependant, il est possible que les récits du déluge aient été basés sur des événements locaux ou régionaux réels qui se sont produits dans différentes parties du monde et qui ont été amplifiés et mythifiés au fil du temps. Les inondations régionales importantes (les civilisations du Proche-Orient étaient souvent situées au bord de fleuves comme l’Euphrate et le Nil) qui étaient fréquentes dans certaines régions, ont pu inspirer ces histoires de déluges et laisser une trace dans la mémoire collective de ces différentes sociétés.
L’arche de Noé et le christianisme
Dans plusieurs passages du Nouveau Testament, un parallèle est créé entre le déluge et la venue de Jésus, comme dans l’évangile selon Matthieu : « Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme. En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme. » (24, 37-39).L’arche, sauvant à son bord Noé et sa famille, symbolise le baptême qui purifie et sauve les hommes du péché. Dans la première lettre de saint Pierre, on peut lire : « Car le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit. C’est en lui qu’il est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité. Ceux-ci, jadis, avaient refusé d’obéir, au temps où se prolongeait la patience de Dieu, quand Noé construisit l’arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l’eau. C’était une figure du baptême qui vous sauve maintenant : le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ » (18-22)