Voici deux géants de l'Histoire de l'Église au 4e siècle, en Cappadoce (Turquie). Deux amis, fort différents de tempéraments mais devenant complémentaires. Ils tenaient ferme les deux bouts de la chaîne de l'Amour : contempler la Sainte Trinité et servir les pauvres et les petits, icônes du Dieu vivant.

Basile le grand (329-379) s'imposera par ses dons d'évêque organisateur et de législateur des moines d'Orient. Grégoire de Nazianze (329-390) est un poète contemplatif, orateur persuasif : on l'appela le Démosthène chrétien. Brillants étudiants à Athènes, promis à une belle carrière de rhéteurs, ils quittent tout pour se faire moines en Cappadoce mais ils seront nommés évêques ! Ils le seront de manière contrastée et prophétique.

L'intrépide Basile, évêque de Césarée (aujourd'hui Kayseri en Turquie), veille à l'intégrité de la doctrine héritée du Concile de Nicée (325). Il s'acharne à reconstruire l'unité de l'Église déchirée en courants contraires. Défenseur de la Foi trinitaire et de la divinité du Saint Esprit. Pasteur infatigable, homme d'action sociale, il intervient avec vigueur auprès du pouvoir impérial pour réduire les impôts et les injustices qui écrasent les petites gens. Il réalise un important complexe d'assistance et de solidarité, en rappelant aux riches que "Posséder plus que nécessaire, c'est voler les pauvres".

Grégoire le spirituel, propulsé évêque de Constantinople sans y être préparé, se trouve confronté au pouvoir impérial byzantin. Théologien et liturgiste d'extrême sensibilité, il devient "le père des humbles et des petits, les préférés du Christ". Il rejoint ainsi l'action pastorale de son ami Basile mais sans montrer la même énergie. Ne pouvant surmonter les oppositions dressées contre lui par la Cour impériale, Grégoire démissionne après deux ans d'épiscopat pour retrouver sa solitude studieuse de Cappadoce. On l'appellera le théologien : celui qui peut et sait parler de Dieu avec intelligence et coeur.

Le prénom Basile vient du grec basileus : "roi" ; le titre Basileus était porté par les empereurs de l'empire Byzantin. Grégoire signifie en grec "veiller" (egregorein).