On a dit que nul saint ne fut et reste aussi populaire en Bretagne que saint Hervé, avec bien sûr saint Yves. Natif du pays du Léon (Finistère) qu'il ne quitta guère, il est le saint patron des bardes et des chanteurs ambulants. Son père était, dit-on, le barde Hyvarnion et sa mère, la belle et pure Rivanone. Né à Lanrioul en Plouzévédé, le jeune Hervé eut le malheur de perdre très tôt ses parents. Il partit se faire moine et trouva son minihy (ce terme, qui vient de monachia, signifie lieu de refuge ou asile) : un ermitage près de Lesneven, dans le Finistère. On rapportait que Hervé était né aveugle. Devenu ermite, il attira près de lui une foule de disciples illuminés par le rayonnement de ce voyant intérieur. Sa communauté, d'abord itinérante, parvint à se fixer et Hervé dut accepter le titre d'Abbé ; il refusa le sacerdoce par humilité.
Les traditions locales populaires ont brodé avec ferveur le florilège de saint Hervé. On le représente souvent en compagnie de son guide Guiharan et d'un loup qu'il aurait apprivoisé pour remplacer son âne disparu. Il faut sans doute tempérer ce folklore. Reste qu' il y a bien du saint François d'Assise en saint Hervé, auquel on attribua le merveilleux "Cantique du Paradis". Sa mémoire demeure très vivante dans tout l'ouest de la France, de Brest à Nantes. Ses reliques ont été partagées entre les églises de Louvigné-du-Désert, de Saint-Sauveur de Rennes et la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Son tombeau est vénéré en l'église de Lanhouarneau, dans le Finistère.
En étymologie celtique, Hervé a le sens de haer "fort" et ber "ardent".