Par Magali Michel
Parmi les sept sacrements, l’ordre perpétue la continuité apostolique. Ce sacrement consacre, au service de leurs frères, des hommes appelés à leur transmettre les dons de Dieu.
Sens et origine du sacrement de l’ordination
Après la Résurrection, le Christ donne à ses apôtres la mission d’aller baptiser dans toutes les nations. Ces apôtres ont été des témoins privilégiés de la vie du Christ avant d’être emplis de la force d’en-haut par le don de l’Esprit-Saint lors de la Pentecôte. Au milieu de ces apôtres se trouvait Simon, dit Pierre. Jésus l’a institué fondement de son Église. Cet homme simple et généreux, ancien pêcheur de Galilée a connu sa faiblesse lors de son triple reniement dans la nuit de la Passion. Mais après avoir obtenu de lui, comme en écho, une triple profession d’amour, le Christ Ressuscité le charge de veiller sur tout son troupeau. Ainsi l’Église est structurée par Pierre et les apôtres. À leurs tours, les apôtres vont transmettre par l’imposition des mains, la dignité de représentants du Christ à d’autres hommes. Et cette mission se prolonge à travers les siècles d’évêque en évêque, auxquels le sacrement de l’ordre confère la qualité de successeurs des apôtres. C’est ce qu’on appelle la succession apostolique, dont les évêques sont aujourd’hui les héritiers.
Les sacrements - L'ordination
Trois ordres
Diacre
Évêques et prêtres sont d’abord ordonnés diacres, c’est-à-dire serviteurs en grec. Le diaconat est le premier degré du sacrement de l’ordre. Le diacre rend présent Jésus humble serviteur des pauvres. Tout prêtre, tout évêque se rappelle qu’il a d’abord été diacre et qu’il le demeure. Le diaconat n’est pas forcément un préalable au sacerdoce. Certains hommes sont diacres permanents. Depuis le Concile Vatican II, des hommes, éventuellement mariés, reçoivent cette ordination. Il ne s’agit pas d’un « diplôme de chrétien super engagé » mais bien d’un appel à la diaconie, c’est-à-dire au service des pauvres et des petits.
Prêtre
Les prêtres sont les collaborateurs des évêques. Comme eux et sous leur autorité, ils rendent Jésus présent au sein des communautés dont ils ont la charge. Ils évangélisent par les sacrements qu’ils donnent. Ils guident la communauté chrétienne avec le souci de sa croissance et de son unité. Dans le sacrement de la réconciliation, Jésus se rend présent et pardonne à travers le prêtre. De même, il ne peut y avoir de messe sans prêtre. C’est par le prêtre que l’on reçoit l’eucharistie comme un don de Jésus.
Évêque
Par le sacrement de l’ordre, même à travers des hommes limités et pêcheurs, c’est la tendresse de Jésus qui se fait proche. Ainsi l’évêque rend-il présent Jésus aux chrétiens de son diocèse. À travers l’évêque, c’est Jésus lui-même qui guide, enseigne et communique ses forces vives dans le cœur des fidèles à travers les sacrements.
Qui peut recevoir le sacrement de l’ordre ?
À travers ses trois degrés, (épiscopat, presbytérat, diaconat), le sacrement de l’ordre est réservé aux hommes baptisés. Depuis ses origines, l’Église perpétue le geste du Christ qui a choisi des hommes comme apôtres. Les apôtres ont ensuite choisi des collaborateurs pour leur succéder dans la tâche apostolique. Le collège des évêques auquel est uni le collège presbytéral, le collège des prêtres dans le sacerdoce, actualise jusqu’au retour du Christ le collège des douze premiers apôtres. C’est pourquoi l’ordination des femmes n’est pas possible. Attention l’expression « entrer dans les ordres » ne signifie nullement que l’on reçoit le sacrement de l’ordre, mais que l’on fait profession religieuse. On entre alors dans un des grands ordres réguliers, c’est-à-dire soumis à une règle écrite. Cette vie religieuse n’est pas un sacrement mais un état de consécration à Dieu sous forme de vœux perpétuels de pauvreté, chasteté et obéissance que l’on nomme vœux de religion.
On est appelé par Dieu au sacrement de l’ordre. Aucun homme chrétien ne peut s’arroger cette charge. L’Église seule a autorité pour appeler quelqu’un à recevoir les ordres. Comme toute grâce, ce sacrement est un don immérité. Dans l’Église latine, tous les ministres ordonnés sont choisis parmi les hommes croyants célibataires et déterminés à le rester. Appelés à se consacrer sans partage à Dieu et à ses affaires, ils se donnent tout entiers au Christ et aux hommes. Seuls les diacres permanents peuvent être mariés quand ils accèdent à l’ordination.
Comment se déroule une ordination ?
La célébration de l’ordination d’un évêque, d’un prêtre ou d’un diacre a une grande importance. Elle a donc lieu de préférence un dimanche et à la cathédrale, siège de l’évêque. Le plus grand nombre possible de fidèles est convié à cet événement. L’ordination prend place au sein de l’eucharistie. Le rite essentiel du sacrement de l’ordre prévoit une imposition des mains, une prière consécratoire spécifique pour demander à Dieu l’effusion de l’Esprit-Saint et de ses dons.
D’autres rites annexes colorent les ordinations. Pour un évêque, une onction de saint-chrême signe la consécration spéciale par l’Esprit-Saint qui rend fécond le ministère. L’anneau et la crosse signifient respectivement la fidélité à l’Église, épouse du Christ et la charge pastorale, c’est-à-dire la charge de conduire en bon berger le troupeau du Seigneur. L’évêque est un berger. Les prêtres reçoivent l’étole et la chasuble, ainsi que le pain et le vin pour la messe, offrandes du peuple saint qu’il est appelé à présenter devant Dieu. Pour un diacre, la remise du livre des évangiles conforte sa mission d’annoncer l’Evangile du Christ. Il est aussi revêtu de l’étole et de la dalmatique.