La charmante chapelle de Saint-Fiacre, avec son plafond bleu et sa sobriété, accueillera la messe télévisée du 1er septembre, dans un écrin de verdure.

C’est un brin de chapelle en pays Bigouden. Miraculeuse, une fontaine coule à son chevet. Un lanterneau coiffe ce rectangle de granite percé de radieuse dentelle gothique posé à fleur de champ, à trois cents mètres de la mer. Bienvenue à la chapelle et la fontaine saint Fiacre, humbles joyaux d’architecture sacrée dans un Finistère plein de mystères. 

Situées sur la commune de Treffiagat, 2500 habitants, la chapelle et sa fontaine sont le rendez-vous perpétuel d’un « petit pardon ». Excusez-le du peu, depuis plus de trois siècles, les gens de cette campagne léchée par la mer s’y retrouvent chaque fin d’été, pour implorer la protection du secourable Fiacre. Et boire ou prélever un peu d’eau de sa fontaine longtemps fréquentée pour guérir de la coqueluche. 

Saint Fiacre, patron des jardiniers

Moine à scapulaire et capuchon, Fiacre a longtemps été un des pieux personnages les plus populaires de France. Spécialiste des fics, des tumeurs en forme de figue, des hémorroïdes appelées « le mal de saint Fiacre », des chancres et des cancers, la secourable réputation de ce moine irlandais remonte au haut Moyen Âge. Sur un des vitraux de la petite chapelle de Treffiagat, Fiacre est représenté un livre dans une main, une bêche dans l’autre. Fiacre est également le patron des jardiniers. 

« Que la messe télévisée vienne à deux pas de chez moi ? Sûr que j’étais contente ! », s’exclame Jeanne T. Cette « vraie bigoudène de 77 ans » veille sur la chapelle avec mari et association de sauvegarde. « La première mise au courant par un coup de téléphone du père Armand », c’est elle qui ouvre et ferme l’édifice durant l’été. Ici, la population triple aux beaux jours. Près des stations balnéaires, les estivants apprécient les charmes d’un territoire terre-mer : la campagne au pays des langoustines, ces délicieuses demoiselles de Loctudy.
 
Domicilié à 15 kilomètres de là, à Pont L’Abbé, Armand Guezingar, est curé de ND de la Joie en pays bigouden. « La chapelle saint Fiacre, il n’a pas encore vraiment eu le loisir de s’y attarder car ce finistérien natif de la pointe du Raz ne navigue pas moins entre 17 communes comportant au total 43 églises et chapelles réunies sous le pavillon paroissial de ND de la Joie ! À ses côtés, Yvette L. est l’un des quatre délégués pastoraux dont la paroisse s’est dotée pour servir ses quatre communautés locales. 

En charge des communes de Treffiagat, Guilvinec, Léchiagat et Plomeur, cette bretonne d’adoption a été mêlée d’emblée aux préparatifs du jour où son « curé partageur » est venu la chercher « pour aller voir ensemble la chapelle de Saint Fiacre aux abords de laquelle une messe télévisée de plein air sera retransmise à l’occasion du pardon de saint Fiacre ». Déléguée pastorale pour la septième et dernière année, Yvette se réjouit de « terminer en beauté avec la messe télévisée ». 

Saint Fiacre, un pardon fleuri

À Treffiagat, le pardon de saint Fiacre, c’est le jour où la chapelle éponyme est la plus fleurie ! Chaque fin d’été, les gens y arrivent avec des brassées de fleurs jaunes et orangées. Sous la voûte bleue en coque de navire retournée, le jaune des tournesols et des marguerites d’automne, « ça flashe » ! L’antique tradition de prière pour la terre et la mer « fait sens à l’heure où l’on parle tellement de dérèglement climatique », souligne une fidèle. 

Les Bretons se tournent vers saint Fiacre depuis longtemps avec des gestes symboliques. À une époque, les marins venaient balayer la chapelle et jeter la poussière du côté où ils voulaient que le vent souffle. C’était leur manière de demander un vent favorable. En période de sécheresse persistante, c’étaient les paysannes qui balayaient le sol en respectant un axe d’où la pluie devait arriver.  

« On voit souvent au pardon des gens qui ne viennent pas les autres dimanches », commente Catherine S. qui planche sur l’animation liturgique. Fidèle au pardon depuis plus de 22 ans, la musicienne aime ce moment qui rassemble. Chaque année, après avoir chanté en breton « avec beaucoup de foi » le cantik sant Fiakr, le pardon se prolonge autour d’un pot de l’amitié servi sur un muret. « Et ça discute ! »

Magali Michel