Shanti : l’école de la dette raconte l’histoire de Shanti, 15 ans, indien du Pendjab. Ses parents ont contracté une dette de 13 000 euros pour payer un passeur chargé de l’amener à Paris. Une pratique courante dans les pays d’Afrique, d’Asie ou d’Europe de l’Est. Quelques jours seulement après son arrivée, Shanti est repéré par Zubair, un éducateur de l’association « Enfants du monde – droits de l’homme », lui aussi originaire du Pendjab. Il l’emmène dans un foyer pour mineurs isolés étrangers.
L’enfant est traumatisé. Il faudra plusieurs semaines à l’éducateur pour le mettre en confiance. Au pays on lui a donné comme instruction de dire, une fois en France, qu’il veut aller à l’école. Dans la stratégie des passeurs cela veut dire se faire ramasser par les services sociaux et ainsi bénéficier de la protection qui, selon la loi, est due à tout mineur en danger.
Une fois installé en France, le jeune peut alors, à sa majorité, travailler pour rembourser sa dette. Mais Shanti n’a que 15 ans, il souffre de la solitude et se sent incapable d’assumer une telle mission. Présenté devant le juge des mineurs, il est placé dans un foyer. A charge pour lui de prouver qu’il est capable de s’intégrer en France sinon il sera renvoyé et subira la honte de l’échec.
De Paris au Pendjab en Inde, l’enquête de plusieurs mois démonte les mécanismes de l’immigration clandestine des mineurs : traite, clandestinité, dette, réseau, génèrent silence, mensonge, détresse. Une note d’espoir : en Inde, des ONG locales commencent à lutter contre ce phénomène migratoire par la prévention.
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Grand reporter et journaliste, Hubert Dubois est aussi auteur-réalisateur. Avec L’enfant marchandise, il signe un film en deux volets sur un problème de société international : les réseaux d’immigration de jeunes du Tiers-Monde qui les conduisent soit au travail forcé soit à la prostitution.