Dominicain, Raymond Pichard a mis sa vocation religieuse au service de l’évangélisation à la télévision. En un temps où la France se déchristianise, il investit cette innovation technologique au service de l’annonce de l’Evangile. Homme de radio, fin des années 80, il a enregistré son histoire sur des bandes audio retrouvées dans les archives du Jour du Seigneur. Le film retrace à la première personne l’histoire d’une vie qui l’a vu naître en pays d’Auge en 1913 et mourir, seul, en 1992 à l’hôpital de Caen.
Après son séminaire chez les Carmes, Raymond Pichard est ordonné prêtre en 1939. Séduit par les qualités intellectuelles des frères dominicains, il entre dans leur ordre. C’est à Alger où il est mobilisé qu’il rencontre le P. Roguet, dominicain, animateur d’une émission sur Radio Paris. Il devient son assistant et réalise en 1944 son premier reportage. Mettre la technologie au service de la culture de la foi est déjà son objectif. Amoureux du cinéma, il s’essaie à la critique cinématographique mais se heurte à la censure de la Centrale catholique du Cinéma. En 1950, il fonde avec le Père Damien Avril le magazine Radio, Cinéma, Télévision – qui deviendra Télérama, espérant sans succès que l’Eglise change son regard sur le cinéma.
Par l’entremise de Mgr Rodhain qui l’amène aux studios de Cognac-Jay, il découvre la télévision qu’il veut mettre au service de l’unité chrétienne. Le 24 décembre 1948, la première émission hors des studios de la télévision française est réalisée à la cathédrale Notre-Dame de Paris : c’est la première messe “télévisionnée” de l’histoire. En échange de l’installation d’un émetteur au Vatican, Raymond Pichard obtient de Jean d’Arcy la création d’une émission hebdomadaire de 90 minutes. A partir du 9 octobre 1949, tous les dimanches à 17h30, un programme catholique est diffusé composé de la messe, des actualités, d’une initiation à la liturgie, à l’histoire de l’Eglise, à la vie des missions. Ainsi naît en 1954 Le Jour du Seigneur.
Pour la formation et l’information des chrétiens, l’Eglise a besoin de films. Raymond Pichard fonde Les Productions du Parvis pour produire des documentaires qui le mène de Rome au Rwanda faisant appel à de grands réalisateurs de l’époque comme Georges Rouquier et Philippe Agostini. Dès 1976, les frères dominicains prennent la direction de l’émission, encore à l’antenne 70 ans après.
Construit à partir d’images d’archives illustrant le récit de Pichard, le documentaire retrace ses parcours médiatiques dont il a croisé les expertises afin de renouveler le regard de l’Église sur l’image au cinéma et à la télévision. Un engagement audacieux qui l’a souvent conduit en marge du monde catholique de l’époque.
Une production : CFRT