La mythique émission radiophonique Radioscopie a fêté en 2018 le 50e anniversaire de sa naissance.
Derrière le micro, le journaliste et écrivain Jacques Chancel (1928-2014). Il anime l’émission quotidienne Radioscopie sur France Inter de 1968 à 1982, puis de 1988 à 1990, soit 6800 numéros. Il s’entretenait pendant une heure sans interruption avec des invités, personnalités de tous horizons de l’époque parmi les plus grands penseurs, dont il cherchait à “accoucher les âmes”.
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En 1993, avec Bertrand Révillon, Jacques Chancel se retrouve intervieweur interviewé. De son parcours, il dit qu’il a eu de la chance mais qu’il y a mis beaucoup de coeur pour parvenir à cette réussite. Avant d’être journaliste, il a voulu faire l’école “santé naval” qui conjuguait ses deux passions : soigner et voyager.
La séquence actualité porte sur les assassinats en Algérie, actualité que Jacques Chancel commente sur les images des manifestants à Alger : c’est la foi violée, le Livre assassiné car le Coran n’a jamais enseigné cela. C’est à ce propos que Jacques Chancel parle de sa foi catholique qu’il a hérité de part sa naissance. A Jérusalem où il vient prier devant le Mur des lamentations, entouré de la mosquée d’Omar des musulmans et du saint Sépulcre des chrétiens, il vit une expérience unique.
La question de Marcel Jullian : il demande à Jacques Chancel, son ami, pourquoi il croit. Il répond qu’il ne se pose pas la question de peur de perdre la foi qu’il a reçue au berceau, un cadeau. “La foi, dit-il, pourrait se manifester dans des actes de courage plutôt que dans des habitudes”. Aujourd’hui, il y a la Yougoslavie mais on ne fait rien comme du temps du nazisme. Et Dieu dans tout ça ? Une question qu’il n’a jamais lui-même posé dans ses émissions. A cette question, il trouve que Pourquoi la souffrance ? serait plus importante. Il regrette que beaucoup de personnes vivent dans leur zone de confort. Lui ne voit pas pourquoi il s’habituerait à sa religion, il se considère comme toujours en marche dans la foi car il se pose des questions : Pourquoi est-il né dans la religion catholique ? Pourquoi continue-t-il à croire, malgré tout ? Pourquoi n’est-il pas furieux après tout ce qui s’est passé ? “Si les gens voyageaient un peu plus, si les gens regardaient un peu plus les autres et parlaient un peu moins d’eux, je crois qu’ils seraient plus au fait des événements.”
Il aime entrer dans les églises mais vides. Il aime la solitude alors même qu’il est une personne publique. Il est fasciné par les moines et aime se retirer dans des monastères pendant quelques jours. Avoir la foi pour lui, c’est être continuellement en route, à l’éveil. Il préfère le doute aux habitudes. Il donne l’exemple du divorce. Pour lui, il ne faut pas confondre l’habitude et la fidélité. Il confesse en résumé être davantage un homme de foi qu’un homme de religion.
Jacques Chancel a invité son ami Mgr André Lacrampe, évêque de la Mission de France, dont les pères étaient amis. Ils viennent de villages voisins dans les Pyrénées. Mgr Lacrampe partage avec Jacques Chancel la dimension de quête et de recherche dans la foi, l’importance du dialogue interreligieux. Il répond à Jacques Chancel interloqué de la réponse du Pape Jean-Paul II à propos de l’usage du préservatif en Afrique : des interventions de l’Eglise ne sont pas comprises, dérangent et interrogent. Ils appellent tous les deux à pouvoir laisser exprimer ce qu’il y a de plus profond en l’être humain. Mgr Lacrampe appelle à une foi qui se traduise dans des gestes d’amour et de générosité.
Ils terminent l’émission en chantant Se Canto.