Ce cantique vient du texte de l’Évangile de Luc (Lc 1, 46-55). Nous ne le retrouvons nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament. Il est le premier de 4 cantiques des récits de l’enfance que Luc inscrit dans son Evangile :
Le Magnificat,
le cantique de Zacharie (1, 68-79 ‘Benedictus’),
le cantique des anges (2,14 ‘Gloria’)
le cantique de Syméon (2,29-35 ‘Nunc dimitis’).
Luc compose ici un magnifique bouquet à partir de nombreuses images et références de l’Ancien Testament pour les mettre dans la bouche de Marie :
Le cantique d'Anne (1S 2:1-10) en premier chef, mais aussi la Genèse, le Deutéronome, le Siracide, Ésaïe, Habaquq, Malachie, Job, Ézéchiel, et surtout les Psaumes (Ps 34:3-4 ; 35:9 ; 44:4-6 ; 71:17-19 ; 111:9 ; etc.) ».
Ainsi Marie récapitule toute l’espérance du Peuple de la première Alliance qui s’accomplie :
Mon âme exalte le Seigneur,
Exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles : Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël, son serviteur ; il se souvient de son amour,
De la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et de sa race, à jamais.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit,
Maintenant et à jamais, dans les siècles des siècles. Amen.
Ainsi cette prière est une formidable action de grâce devant l’oeuvre de Dieu qui s’accomplit en Jésus. A la suite de Marie, l’Eglise reprend ce chant de louange et l’inscrit pour dans la prière des vêpres (office du soir).
Pour finir, nous vous partageons ces mots du théologien et résistant de la seconde guerre mondial mort dans une prison allemande, Dietrich Bonhoeffer :
« Ce cantique de Marie est le plus passionné, le plus sauvage, on pourrait presque dire le cantique de l'Avent le plus révolutionnaire qui ait jamais été chanté. Ce n'est pas la douce, tendre, rêveuse Marie comme on la voit sur les images, c'est la femme passionnée, emportée, fière, enthousiaste qui parle ici... Un chant dur, fort, implacable de trônes écroulés et de puissants humiliés, de violence de Dieu et d'impuissance humaine. »
Faisons nôtre l’exultation de l’humble fille de Nazareth, qui reçoit sa dignité, sa joie et sa force du Seigneur des vivants !