Fondé par le bienheureux Gérard au XIème siècle, l’ordre des hospitaliers de St-Jean, à l’origine un ordre errant, est la première institution hospitalière caritative. L’ordre s’occupe des personnes étrangères arrivant à Jérusalem blessées, démunies et malades. Contraints à quitter la Terre sainte, il se replie à Rhodes d’où Soliman le Magnifique le chasse pour Malte en 1530. Les hospitaliers se font alors soldats pour protéger les malades et construisent un hôpital : la sacrée infirmerie à la Valette, principal hôpital des chevaliers, pouvait accueillir 500 à 900 malades, à raison d’un malade par lit (contre 8 à l’hôtel Dieu!). Mais ils doivent quitter Malte, chassés cette fois par Bonaparte en route pour l ‘Egypte en 1798.
L’ordre de Malte a conservé sa souveraineté: le Palais magistral à Rome abrite le plus petit état du monde, reconnu par les autres états. L’ordre finance ses actions grâce à la générosité des donateurs et par les cotisations des chevaliers qui s’élèvent à 2500 euros par an. La croix à huit branches est le symbole des 13000 chevaliers dans le monde, présents dans 120 pays, pour qui la dignité de l’homme est au cœur de leurs activités.
Nous assistons à la cérémonie de réception des nouveaux chevaliers français qui se déroule dans la salle des croisades du château de Versailles et s’achève à la chapelle royale, en présence du grand chancelier de la légion d’honneur. Pour devenir chevalier, il fallait payer autrefois un droit d’entrée, le « passaggio », que ce soit de l’argent, des terres ou un tableau comme ce fut le cas pour le Caravage. Aujourd’hui, les membres partagent la foi en la tradition de l ’ ordre et une noblesse de cœur : ils vivent leur foi dans la charité envers le prochain, dans la compassion pour les personnes qui souffrent. Selon le message de l’Evangile ils aident les pauvres et les malades, appelés « nos seigneurs les malades ». Le Grand maître avait d’ailleurs l’obligation de se dépouiller des insignes de sa puissance pour aller soigner les malades, car se pencher sur les malades, c’est le signe du Christ lui-même. Les associations nationales développent des œuvres charitables ou humanitaires.
Le réalisateur a suivi des membres de l’Ordre de Malte dans leurs actions de charité. A Trappes, épaulés par les « Motards chrétiens », ils permettent à des handicapés de rouler à moto ou en side-cars. En banlieue parisienne, des bénévoles du Samu social et du Samu social médicalisé, dont l’Ordre de Malte est co-fondateur, vont à la rencontre de personnes vivant dans la rue, isolées, auxquelles plus personne n ’ adresse la parole. Au “Fleuron St Michel”, centre d’hébergement et de réinsertion, les passagers de la péniche apprécient de retrouver le sens du dialogue avec autrui. Pour les bénévoles, il s’agit de remettre l’homme debout. Au Cameroun, à l’hôpital Saint-Jean de Malte de Njombe, les médecins accueillent une population rurale pauvre, qui n’a pas de caution à payer pour se faire soigner comme dans les hôpitaux de Douala. Enfin, la Maison St Jean de Malte à Paris accueille des polyhandicapés adultes qui peuvent communiquer grâce à la patience des ergothérapeutes.
Le Souverain conseil coordonne les missions des ambassadeurs de l’Ordre, la plupart volontaires. La neutralité diplomatique, qui implique de travailler avec les pouvoirs en place comme au Cameroun, permet une action discrète et efficace. La priorité est de porter secours d’abord, quitte à se taire sur la situation des droits de l ’ homme dans le pays en question : ainsi l’Ordre de Malte est la seule ONG présente en Birmanie. L’Unité médicale mobile au Liban en partenariat avec la fondation de l’ imam Sadr augure d’un projet de civilisation pour l’avenir. Porter la croix de Malte représente une alliance entre l’Orient et l’Occident, une voie pour le futur. Musulmans et chrétiens croient tous en Dieu et en l’homme, aussi leur faut-il se mettre en quête pour aider les gens dans le besoin. L’ordre de Malte a pour ambition de rapprocher les points de vue et de servir d’ interlocuteur pour la paix.
En 2018, marque le 970e anniversaire de la création de l’Ordre de Malte (Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte), l’une des plus anciennes institutions de la chrétienté. Présent en Palestine dès 1048, cet ordre religieux laïc puise ses origines dans la tradition militaire, ainsi que dans celle de la chevalerie et de la noblesse.