Entre 1963 et 1985, près de 2150 enfants réunionnais furent envoyés en métropole dans des régions rurales plus ou moins désertes. Pupilles pour certains, placés dans des foyers pour d’autres, ils furent pour beaucoup arrachés à leur famille, séparés de leurs frères et sœurs. Officiellement pour une vie meilleure, plus décente. L’eldorado métropolitain que la DASS faisait miroiter à leurs parents s’est, pour certains, révélé être un atroce cauchemar. Près de 60 ans plus tard, ceux qu’on a appelé les « enfants de la Creuse » cherchent encore à comprendre ce qu’ils qualifient de « crime contre l’enfance », de déportation. Explosion démographique incontrôlable, politique de migration mal appliquée, toutes les raisons sociales et politiques ont été évoquées.
Qui sont ces enfants de la Creuse ? Comment, aujourd’hui devenus parents et grands-parents, se sont-ils reconstruits ? Comment savoir d’où l’on vient quand sa propre identité a été falsifiée ? Comment savoir qui l’on est et quelle est sa culture quand on a vécu dans le secret, le mensonge et le déni ?
Alors qu’une commission d’enquête, chargée d’étudier le transfert forcé de ces enfants, devrait publier dans quelques mois le résultat de son étude, Dieu m’est témoin s’interroge sur la capacité de résilience face à un tel drame. Pour en parler, nous recevrons en plateau Valérie Andanson, secrétaire et chargée de communication de l’association des Réunionnais de la Creuse. Formidable exemple de reconstruction, elle nous racontera le long et douloureux parcours qui fut le sien depuis son départ à l’âge de 4 ans, et comment elle a réussi à renouer avec son île natale. A ses côtés, Yolande Govindama, psychologue, nous aidera à décortiquer les différentes étapes nécessaires à la reconstruction. Nous irons bien évidemment à La Réunion, où nous avons suivi Anne David qui, pour la première fois, a posé le pied sur son île natale.