Texte intégral :
“L’habit ne fait pas le moine”. Voilà un proverbe qui éclaire bien des textes bibliques. Avez-vous remarqué que dans la Bible on se déguise souvent ?
Dans la Genèse, Jacob se revêt des vêtements de son jumeau Ésaü et il se met sur les bras la toison de chevreaux pour paraître aussi velu que son frère. Son vieux père Isaac, qui n’y voit plus, tâte ces poils postiches, sent l’odeur des habits d’Ésaü et s’imagine que c’est bien Ésaü qui est devant lui. Il donne alors sa bénédiction à Jacob en pensant bénir Ésaü. C’est le vêtement qui trompe.
Je voudrais mentionner un épisode où le mouvement est inverse : un personnage fameux, David, enlève ses habits royaux qu’il porte pourtant à juste titre. Quand David monte enfin sur le trône d’Israël, il décide de faire venir à Jérusalem l’arche d’alliance, ce coffre qui contient les tables de la Loi et qui est le support visible de la présence invisible de Dieu. Or, quand l’arche arrive dans la ville, David qui est en grand apparat, quitte tous ses vêtements, et, vêtu seulement d’un pagne de lin, il danse devant l’arche. Apparemment l’habit ne fait pas le roi. Sans costume de cérémonie, David est toujours autant roi. Sa royauté est plus profonde que tous les signes extérieurs parce qu’elle lui vient de Dieu.
Quand on enlève à Jésus ses vêtements pour le crucifier, c’est bien sûr un geste violent qui cherche à l’humilier, à le déposséder de tout. Pourtant la tradition chrétienne s’est plu à voir dans ce Christ sans vêtement le roi glorieux, revêtu de l’amour du Père. Cet amour, voilà le vêtement dont parle la Bible depuis le commencement ; un vêtement qui ne trompe jamais et qui enveloppe de gloire même les corps les plus abandonnés.
Une production : CFRT/ France Télévisions