Note de la rédaction : le 17 juillet 2024, le Mouvement Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre ont rendu publics des faits qui peuvent s’apparenter à des agressions sexuelles ou du harcèlement sexuel, commis par l’abbé Pierre, entre la fin des années 1970 et 2005. Ces faits ont concerné des salariées, des volontaires et bénévoles de ces organismes, ou des jeunes femmes dans l’entourage personnel de l’abbé Pierre. Plus d’information sur ce lien.
En 1989, pour fêter les 50 ans de la création de la première communauté d’Emmaüs, Jean-Claude Salou rencontrait son initiateur Henri Grouès, mieux connu sous le nom d’abbé Pierre. A 72 ans, retiré à l’abbaye normande de Saint Wandrille où il apprécie la solitude et le silence, l’abbé Pierre reste l’aventurier infatigable d’une foi qui déplace des montagnes. Au fil de l’entretien, nous découvrons l’intensité de la vie spirituelle de l’abbé Pierre.
Avec ces hommes, récupérés à la misère, à la désespérance, ses chiffonniers, que l’abbé Pierre tente de loger des familles expulsées, sans logis, sans argent. De ces hommes, il va faire des bâtisseurs. 5 ans après la fondation de la communauté d’Emmaüs, arrive le tristement célèbre Hiver 54. Le cri de l’abbé Pierre fait la une des journaux et son appel retentit sur les ondes : “Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir gelée… sur le trottoir…” Son appel déclenche “l’insurrection de la bonté”. Il devient un héros malgré lui, et le symbole de la solidarité.
35 ans plus tard, Emmaüs et ses compagnons restent fidèles à l’intuition première et fondatrice : récupérer des hommes par le travail en récupérant des choses redistribuées aux nécessiteux. Des séquences du travail des compagnons d’Emmaüs illustrent la pérennité de l’action fraternelle de la communauté.
L’abbé Pierre se souvient de sa joie à voir la dignité retrouvée des hommes qu’il avait sortis de la rue, de cette joie particulière que ces hommes ont pu éprouver en travaillant avec la communauté d’Emmaüs, à servir l’autre. Car se savoir aimé et aimer le prochain, change tout, dit l’abbé Pierre. Il cite le cardinal Ratzinger dans Entretien sur la foi : “C’est la doctrine constante de l’Eglise que le salut est pour tous les humains à l’unique condition que chacun, sincèrement, tente de répondre à la voix de sa conscience. Ils sont alors dans le salut même si ils ne sont pas membres visibles de l’Eglise.”
L’abbé Pierre est un singulier religieux qui a toujours su utiliser les médias de son temps pour porter son cri de révolte. Un combat pour la dignité humaine dans l’amour de Dieu.
Une production : CFRT/ A2
Extrait de Mystère de la Joie de l’Abbé Pierre avec des scènes interprétées par Jean Davy, Jean-Marc Rousseau et Bénédicte Roy, et mise en lumière par Philippe Bataillon.