En 1962, l’abbé Laurentin, théologien, historien et spécialiste de la théologie mariale, consacre ses recherches depuis sept ans aux documents concernant les apparitions de Lourdes. Il travaille à une histoire des apparitions de Lourdes, Lourdes, histoire authentique en 6 volumes car pour lui tout n’avait pas été découvert. Certains des documents écrits et photographiques évoqués sont présentés en banc-titre dans l’émission.
Ainsi, les interrogatoires du commissaire du police Jacomet sont restés inconnus jusqu’en 1958. C’est une pièce capitale car l’interrogatoire de Bernadette a duré plus d’une heure. Un des premiers chapelains de la grotte, qui avait beaucoup ri des apparitions les premiers temps, a écrit le 25 avril 1858 un mémoire sur le sujet. Le document écrit par l’historien Jean-Baptiste Estrade à l’époque des apparitions était lui aussi resté inconnu.
L’abbé Laurentin a aussi recherché des photographies des personnes qui ont interrogées longuement Bernadette : l’officier de police Jacomet, le procureur Dutour, le préfet Massy, ainsi que des photos de la grotte de Massabielle à l’époque des apparitions.
Grâce aux travaux du père [Kraus?], il s’est livré à une analyse et une étude critique des documents rassemblés. Il applique la méthode de l’étiologie aux témoignages pour détecter dans chacun la part de vérité. Il a ainsi pu relever des erreurs : Sophie Pailhasson, qui a bien giflé Bernadette, n’était pas une camarade de classe mais une quadragénaire.
Il ne reste rien des paroles supposément dites le 21 février, « et ça vaut mieux car les paroles attribués à la Vierge ce jour-là faussait l’ordonnance des apparitions : d’une phase contemplative à un message pénitentiel, puis à la fondation du sanctuaire et à la révélation du nom de celle qui apparaît “Je suis l’Immaculée Conception”. » Quant à la demande de procession de la Vierge à Bernadette, qui ne figure pas dans les listes, elle aurait bien eu lieu.
« Au-delà des broderies » qui entoure le témoignage de Bernadette, l’abbé Laurentin souligne l’extrême rigueur de son témoignage qu’il a « dépouillé scientifiquement ». « Par six fois, dit-il, elle a rédigé le récit des apparitions : jamais elle ne répète pas les mêmes mots, mais jamais elle ne se contredit.» « L’aventure de sa sainteté reste une aventure secrète… Elle est restée vraie devant Dieu et devant les hommes. »