Si on définit la résistance comme une action subversive visant à empêcher la réalisation des objectifs de l’Occupant, alors sauver une vie en entravant l’extermination des Juifs est bien un acte de résistance. Ce sera l’œuvre de nombreuses associations caritatives.
Lorsque le gouvernement français déclara la guerre à l’Allemagne, il prit la décision lourde de conséquences d’interner dans des camps gardés secrets les ressortissants allemands et autrichiens qui avaient fui la répression nazie. Après l’Armistice, le territoire français est divisé en quatre zones et les camps d’internement, qui regroupent 40 000 personnes, sont presque tous situés dans la zone sud non occupée et relèvent de la responsabilité du gouvernement de Vichy.
Les associations caritatives, dont la Cimade (Comité inter-mouvements auprès des évacués) - organisation d’entraide des églises protestantes - et l'OSE (Oeuvre de secours aux enfants), découvrent l'existence d’une quarantaine de camps. Madeleine Barot, secrétaire générale de la Cimade, visite le camp de Gurs dans les Pyrénées. La Cimade lance alors le mouvement des internés volontaires.
En octobre 1940, le comité de Nîmes réunit les associations d’entraide composées des Israélites de France, des protestants de la Cimade, des protestants américains YMCA et Quakers et de la Croix Rouge. Elles oeuvrent à l’intérieur des camps d’internés. Gilbert Lesage, qui travaille au gouvernement, aidera au sauvetage d’enfants juifs notamment par sa connaissance des règlements et du droit. C’est en novembre 1941 avec le premier numéro du journal Témoignage chrétien que l’Eglise catholique prend part au mouvement de révolte contre l’extermination des Juifs. La lettre de Mgr Saliège ainsi que celle de Mgr Thias a réveillé la conscience des catholiques dans cette course contre la mort. Dès lors, contre la politique de Laval au service de la solution finale des nazis, de vastes opérations d’évasion et de sauvetage sont organisées comme à Vénissieux, le 26 août 1942, avec le concours des réseaux de résistants, des églises, des citoyens français. Le sauveteur a eu mille visages, pasteur, curé, travailleur social, passeur anonyme… prouvant que la solidarité est une valeur plus répandue que prévu, et que la banalité du bien fait pendant à la banalité du mal.