Le Fr. Philippe Lefebvre est un dominicain spécialiste de la Bible. Pour l’été, il a choisi quelques symboles bibliques pour nous faire entrer dans l’esprit de la Parole de Dieu. C’est au coeur de l’île Saint-Honorat qu’il nous conte la lumière, la providence, la prière, l’ermite, l’icône, la grotte, le vêtement et la mer.
Texte intégral :
La Bible parle peu de la mer : la culture paysanne des Hébreux et des Cananéens les tourne plutôt vers les terres ; les Hébreux sont en cela très différents des Phéniciens, leurs voisins du nord (Liban) qui sont un peuple de marins. Pourtant la mer est là, bordant toute la face ouest d’Israël, mais aussi dans la mémoire juive, on se souvient de la mer Rouge que l’on a pu traverser à pied sec.
Un beau texte pour illustrer l’influence, l’impact qu’elle a néanmoins dans la Bible. Dans le livre de Jonas, le prophète Jonas prend un bateau qui part vers l’ouest, car il fuit le Seigneur qui l’envoie à l’opposé, en Mésopotamie, pour prêcher aux païens de Ninive. Mais là une tempête survient et les marins comprennent qu’une divinité est mécontente d’un des passagers : ils mènent une enquête et trouvent finalement que le coupable est Jonas. Jonas leur explique qu’il fuit son Dieu et leur donne le remède : « Prenez-moi et jetez-moi à la mer et la mer se taira ».
Car c’est bien l’expression que le texte emploie avec insistance : la mer est en train de dire quelque chose, au moyen de ses flots déchainés. Comme Jonas est le prophète qui ne veut pas parler au nom du Seigneur, la mer, elle, parle. Dans la Bible quand les humains ne font pas place à la Parole de Dieu, cette Parole surgit d’une manière ou d’un autre. Jésus le dit un jour à ceux qui le critiquent : « si la foule ne m’acclame pas, alors les pierres crieront ».
Jonas va terminer son parcours maritime dans le ventre d’un gros poisson qui le recrachera sur le rivage. Notre prophète pourra alors se rendre à Ninive, enfin, pour y faire une prédication fructueuse. Pris un jour par une tempête en mer avec ses disciples, Jésus endormi s’éveille et dis à la mer : « Tais-toi ! ». La mer n’a plus besoin de parler parce que Jésus est là pour porter la Parole, pour la manifester.