L’histoire des confréries corses débute au XIVème siècle, lorsque les moines franciscains arrivèrent en Corse. Ils firent participer la population aux fêtes patronales, veillées et processions. Les associations pieuses de laïcs sont devenues les confréries qui secondent les prêtres, secourent les malades et les pauvres, dans l’esprit de Saint François d’Assise. Il y avait 300 confréries à la révolution. Beaucoup ont disparu après les deux guerres mondiales et en raison de la désertification rurale et de la déchristianisation.
Chaque année lors de la Semaine Sainte, les confrères se rassemblent pour chanter et revivre la Passion du Christ. A l’occasion de la Pâques, le réalisateur est allé à la rencontre de trois confrères et de leur communauté, pour vivre avec eux les préparatifs et l’expérience collective de la Semaine Sainte, dans les villages montagneux de l’île. Les confrères témoignent d’une spiritualité attachée à la terre : Jean-Charles est « habitant d’un lieu et habité par le lieu », comme les arbres enracinés qui s’élancent vers le ciel. La terre est aussi pour eux une école de l’humilité.
Aujourd’hui, par attachement à la culture et à l’identité corses, en particulier aux chants polyphoniques, les jeunes générations ont refondé les confréries : elles sont au nombre de 66, soit 3000 membres. La procession d’intronisation de la confrérie « San Martinu in Patrimoniu » eut lieu le 11/11/1999. À Castifau, Jean-Raphaël a refondé la confrérie en 2007 grâce au mouvement de réappropriation « Riacquistu ». Les villages isolés de la région montagneuse de la Castagniccia se sont regroupés en 1992 : la confrérie établit un lien plus profond que le lien social, car elle repose sur l’amour. Ils vivent une utopie, celle de retisser des liens qui existaient lors des migrations pastorales, ou de faire revivre des villages, des cultures abandonnés. Les confrères ont aussi le désir de transmettre aux plus jeunes et d’utiliser la confrérie comme un outil d’intégration et de citoyenneté.
Le film se termine par la procession du vendredi saint, sorte de purification, de mort et de renaissance symbolique qui se parachève par la granitula.