En Corse, sur le chemin des confréries dépeint le mouvement récent de renaissance des confréries. La légende raconte que Saint François d’Assise aurait posé le pied en Corse au 13e siècle et que de là seraient nées les confréries. Les deux guerres mondiales, la désertification rurale ainsi que la perte du sentiment religieux les ont provisoirement mises en sommeil. Depuis une trentaine d’années, elles sont réapparues, parallèlement au mouvement de réappropriation de la langue, de la culture et du chant corses. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les confréries ont connu un engouement et se sont multipliées lors des événements d’Aléria. Le 22 août 1975, l'occupation d'une cave viticole d'Aléria se terminait par la mort de deux gendarmes mobiles. On associe l'acte fondateur du nationalisme corse à ce dramatique épisode de l'histoire corse.
La Corse compte aujourd’hui une soixantaine de confréries actives rassemblant environ 3000 confrères, un phénomène inédit en Europe. Dans ce documentaire, plusieurs de ses membres témoignent du besoin de spiritualité et de fraternité qui a motivé leur appartenance à une confrérie. Attirés par le chant polyphonique et soucieux d’être garants de l’identité culturelle corse, ces hommes ont eu à coeur de recréer des liens de solidarité. Pierre Lane les filme avec pudeur. Unis comme un seul homme dans le chant sacré comme lorsqu’ils plantent des oignons, ils sont à la fois ancrage à la terre et aspiration au divin. Reconnectant les hommes les uns aux autres, ils donnent un nouveau souffle à la vie sociale, culturelle et religieuse corse, notamment à travers les processions liturgiques comme ici lors de l’Office des Ténèbres du Jeudi saint ou de la granitula. Parcourant les villages dans le Nebbio, la Castagniccia et à Castifau, le film dessine une topographie spirituelle de l’île de Beauté. Avec en filigrane, cette interrogation : qu’est-ce qui anime ces hommes ? Qu’est-ce qui les relie à leur terre, à leur histoire, à leur langue ? Que veut dire construire une société idéale ?