Port 2000 au Havre est un terminal à conteneurs de 4 kilomètres de long. Ce sont d’immenses aires de stockage,et un va et vient incessant de camions. Les bateaux postés à quai sont des mastodontes : les plus grands approchent les 400m, et transportent l’équivalent de 9000 gros camions. Et à bord il y a des hommes, parfois une femme. Ils sont surtout Philippins, Indiens, Indonésiens, Chinois, Russes, Ukrainiens, Croates, Monténégrins, Roumains… En mer pendant de longs mois, loin de leurs familles, ces migrants du travail mondialisé vivent dans des conditions très difficiles et sont surtout très isolés.
Depuis plus de dix ans, Guy Pasquier, prêtre aumônier de la mer au Havre, et Michael Ludwig, pasteur d’origine allemande à Anvers (Belgique), visitent chaque jour 4 à 5 bateaux à quai, et répondent ainsi à la vocation de la « Mission de la mer », une association catholique créée dans les années 50. Présente dans 65 pays, elle a pour mission : visiter les bateaux, et assister les marins du point de vue matériel, moral et spirituel.
« En peu de temps, on visite le monde. On rencontre l’amabilité des Philippins, ou des Indonésiens, chez qui la longueur du contrat ne semble pas entamer leur moral. On entend la colère de ce second capitaine Polonais, submergé de travail à l’escale, et limitant son temps de repos ; ou le dépit de ce commandant Indien, qui me disait n’être pas respecté par sa compagnie. On écoute les peines et les duretés, la famille qui manque, le travail stressant ; on reçoit les joies, celle d’être papa, le succès du fils ou de la fille aux études… Je porte tout cela dans la prière. » Guy Pasquier
Audrey Lasbleiz suit tour à tour leurs visites quotidiennes avec les marins qui parlent, se confient, prient. L’esprit œcuménique, par ce brassage des nationalités et des cultures, est intrinsèque à la vie maritime.