Dans cet extrait, le cardinal Paul Poupard, Hervé Joubert-Laurencin, Bruno Mathon et Manuel Jover commentent les tableaux du Caravage “L’appel de Matthieu par le Seigneur” et “Le martyre de saint Matthieu” qui font partie de la trilogie abritée en l’église Saint-Louis-des-Français à Rome.
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Il se prénomme Michel-Ange et c’est un personnage de roman. Michelangelo Merisi da Caravaggio dit Le Caravage, est né le 29 septembre 1571 à Milan. Son père est le surintendant du Marquis François Sforza da Caravaggio. Lorsqu’il a six ans la peste sévit à Milan et la famille se transporte à Caravaggio. Son père meurt et le jeune garçon entre, à treize ans, en apprentissage chez Peterzano, un artiste renommé de l’époque. Ses premières années sont mal connues. A vingt ans il arrive à Rome. Livré à lui-même, cette période forge sa réputation d’homme violent, querelleur, au caractère impossible. Il fréquente les bas-fonds et les tavernes.
A la fin du 16ème siècle, Rome est un creuset bouillonnant où se croisent les plus grands talents ; investie par l’esprit de la Contre-réforme, la ville des Papes suscite le plus vaste chantier artistique de l’Europe qu’une impérieuse volonté d ’ évangélisation mystique et populaire anime.
Caravage a surpris ses contemporains, il a souvent choqué, mais a enthousiasmé les novateurs. L’oeuvre sacrée du Caravage s’inscrit dans un contexte liturgique dont l’architecture, la peinture et la musique constituent un vaste programme. Grâce à l’appui de ses protecteurs, Caravage entretient des liens réguliers avec les confréries les plus novatrices de Rome en particulier, les oratoriens dont le fondateur, Philippe de Neri, a crée le cadre qui produira oratoires et oratorios.
Les émotions qui se lisent sur les toiles du Caravage s’entendent grâce aux partitions nouvelles, intenses et dramatiques du compositeur Claudio Monteverdi. Caravage entre ensuite dans une période d’intense créativité artistique, où les toiles à un seul personnage destinées aux collections privées, se mêlent aux grands tableaux d’autel. C ‘est l’époque de son grand succès dans la capitale, mais aussi de ses nombreux litiges.
L ‘art de Caravage se différencie du goût officiel. Il raconte une histoire simple mais qui comporte une lecture secondaire avec un contenu culturel, profond, indirect et théologique. Caravage déclare la guerre aux intellos et aux maniéristes, il prône une non-culture. Il regarde la réalité avec brutalité, ce qui le situe hors des sentiers battus. Son tempérament coléreux et querelleur est aussi célèbre que son talent. On ne compte plus ses excès, il est incapable de se contrôler et semble avoir souvent besoin d’écraser physiquement ses adversaires.
Il est mêlé à plusieurs duels et même à un meurtre qui met sa carrière en danger et l’oblige à fuir Rome. Caravage mène une vie errante entre Naples, la Sicile et Malte. Les épisodes criminels de sa vie ont largement inspirés les écrivains. Mais tous les désordres de sa vie privée ne l’empêchent pas de continuer à exécuter des chefs d’oeuvres.
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Dans ce premier épisode nous assistons à l’ascension de Michelangelo Merisi da Caravaggio dit Le Caravage dans ce creuset bouillonnant qu’est la ville de Rome au début du17ème siècle, ce chantier artistique dans lequel se croisent les plus grands talents.
Notre héros à une vingtaine d’années, c’est un rebelle qui s’impose avec rapidité dans le milieu artistique des cardinaux et des papes. C’est tout naturellement qu’il choisit ses modèles parmi le peuple, les prostituées et les mendiants mais peu à peu, le Christ et l’Evangile vont s’imposer dans sa peinture. Il invente un art révolutionnaire comme en témoigne le Cycle de Saint Matthieu filmé à Saint Louis des Français ou la Conversion de Saint Paul dans l’église Santa Maria Del Popolo.
Caravage est à l’origine d’une véritable révolution esthétique “le clair obscur”, pour lui la lumière est créatrice, elle a un rôle métaphysique. Il peint le triomphe de la lumière sur les ténèbres.