En changeant d’affectation, le Père Moreau ne se doutait pas qu’il changeait aussi de monde. Après 25 années comme curé de Sainte-Jeanne-d’Arc, paroisse bourgeoise d’un quartier où la tradition catholique est bien installée, le voici curé à Saint-Marcel paroisse d’un milieu populaire et déchristianisé de la grande banlieue parisienne.
Un bouleversement pour ce curé habitué à une assemblée de fidèles attentifs, attachés aux rites de l’Eglise. Son basculement dans cette autre réalité française, vieillissante et populaire, multiculturelle et même multi-cultuelle va alors provoquer chez lui interrogations, pertes de repères, frustrations, irritations et sarcasmes mais aussi doutes et découragements.
Après la messe dominicale, ses sentiments atteignent leur paroxysme. C’est alors, qu’à l’abri des regards et des oreilles de ses paroissiens, dans l’espace de la sacristie, et au moment où il se change, que le père Moreau laisse exploser ce qu’il ressent auprès de son sacristain Bertrand Rousseau. Il va alors partager sans retenue ses états d’âme à ce laïc, père de famille du quartier, unique membre un peu désemparé de l’équipe paroissiale, venu également assister le nouveau curé en préparant avant et après la célébration tous les objets liturgiques nécessaires.
Dans cette situation de confession inversée, c’est à ce dernier de trouver les mots pour remettre son curé dans le droit chemin, tempérer, rassurer, donner à comprendre cette société en mutation, qu’il s’agisse des attentes des paroissiens ou des réalités des habitants du quartier. Car si les codes de la société ont changé, les besoins spirituels restent, au fond, bien présents.