Certaines vies ne peuvent s’évoquer qu’en termes de destin. Quand à dix ans Alfred MANESSIER rendait visite à sa mère hospitalisée à Abbeville, il n’imaginait guère que 70 ans plus tard, il y reviendrait pour créer les vitraux de l’Eglise du Saint Sépulcre, église qui étant enfant l’emplissait de terreur, à cause de la sonorité du nom lui même, mais aussi du peu de lumière que laissaient filtrer les vitraux du 19e siècle à l’intérieur de l’édifice.
Or ces vitraux volèrent en éclat en 1940 au cours d’un bombardement sur Abbeville. On les remplaça provisoirement par du verre blanc, mais ce n’est qu’un demi-siècle plus tard que les monuments historiques décidèrent de les remplacer en chargeant Alfred Manessier d’imaginer les 29 nouveaux vitraux pour l’église dont les ténèbres avaient terrorisé son enfance.
L’artiste avait déjà à son actif de nombreuses créations dans 25 lieux de culte, catholique et protestant, en France, en Espagne, en Suisse et en Allemagne. Son activité de maître-verrier incita la critique à ranger Manessier dans la catégorie des artistes chrétiens. C’était oublier que celui-ci avait été jusqu’à trente trois ans un grand peintre surréaliste, sensible aux évènements du monde.
Ce documentaire est le portrait de l’artiste que l’on découvre alors qu’il est âgé de quatre vingt ans, dans ce qui fût la dernière de ces réalisations. Avec les vitraux du Saint sépulcre, Manessier, en jouant sur les couleurs, perpétue la tradition du Moyen age selon laquelle l’église préfigure la Jérusalem céleste dont les murs sont construits de pierre précieuse.
Une production : CFRT
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