Les chrétiens partagent avec les Juifs les textes de la Torah qui, dans le Bible, constituent une partie de l’Ancien testament. Pourtant, derrière cet héritage commun, se trouvent des conceptions très différentes. Les deux pôles de la vie juive, la prière et l’étude, sont ici filmées dans une synagogue parisienne et la spiritualité juive explicitée par les rabbins Emmanuel Chouchena et René Sirat. L’approche chrétienne des textes juifs est abordée par le frère Pierre Leenhardt. Ce film permet ainsi de faire mieux connaître aux chrétiens ce qu’est la spiritualité juive.
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Tous les matins dans une synagogue du 20ème arrondissement à Paris, des juifs d’origine tunisienne se réunissent pour prier. Le fidèle se recouvre du châle de prière ou talit. Il fixe sur son front et son bras gauche les téfilines, petites boîtes de cuir noir contenant des versets de la Torah. C’est le signe d’un lien physique entre Dieu et son peuple qui récite :
“Nous sommes ton Peuple. Les enfant de ton bien aimé Abraham auquel tu as juré alliance sur la montagne, les descendants d’Isaac, la communauté de Jacob que dans ton amour et pour la joie qu’il t’a donné, tu as appelé Israël. Nous sommes heureux de répéter deux fois par jour, soir et matin : “Ecoute Israël, l’Eternel est notre Dieu, l’Eternel est un.”
Au centre du judaïsme, un livre, la Torah, donnée à Moïse sur le mont Sinaï. Présenté sous forme de rouleaux faits de parchemin cousus ensemble, ce livre entièrement écrit à la main, comprend le récit de la Création, l’histoire des patriarches Abraham, Isaac et Jacob. Il renferme l’ensemble des préceptes et des règles qui furent donnés au peuple d’Israël.
Les cinq livres ou Pentateuque plus les prophètes et les écrits historiques constituent pour les Juifs la Torah ou Loi écrite, et pour les chrétiens, l’Ancien Testament. Dès l’origine, la Loi écrite fut explicitée, commentée d’abord oralement puis mise par écrit à son tour. Rabbins et fidèles se retrouvent après la prière pour relire et commenter ces nombreux textes consignés dans le Talmud, actualisant ainsi la Loi.
“En faisant le Talmud, on a l’impression de parler de tout sauf de Dieu.” En général, le Juif répugne à parler de Dieu car pour le Juif Dieu existe. Plutôt que de réfléchir à Dieu, il y a un à priori d’une confiance totale en Lui, dans sa bonté, sa patience. Cela justifie l’espérance du Juif. Le judaïsme enseigne que cette espérance ne peut aboutir que si on la mérite, et pour la mériter, il faut étudier. Les deux pôles de la vie juive sont l’étude et la prière. Par l’étude, le Juif cherche ce que Dieu demande à l’homme, et par la prière, le Juif espère qu’en contre partie Dieu réponde à ses souhaits.
Avec les 613 commandements, la tradition juive insiste sur cet aspect de la liberté, non pas anarchie et licence, mais liberté d’obéir ou de désobéir à Dieu. Dieu fait comprendre à Moïse que le monde n’est pas encore prêt à cette grande révolution, que la révolution du monde doit passer nécessairement par la réussite de cette propre révolution au niveau d’un individu d’abord, ensuite du monde entier. Il s’agit pour l’homme de se soumettre intelligemment à Dieu.
Dans la Bible, Moïse est appelé de deux façons différentes : “esclave du tétragramme” et aussi “l’homme de Dieu” dans le sens de “mari de Dieu”. Il est le Juif idéal en qui chaque juif se reconnaît. Le rôle du prêtre dans le judaïsme est d’apporter pardon et bénédiction, et par extension, Israël en tant que prêtre de l’humanité, a cette double mission d’apporter pardon et bénédiction. On oublie souvent cet universalisme d’Israël.
Pour un chrétien, étudier le judaïsme et la Parole de Dieu dans le judaïsme est essentiel. Alors qu’un non juif cherchera Dieu, le juif cherchera à faire un homme tel que Dieu le demande. Cette contradiction profonde est accusée par 2000 ans d’histoire. Des initiatives sont prises pour amorcer un véritable dialogue.
Une production : CFRT/ TF1