Voici le paradoxe d'un saint qui fut l'un des plus populaires de tout le Moyen Âge et sur lequel nous ne savons pratiquement rien ! Sa "vie" (entre guillemets !) ne fut composée qu'au Xe siècle par un moine de l'abbaye Saint-Gilles en Provence, qui en fit une sympathique mosaïque de prodiges et de légendes. On y retrouve l'un des thèmes narratifs de l'hagiographie médiévale : celui du cerf ou de la biche "providentiels", tenant compagnie à l'ermite Gilles dans la forêt.

De fait, la popularité de saint Gilles était liée au monastère qui portait son nom, bâti sur son tombeau. Le moine Gilles a pu vivre au VIe ou au VIIe siècle. L'actuelle localité de Saint-Gilles-du-Gard, autrefois port de mer, était surtout une étape importante sur les chemins de pèlerinage, tant vers Rome que pour Saint-Jacques de Compostelle. C'est ainsi que la tombe de saint Gilles fut en grande vénération à partir du Xe siècle, pour les nombreux pèlerins passant par le Gard.

Notre saint Gilles fait partie des 14 saints qu'on vénère comme "auxiliateurs" et qu'on les fête collectivement le 8 août. Citons notamment Blaise, Barbe, Catherine, Christophe, Eustache, Georges, Marguerite (ou Marine)…Ces saints sont considérés, dans la piété populaire, comme particulièrement "secourables". Ainsi saint Gilles, appelé encore Égide, était le saint Patron des estropiés et des éperonniers. On l'invoquait aussi contre le cancer, la stérilité, la folie…et les frayeurs nocturnes ! En France, 17 paroisses ou localités sont sous le patronage de saint Gilles.
Gilles est un nom d'origine grec qui signifie "bouclier" (aigidos).