A la fin du Xe siècle, Fulbert fut un astre de première grandeur : on disait de lui qu'il était Socrate et Platon réincarnés dans la même personne ! En plus de la théologie et de l'exégèse, il maîtrisait la physique, la médecine et l'astronomie. Il possédait la philosophie d'Aristote que les Arabes venaient d'introduire en Europe par l'Espagne. Après des études à Reims avec l'archevêque Gerbert, futur Pape Sylvestre II, il le suit à Rome. Fulbert deviendra prêtre, puis chancelier de l'Ecole et enfin évêque de Chartres. Plein de zèle pastoral et brillant philosophe, conseiller de la royauté Capétienne, il tenait à rester simple enseignant. Grâce à son savoir et à son influence, Chartres devint le premier centre pensant de la Gaule. Plusieurs des disciples de maître Fulbert seront des sommités de cette époque : ainsi Bernard l'Angevin, Hubert de Poitiers et Hardouin de Fougères.
Les Chartrains garderont le souvenir de cet évêque au doux visage et de ses entretiens pleins de doctrine et de ferveur. Fulbert nous a laissé des traités, des homélies, des proses liturgiques et plus d'une centaine de lettres. Il fut aussi "le chantre de Notre-Dame", avant saint Bernard. Evoquer Fulbert, c'est montrer la sublime cathédrale de Chartres. Le premier édifice venait d'être dévasté par un incendie. Fulbert entreprit la construction d'un très vaste monument qui sera détruit à son tour. Il en subsiste la crypte en forme de U. Ses immenses galeries en font la crypte romane la plus vaste de France : elle servira de base à la cathédrale actuelle. Vaisseau flottant sur les toits de la ville, Bible de pierre et de verre, chantée par Charles Péguy, Notre-Dame de Chartres demeure l'un des joyaux les plus précieux de notre patrimoine culturel. C'est grâce à saint Fulbert, qui se disait le tout petit évêque d'une très grande Eglise. Il entra dans la Vision de Dieu le 10 avril 1029.
D'étymologie germanique, Fulbert signifie "abondance" (full) et "brillant" (berht).