La Vierge Marie est une figure au cœur de notre foi. Mais pourquoi prier Marie ?
« Que j’aurais bien voulu être prêtre pour prêcher sur la Sainte Vierge ! Une seule fois m’aurait suffi pour dire tout ce que je pense à ce sujet. J’aurais d’abord fait comprendre à quel point on connaît peu de sa vie. Il ne faudrait pas dire des choses invraisemblables ou qu’on ne sait pas. [...] Pour qu’un sermon sur la Sainte Vierge me plaise et me fasse du bien, il faut que je voie sa vie réelle, pas sa vie supposée; et je suis sûre que sa vie réelle devait être toute simple. On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable, faire ressortir ses vertus, dire qu’elle vivait de foi comme nous, en donner des preuves par l’Évangile. » (Thérèse de Lisieux, Derniers entretiens, 21 août 1897)
La Vierge Marie ne peut être honorée, chantée et priée que si nous la reconnaissons d’abord comme une femme proche de nous, une femme aimée et qui aime, une mère qui a enfanté et qui a souffert.
Dans le récit de l’Annonciation, c’est une femme toute simple, inconnue de tous mais connue et aimée de Dieu que nous rencontrons. L’extraordinaire se produit dans l’ordinaire de la vie. Cette femme, cachée dans l’obscurité de l’histoire, d’un peuple, d’un village, d’une maison, est une femme d’écoute et de foi. Elle n’est pas une pauvresse. Elle n’est pas marquée par la fatalité de la stérilité, le malheur du veuvage ou l’épreuve de la vieillesse. Elle est toute jeune. Et elle est très aimée ! Ô combien ! Elle est désirée et attendue par un homme, Joseph : elle lui est promise en mariage, elle est déjà engagée envers lui et lui envers elle.
Ainsi la mystérieuse fécondité annoncée par l’ange ne vient pas combler un défaut, un manque. Il s’agit d’une fécondité par surcroît, gratuite, généreuse, comme celle promise autrefois à Abraham, mais qui semblait perdue dans les sables ou les étoiles. Marie a été épouse et mère : elle a enfanté Jésus son enfant. Comme toute mère, elle a été bénie par ce fils. Elle l’a aimé d’un amour qui ne retient rien pour soi, mais qui fait grandir et qui laisse aller.
Marie ne garde jamais rien pour elle. Elle offre tout ce qu’elle reçoit. Elle conduit à Jésus ceux qui s’adressent à elle ! L’humanité de la Vierge Marie, comme celle de Joseph, est indispensable à la très sainte humanité de Jésus qui est notre chemin de vie divine et éternelle. C’est dans l’humanité de ce foyer très simple et humain que notre Dieu a pris chair. Cependant, Marie est aussi une femme qui a souffert. Il est très étonnant de réaliser que le jeune Jésus ait pu faire souffrir ses parents. Marie le lui dit très simplement dans l’épisode appelé communément le « recouvrement au Temple », lorsque Jésus, âgé de douze ans, disparaît pendant trois jours à Jérusalem : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela? Vois ! Ton père et moi, nous te cherchions, angoissés.»
Une femme aimée, une mère qui a aimé et qui a souffert jusqu’au cœur de l’immense douleur de la passion, jusqu’au pied du gibet infâme : Marie, mère de Jésus.
Pour être honorée, chantée et priée, Marie doit aussi être reconnue comme une croyante... Comme nous.
Elle est certes la première des croyantes, digne de l’antique lignée d’Abraham, le premier et le père des croyants. En effet, a-t-elle vraiment compris ce qui lui arrivait ? Elle demande : « Comment cela va-t-il se faire ? » « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’enfant qui va naître sera saint et il sera appelé le Fils de Dieu ! »
Que ce soit un ange qui dise cela ne rend pas plus compréhensible l’événement annoncé. Elle n’a sûrement pas compris grand-chose, mais elle a écouté. Et c’est dans cette écoute qu’elle est grande ! Elle entend : « Je te salue comblée de grâce », « Le Seigneur est avec toi ! », « Ne crains pas, Marie... » Elle le sait : ce sont les mots de Dieu, ce sont ses pas, lorsqu’il vient frapper à la porte du cœur de l’homme. Elle le croit : ces paroles sont pour elles et ces paroles sont vraies.
Du fond de son être, de ses entrailles, elle s’écrie alors : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ». Le Nouveau Testament mettra sur les lèvres de Jésus cette déclaration: « Me voici, je viens ! » Telle mère, tel fils ! Ou plutôt : tel Fils, Jésus, telle Mère, Marie ! Mais Marie n’est pas une simple femme de service. Elle met à la disposition de l’œuvre de Dieu : tout son être, tout son amour, tous ses talents.
Elle s’abandonne à la volonté divine, non pas dans un laisser faire passif, mais dans un vouloir faire avec Dieu, pour que son Nom soit sanctifié, que son Règne vienne, que sa volonté soit faite... Elle « se livre », comme Jésus se livrera pour notre salut.
Nous aussi, comme la Vierge Marie, nous sommes comblés de grâce de la part du « Père de Notre Seigneur qui nous a bénis, par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ ».
Nous aussi, dans la foi, nous reprenons les mots de Marie et ceux de Jésus pour répondre au Dieu vivant : le « fiat » de la disponibilité, le « oui » de la confiance, le « me voici » du don de soi. Quand la toute puissance du Très-Haut et la toute pauvre et fragile liberté de l’homme font alliance, alors Dieu peut faire toute chose nouvelle.
Le concile Vatican II a rappelé que nous étions tous appelés à la sainteté. Car Dieu seul est saint !
Dans le Magnificat, lorsqu’elle reconnaît « Le Puissant fit pour moi des merveilles ! », Sainte Marie ajoute aussitôt « Saint est son Nom ! » Marie a été rendue sainte et immaculée par une grâce spéciale, cet appel à devenir mère de Jésus, Mère de Dieu. Mais nous aussi, comme elle mais de manière différente, nous avons été « élus en Lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour ». Le baptême met cette sainteté en germe en nous. Il nous place en communion avec tous les croyants. Il nous fait entrer dans la communion des saints qui est une communion de foi, d’espérance et d’amour, communion de louange, d’intercession et de mission.
Dans cette communion des saints, la Vierge Marie a une place éminente, la première aux côtés de son Fils, car elle est la première à avoir été sanctifiée par Lui, avec Lui et en Lui dans son être entier, dans le mystère de l’Annonciation et celui de l’Assomption.
La première prière eucharistique ne dit-elle pas : « Dans la communion de toute l’Église, nous voulons nommer en premier lieu la bienheureuse Marie toujours Vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur, Jésus-Christ... »
Marie resplendit dans les commencements et les recommencements, les naissances et les nouvelles naissances. Reprendre le Je vous salue, Marie..., ou la prière de l'Angélus, ce n’est pas retourner en arrière, mais reprendre chaque jour notre chemin de vie à la suite du Christ de sa naissance à sa mort et sa résurrection, de notre naissance dans la foi jusqu’à l’heure de notre mort... L’Église étant un peuple de pécheurs et de saints, Marie la Toute sainte entretient une connivence particulière avec les pécheurs et les saints. C’est pourquoi nous ne cessons de la prier pour qu’elle protège et soutienne les pécheurs que nous sommes et qu’elle bénisse les saints que nous désirons devenir.
Dévotion à Marie : la femme aimée, la mère aimante, la croyante, la très sainte bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu !
Eric de Clermont-Tonnerre
Voir aussi
Marie, mère de Jésus
Marie, mère de Dieu
Série sur Marie
« Que j’aurais bien voulu être prêtre pour prêcher sur la Sainte Vierge ! Une seule fois m’aurait suffi pour dire tout ce que je pense à ce sujet. J’aurais d’abord fait comprendre à quel point on connaît peu de sa vie. Il ne faudrait pas dire des choses invraisemblables ou qu’on ne sait pas. [...] Pour qu’un sermon sur la Sainte Vierge me plaise et me fasse du bien, il faut que je voie sa vie réelle, pas sa vie supposée; et je suis sûre que sa vie réelle devait être toute simple. On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable, faire ressortir ses vertus, dire qu’elle vivait de foi comme nous, en donner des preuves par l’Évangile. » (Thérèse de Lisieux, Derniers entretiens, 21 août 1897)
Marie : une femme, la mère de Jésus
La Vierge Marie ne peut être honorée, chantée et priée que si nous la reconnaissons d’abord comme une femme proche de nous, une femme aimée et qui aime, une mère qui a enfanté et qui a souffert.
La Vierge Marie dans les textes bibliques
Dans le récit de l’Annonciation, c’est une femme toute simple, inconnue de tous mais connue et aimée de Dieu que nous rencontrons. L’extraordinaire se produit dans l’ordinaire de la vie. Cette femme, cachée dans l’obscurité de l’histoire, d’un peuple, d’un village, d’une maison, est une femme d’écoute et de foi. Elle n’est pas une pauvresse. Elle n’est pas marquée par la fatalité de la stérilité, le malheur du veuvage ou l’épreuve de la vieillesse. Elle est toute jeune. Et elle est très aimée ! Ô combien ! Elle est désirée et attendue par un homme, Joseph : elle lui est promise en mariage, elle est déjà engagée envers lui et lui envers elle.Ainsi la mystérieuse fécondité annoncée par l’ange ne vient pas combler un défaut, un manque. Il s’agit d’une fécondité par surcroît, gratuite, généreuse, comme celle promise autrefois à Abraham, mais qui semblait perdue dans les sables ou les étoiles. Marie a été épouse et mère : elle a enfanté Jésus son enfant. Comme toute mère, elle a été bénie par ce fils. Elle l’a aimé d’un amour qui ne retient rien pour soi, mais qui fait grandir et qui laisse aller.
Une femme et une mère aimante
Marie ne garde jamais rien pour elle. Elle offre tout ce qu’elle reçoit. Elle conduit à Jésus ceux qui s’adressent à elle ! L’humanité de la Vierge Marie, comme celle de Joseph, est indispensable à la très sainte humanité de Jésus qui est notre chemin de vie divine et éternelle. C’est dans l’humanité de ce foyer très simple et humain que notre Dieu a pris chair. Cependant, Marie est aussi une femme qui a souffert. Il est très étonnant de réaliser que le jeune Jésus ait pu faire souffrir ses parents. Marie le lui dit très simplement dans l’épisode appelé communément le « recouvrement au Temple », lorsque Jésus, âgé de douze ans, disparaît pendant trois jours à Jérusalem : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela? Vois ! Ton père et moi, nous te cherchions, angoissés.»Une femme aimée, une mère qui a aimé et qui a souffert jusqu’au cœur de l’immense douleur de la passion, jusqu’au pied du gibet infâme : Marie, mère de Jésus.
Comblée de grâce, Marie la croyante
Pour être honorée, chantée et priée, Marie doit aussi être reconnue comme une croyante... Comme nous.
La Vierge Marie : à l’écoute de l’Esprit Saint
Elle est certes la première des croyantes, digne de l’antique lignée d’Abraham, le premier et le père des croyants. En effet, a-t-elle vraiment compris ce qui lui arrivait ? Elle demande : « Comment cela va-t-il se faire ? » « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’enfant qui va naître sera saint et il sera appelé le Fils de Dieu ! »Que ce soit un ange qui dise cela ne rend pas plus compréhensible l’événement annoncé. Elle n’a sûrement pas compris grand-chose, mais elle a écouté. Et c’est dans cette écoute qu’elle est grande ! Elle entend : « Je te salue comblée de grâce », « Le Seigneur est avec toi ! », « Ne crains pas, Marie... » Elle le sait : ce sont les mots de Dieu, ce sont ses pas, lorsqu’il vient frapper à la porte du cœur de l’homme. Elle le croit : ces paroles sont pour elles et ces paroles sont vraies.
Servante du Seigneur
Du fond de son être, de ses entrailles, elle s’écrie alors : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ». Le Nouveau Testament mettra sur les lèvres de Jésus cette déclaration: « Me voici, je viens ! » Telle mère, tel fils ! Ou plutôt : tel Fils, Jésus, telle Mère, Marie ! Mais Marie n’est pas une simple femme de service. Elle met à la disposition de l’œuvre de Dieu : tout son être, tout son amour, tous ses talents.Elle s’abandonne à la volonté divine, non pas dans un laisser faire passif, mais dans un vouloir faire avec Dieu, pour que son Nom soit sanctifié, que son Règne vienne, que sa volonté soit faite... Elle « se livre », comme Jésus se livrera pour notre salut.
Nous aussi, comme la Vierge Marie, nous sommes comblés de grâce de la part du « Père de Notre Seigneur qui nous a bénis, par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ ».
Nous aussi, dans la foi, nous reprenons les mots de Marie et ceux de Jésus pour répondre au Dieu vivant : le « fiat » de la disponibilité, le « oui » de la confiance, le « me voici » du don de soi. Quand la toute puissance du Très-Haut et la toute pauvre et fragile liberté de l’homme font alliance, alors Dieu peut faire toute chose nouvelle.
Marie au cœur de l’Église : dans la communion des saints
Le concile Vatican II a rappelé que nous étions tous appelés à la sainteté. Car Dieu seul est saint !Dans le Magnificat, lorsqu’elle reconnaît « Le Puissant fit pour moi des merveilles ! », Sainte Marie ajoute aussitôt « Saint est son Nom ! » Marie a été rendue sainte et immaculée par une grâce spéciale, cet appel à devenir mère de Jésus, Mère de Dieu. Mais nous aussi, comme elle mais de manière différente, nous avons été « élus en Lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour ». Le baptême met cette sainteté en germe en nous. Il nous place en communion avec tous les croyants. Il nous fait entrer dans la communion des saints qui est une communion de foi, d’espérance et d’amour, communion de louange, d’intercession et de mission.
Dans cette communion des saints, la Vierge Marie a une place éminente, la première aux côtés de son Fils, car elle est la première à avoir été sanctifiée par Lui, avec Lui et en Lui dans son être entier, dans le mystère de l’Annonciation et celui de l’Assomption.
La Vierge Marie est dans chaque prière
La première prière eucharistique ne dit-elle pas : « Dans la communion de toute l’Église, nous voulons nommer en premier lieu la bienheureuse Marie toujours Vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur, Jésus-Christ... »Marie resplendit dans les commencements et les recommencements, les naissances et les nouvelles naissances. Reprendre le Je vous salue, Marie..., ou la prière de l'Angélus, ce n’est pas retourner en arrière, mais reprendre chaque jour notre chemin de vie à la suite du Christ de sa naissance à sa mort et sa résurrection, de notre naissance dans la foi jusqu’à l’heure de notre mort... L’Église étant un peuple de pécheurs et de saints, Marie la Toute sainte entretient une connivence particulière avec les pécheurs et les saints. C’est pourquoi nous ne cessons de la prier pour qu’elle protège et soutienne les pécheurs que nous sommes et qu’elle bénisse les saints que nous désirons devenir.
Dévotion à Marie : la femme aimée, la mère aimante, la croyante, la très sainte bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu !
Eric de Clermont-Tonnerre
Voir aussi
Marie, mère de Jésus
Marie, mère de Dieu
Série sur Marie
Article publié dans Le Bulletin du Jour du Seigneur
#219 août-septembre 2020
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