Quand j'étais petit, mon frère et moi observions le carême en supprimant la barre de chocolat du goûter. Il ne restait, en somme, que le pain. Mais c'était pour moi un effort de carême d'autant moins méritoire que je n’aimais pas le chocolat. Et j'en ai retenu, à l'époque, que le carême consiste à se priver de quelque chose. Ce qui n'est pas entièrement vrai.


Le carême pour améliorer nos relations

Le carême consiste à faire des efforts pour devenir meilleur. Consommer moins pour partager plus, ou pour se reprendre en main après un temps de relâchement ; passer un peu moins de temps en futilités et un peu plus en prière, en méditation, en lecture ; améliorer nos relations avec autrui, demander et donner le pardon ; tourner notre regard vers le Seigneur.

Tourner notre regard vers le Seigneur, c'est précisément le sens du mot « conversion ».
« Conversion », dans le grec de l'Évangile comme en latin, signifie de façon littérale
« demi-tour ». Nous retourner, quitter le chemin que nous étions en train de prendre, revenir vers Dieu qui, avec sa grande patience, ne cesse de nous tendre les bras. Certes, nous y avons souvent quelque mal. Notre pente naturelle va vers la distraction. Nous ne sommes pas méchants, non ; nous sommes des adultes expérimentés et d’honnêtes chrétiens, mais, comment dire ? Moyens. Moralement et spirituellement moyens. Bons ici, médiocres là.


Redécouvrir notre foi lors du carême

Avec quelques péchés si bien ancrés que nous les voyons plus et peut-être un peu de lassitude spirituelle. Le carême vient à point nous tirer de ce ronron spirituel de nos vies d'adultes. « Revenez à moi de votre cœur », dit le Seigneur par le prophète Joël, « car je suis un Dieu de tendresse ! ».
Pour se rapprocher de Dieu, pour remettre notre vie devant lui, pour renouer avec nos engagements et pour redécouvrir notre vocation chrétienne (qui est la sainteté), tous les moyens sont bons. Lire, écouter, partager, agir, prier, jeûner, faire silence, chanter, danser même (pourquoi pas ?), retrouver des amis perdus, faire plaisir gratuitement à nos proches, vider une vieille querelle, être bons, généreux, joyeux, simples et confiants…

Et si le fait de vous priver de chocolat vous aide à vous rapprocher du Seigneur, n'hésitez pas : enfermez le chocolat à double tour ! Quant à moi, il faudra que je trouve autre chose...

Fr. Yves COMBEAU, o. p.

Voir aussi
L’esprit du Carême
Carême - Chemins de conversion
De Carême à Pâques

Article publié dans Le Bulletin du Jour du Seigneur #174
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