Par Julia Itel – Publié le 15/04/2024
La cathédrale Notre-Dame de Paris, un chef-d'œuvre de l'architecture gothique, est célèbre pour ses sculptures détaillées, ses gargouilles emblématiques et ses magnifiques vitraux. Datant du XIIe siècle, elle a joué un rôle central dans l'histoire de France et reste un symbole religieux et culturel majeur, malgré les dommages subis lors de l'incendie de 2019.
Quelle est l’histoire de la cathédrale Notre-Dame de Paris ?
Une cathédrale au cœur de la cité
Après que Clovis s’est converti au christianisme, il fait de Paris, limitée en ce temps à l’île de la cité, la capitale du royaume franc. La ville devient progressivement un important centre religieux et un ensemble-cathédrale est construit durant l’époque du haut Moyen-Âge. Celui-ci est composé de trois édifices, que des fouilles menées au XIXe siècle ont révélé : une église dédiée à saint Étienne (se situant sous l’actuel parvis), une église consacrée à saint Jean le Rond et la chapelle du palais épiscopal (à l’emplacement du chœur actuel).
Au XIIe siècle, l’évêque Maurice de Sully décide de remplacer l’église existante selon les nouvelles inclinations architecturales : le style gothique qui fait la part belle à la lumière dans les édifices. La première pierre est posée en 1163. Notre-Dame de Paris est considérée, déjà à l’époque, comme un chef-d'œuvre de l'architecture gothique.
D’importantes modifications architecturales sont entreprises bien plus tard, au XVIIIe siècle, sous le règne de Louis XIV. Ce dernier confie la tâche à l’architecte Robert de Cotte et le cardinal de Noailles, alors archevêque de Paris, supervise les changements. Il procède à une refonte complète des éléments extérieurs, notamment en réaménageant les pignons, les rosaces et les clochetons du côté sud. Pour renforcer la structure, il consolide les arcs-boutants, les galeries et les terrasses, et lance la reconstruction de la grande voûte de la croisée du transept. Il modernise également le système d'évacuation des eaux pluviales, en remplaçant les gargouilles traditionnelles par des conduits en plomb. À l'intérieur, le cardinal fait enlever le jubé médiéval et embellit une chapelle avec des incrustations en marbre blanc pour sa famille. Le chœur est enfin rénové et décordé dans le style baroque.
Notre-Dame de Paris et les restaurations du XIXe siècle
À la suite de la Révolution française, la cathédrale est pillée et saccagée. Elle sert alors d’entrepôt. Elle finit donc par se détériorer et menace de s’écrouler. Après les dégradations subies par les révolutionnaires de Juillet (1830), les autorités parisiennes évoquent l’idée de détruire la cathédrale. Toutefois, en 1831, Victor Hugo publie Notre-Dame de Paris : le livre est un tel succès qu’une vague d’engouement populaire pour la restauration de la cathédrale finit par saisir Paris. Le projet est validé en 1842 par le ministre de la Justice et des cultes et le chantier est confié à l'architecte Eugène Viollet-le-Duc.
Notre-Dame de Paris, si loin si proche
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Notre-Dame : symbole de Paris
Notre-Dame redevient ainsi un centre important de la vie religieuse et culturelle à Paris. Ses murs portent la mémoire d’événements majeurs de l'histoire de France, comme le sacre de Napoléon Bonaparte en 1804.
En 1862, la cathédrale Notre-Dame de Paris est classée monument historique et, en 1991, elle est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Jusqu’en 2018, Notre-Dame accueille 13 millions de visiteurs chaque année.
L’incendie de 2019
Le 15 avril 2019, un incendie dévastateur (dont la cause n’est pas connue) endommage gravement la cathédrale, détruisant sa flèche et une partie de la toiture. Cet événement suscite une vague mondiale de sympathie et d'engagements pour sa restauration. Depuis l'incendie, un chantier important est en cours dans le but de restaurer fidèlement la cathédrale. Le Jour du Seigneur s’est d’ailleurs intéressé aux artisans qui sont à l’œuvre dans la série « Les Piliers de Notre-Dame ».
La cathédrale Notre-Dame de Paris : un joyau architectural
Une cathédrale gothique
Construite en forme de croix latine, Notre-Dame de Paris a une superficie totale de plus de 6000 m2. Elle mesure 127 mètres de long et 48 mètres de large. En entrant dans la cathédrale, on est immédiatement frappé par la grandeur de la nef. Elle s'étire vers le haut et le fond, bordée par des collatéraux. Ceux-ci permettent aux visiteurs et fidèles de déambuler dans la cathédrale et ils sont généralement bordés de chapelles. La hauteur de la nef, accentuée par les rangées de colonnes élancées et les arcades pointues, crée une sensation de verticalité et de légèreté caractéristique du style gothique.
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En dirigeant notre regard vers le plafond, on constate que celui-ci est formé de voûtes et qu’il repose sur des arcs d'ogives. Cette technique non seulement renforce la structure, mais permet aussi une meilleure répartition de la lumière, ce qui est caractéristique du style gothique. C'est la raison pour laquelle on trouve de nombreux vitraux dans la cathédrale, dont trois grandes roses. Ces fenêtres, particulièrement celles du transept nord et sud, dépeignent des scènes bibliques dans des couleurs éclatantes et sont des chefs-d'œuvre de l'art du vitrail.
En avançant, on se retrouve bientôt au niveau du transept, c'est-à-dire le bras horizontal de la croix. Là, le chœur est entouré d'un jubé et de stalles en bois finement sculptées et accueille l'autel principal, où se déroule le service liturgique.
La façade occidentale
Reconnaissable entre mille par la simplicité de ses lignes et son harmonie visuelle, la façade occidentale de Notre-Dame est profondément ancrée dans l'identité de Paris et de la France. La construction de la façade débute en 1200 et s’achève en 1250.
La façade occidentale comporte trois grands portails, chacun richement décoré de sculptures de personnages bibliques, permettant aux chrétiens illettrés de prendre connaissance et de comprendre l’histoire biblique. Le portail central, dédié au Jugement Dernier, est entouré à droite (ou au sud) du portail Sainte-Anne et à gauche (au nord) du portail de la Vierge.
Au-dessus des portails se trouve la galerie des rois. Vingt-huit statues représentent les vingt-huit générations de rois de Judée qui précèdent le Christ. Celles-ci, abîmées ou détruites pendant la Révolution, sont restaurées au XIXe siècle par les ateliers d’Adolphe-Victor et Geoffroy-Dechaume. La galerie des rois est elle-même surmontée de la galerie de Vierge. Et, au centre de la façade occidentale, l’on trouve une grande rose.
Enfin, deux tours carrées et massives encadrent la façade et s'élèvent à 69 mètres de hauteur. Construites en 1220-1240 pour la tour sud et en 1235-1250 pour la tour nord, elles offrent une vue impressionnante sur la ville de Paris.
Les célèbres gargouilles de Notre-Dame permettent d’évacuer l’eau de pluie de la toiture et servent donc de gouttières. Représentant des animaux imaginaires, les gargouilles médiévales sont situées au niveau des arcs-boutants du chœur. Des chimères sont ajoutées bien plus tard, lors de la restauration du XIXe siècle.
La flèche de Notre-Dame
Dans son histoire, plusieurs flèches ont été hissées au sommet de la cathédrale. La première est érigée vers 1250 mais, en raison de son état de détérioration, elle est démontée au XVIIIe siècle. Celle que nous connaissions et qui a malheureusement été détruite dans l’incendie de 2019, a été construite entre 1844 et 1864 sous la direction de l'architecte Eugène Viollet-le-Duc. Celle-ci, de nature ornementale, était faite de chêne recouvert de plomb et s’élevait à 96 mètres au-dessus du sol.
La flèche était ornée des statues des Douze apôtres ainsi que des quatre évangélistes. Tous tournés vers Paris, saint Thomas, patron des architectes, fait exception. En effet, il est le seul à se tourner vers la flèche.
Le clocher
Les deux tours carrées de la façade occidentale abrite plusieurs des 21 cloches de Notre-Dame de Paris. La plus imposante d’entre elles (2,63 mètres de diamètres, 13 tonnes), que l’on surnomme « le bourdon » mais dont le nom originel est « Emmanuel », est située dans la tour sud. Fondue en 1683 et sonnant en fa dièse, on l’entend lors des grands événements de la vie liturgique chrétienne (ex : Pâques). La tour sud comprend un autre bourdon, Marie.
Dans la tour nord se trouvent quatre cloches qui, en sonnant, continuent de marquer et de rythmer la vie des fidèles. D’autres cloches étaient auparavant placées dans la flèche mais elles ont été détruites lors de l’incendie de 2019.
La charpente de Notre-Dame de Paris
Avant qu’elle ne s’effondre au cours de l’incendie de 2019, la charpente de la cathédrale Notre-Dame de Paris datait du XIIIe siècle. On la surnommait « la forêt » car elle était composée de nombreuses poutres en bois de chêne, longues de 100 mètres, qui ont nécessité l’abattage de 1300 arbres. La charpente soutenait une toiture recouverte de 1326 tuiles de plomb.
L’orgue
Le grand orgue de Notre-Dame de Paris est un instrument exceptionnel, témoin lui aussi de l’histoire longue de la cathédrale. Il est placé sous la rosace, côté ouest, et il compte 115 jeux réels ainsi que près de 8000 tuyaux.
Un premier orgue gothique est d’abord érigé en 1403, puis il est reconstruit quatre siècles plus tard dans une esthétique classique. Sous la direction de l'organiste et facteur d'orgues Aristide Cavaillé-Coll, le grand orgue connaît une restauration majeure au milieu du XIXe siècle : dans le buffet classique du XVIIIe. Cavaillé-Coll modernise l'instrument, augmente sa taille et sa complexité. L’orgue est à nouveau remanié dans la deuxième moitié du XXe siècle afin de l’électrifier et de numériser sa transmission, ce qui permet d’améliorer ses capacités sonores.
Lors du tragique incendie qui a ravagé une grande partie de Notre-Dame en avril 2019, le grand orgue a miraculeusement survécu, bien qu'il ait été endommagé par l'eau, la suie et la poussière. Des travaux de restauration minutieux ont été entrepris pour le remettre en état.
Les peintures et sculptures à l’intérieur de la cathédrale
La cathédrale abrite plusieurs tableaux de grand format (environ 4,50m sur 3,50m) commandés par la corporation des orfèvres parisiens et réalisés entre 1630 et 1707. Leurs thèmes étaient décidés par les chanoines de Notre-Dame et ils illustrent pour la plupart les Actes des Apôtres, les Évangiles ou les thèmes de la Contre-Réforme. Ils sont offert à Notre-Dame les 1er mai : c'est pour cela qu’ils se nomment les « Mays » de Notre-Dame. Avant l’incendie de 2019, on peut admirer 13 Mays (retenus sur 51) dans les différentes chapelles de la cathédrale. On trouve parmi eux La Descente du Saint-Esprit (Jacques Blanchard, 1634), Saint Pierre, guérissant les malades de son ombre (Laurent de la Hyre, 1635), La Prédication de saint Pierre à Jérusalem (Charles Poerson, 1642), etc.
Parmi les sculptures placées à l’intérieur de la cathédrale, on trouve une statue de la Vierge à l’enfant qui date du milieu du XIVe siècle, placée par Viollet-le-Duc au pilier sud-est du transept, près de l’autel dédié à la Vierge Marie. Il est possible d’admirer dans le cœur la magnifique Pietà exécutée par l’artiste Nicolas Coustou en 1723 et l’imposant mausolée funéraire en marbre blanc du comte d’Harcourt de Jean-Baptiste Pigalle (1776).
Que contient le Trésor de Notre-Dame de Paris ?
Le Trésor de Notre-Dame de Paris, avant l'incendie de 2019, contient une collection riche et historiquement significative d'art sacré, principalement composée d'objets liturgiques, de reliques, d'œuvres d'art et de vêtements ecclésiastiques. Mais ce sont surtout les saintes reliques de la Passion, ramenées sous l’ordre de saint Louis en 1239, qui retiennent le plus notre attention ici. Dans un premier temps, les reliques sont conservées à la Sainte-Chapelle. Mais elles sont ensuite déplacées, après la Révolution française, à la cathédrale Notre-Dame.
La couronne d'épines est l'une des reliques les plus précieuses du christianisme, traditionnellement considérée comme la couronne portée par Jésus-Christ avant sa crucifixion. Elle a été sauvée de l'incendie de 2019 grâce à l'intervention rapide des pompiers. Les saintes reliques contiennent aussi un fragment de la Croix du Christ et un clou de la crucifixion.
Celles-ci sont gardées par les Chevaliers du Saint-Sépulcre de Jérusalem.