Pourquoi sommes-nous là devant nos écrans ou en cette église ce matin de dimanche, jour de la Résurrection ? Les raisons sont multiples et les situations des uns et des autres bien diverses :
– Pour casser une solitude ecclésiale et rejoindre des frères et sœurs et par les ondes « faire Eglise » ;
– Parce que la messe est ce rendez-vous hebdomadaire nourricier pour la vie spirituelle. Il donne force et sens à une vie parfois difficile par la maladie, l’éloignement, la solitude.
Mais je suis sûr que beaucoup pourraient dire : « Je veux voir Jésus », il est important que je le rencontre.
Vous n’aurez sûrement pas d’apparition… pas plus que moi-même. Mais évidemment, Jésus, nous le voyons parce qu’ensemble nous sommes son Corps. Nous sommes Corps du Christ rassemblé, signe de sa présence vivante.
Le Ressuscité se donne à voir, à rencontrer à travers ce peuple de baptisés, confirmés, qui dans la diversité des situations de vie, témoigne de lui chaque jour et le porte vivant. Il est ainsi bien présent au cœur de la réalité de notre monde, de notre société : dans les familles, les lieux de travail, lieux associatifs si vivants dans les villages, en milieu scolaire, dans les engagements de la vie politique.
C’est ce regard de foi qui donne sens à la réalité du Corps du Christ bien vivant.
« Je le vois. »
Il est avec nous jusqu’à la fin des temps sur les routes de la vie des hommes, nos routes humaines bien concrètes.
« Le voir » : L’Evangile nous le montre parmi la foule… Il est là où la tempête fait rage… Il est sur les routes de Palestine. Le voir, c’est prendre le chemin de l’Evangile avec ces hommes, les grecs pèlerins au Temple de Jérusalem.
Ils s’adressent à l’un des apôtres : Philippe. Après son appel, c’est lui qui va trouver Nathanaël : « Viens et vois, nous avons trouvé Celui dont il est écrit dans la loi de Moïse et les Prophètes, c’est Jésus de Nazareth… »
Là, Philippe va rejoindre André et ensemble, ils se rendent auprès de Jésus.
Voir Jésus : c’est toujours proposer une rencontre, conduits les uns par les autres. Le chemin des catéchumènes illustre cela. Et la rencontre de Jésus suscite toujours des déplacements au cœur des vies dans lesquels ce désir nait. Voir Jésus change toujours la vie.
A la messe, nous sommes statiques… surtout en ces temps si particuliers !
L’Evangile est mouvement, mise en mouvement, Jésus n’est pas statique.
Le rencontrer, le voir, c’est être appelé à le suivre… prendre la route avec Lui…
Le voir, ce n’est pas aller au spectacle ou voir s’agiter un homme politique.
C’est se mettre à son école pour adorer Dieu « en esprit et en vérité » et pour faire « comme il a fait pour nous ». Il nous lance dans le service. Il a lavé les pieds de ses disciples, il me lave les pieds.
Il se met à genoux devant moi pour me donner d’être debout devant son Père et à mon tour, en service, pour que vive ce monde selon le cœur de Dieu.
Suivre Jésus, c’est, comme lui, être le grain de blé tombé en terre.
Chacun de nous, enfoui dans notre environnement quel qu’il soit, nous sommes appelés à porter fruit d’Evangile. Ainsi s’approche le Royaume de Dieu et il s’inscrit là où nous vivons.
C’est cela glorifier Dieu à la suite de Celui qui a été élevé de terre et qui nous attire.
La gloire de Dieu, c’est être pour lui des vivants, vivre de sa vie par Jésus, avec Jésus, en Jésus et en porter les fruits. C’est évidemment faire vivre : ce fut la mission de Jésus, c’est la nôtre.
C’est notre gloire d’être ces visages vivants du Christ Jésus, visage du Père.
Jésus, par le don de sa Parole et de par son Pain, façonne son corps et lui donne visage de Lumière, de Paix, d’Amour et d’Espérance, c’est le visage de la proximité de Dieu. A nous de lui en donner les traits.
Ce visage, ici, des communautés chrétiennes l’ont porté dans les jours difficiles de la Tempête Alex et elles le portent encore.
En cette terre malmenée et meurtrie : villages défigurés, cimetières emportés, cœurs et vies déchirés, victimes non retrouvées, nous témoignons de tant d’attitudes de solidarité, d’engagements pour le service de tous, de moments de prière, de partage, pour dire l’Espérance enfouie, le désir de vivre envers et contre tout. Témoigner de la tendresse de Dieu, c’est toujours concret.
Ainsi, Jésus, prit sur lui la souffrance, osa le cri de désespoir : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? », passe par la mort. Beaucoup portent ainsi ces situations….
Mais passer par la Croix ouvre sur un matin de Pâques.
Jésus attendait Marie-Madeleine, debout, hors du Tombeau, la mort vaincue.
Présent et vivant, Il attend sur le bord de nos rivières, au cœur de nos villages, avec et par nous.
Il apaise la tempête des cœurs, les colères, les incompréhensions et les impuissances.
Des nuits, il y en aura encore…
Mais se tisse un chemin d’Espérance.
La solidarité de tous, sous toutes ces formes, est déjà une résurrection.