L’évangile de ce dimanche est un mélange de prière et de paroles d’adieu. Disons que c’est une prière sous forme de paroles d’adieu. La prière c’est du temps donné à Dieu.
En général, lorsque nous prions Dieu, nous lui présentons une intention en faveur de nos proches. Or c’est aussi le cas pour Jésus quand il prie son Père pour ses amis.
Durant sa vie terrestre, Jésus a sans cesse cherché à tisser des liens d’amitié. Nous connaissons Lazare, Marthe et Marie de Béthanie. Et puis, lors du dernier repas avec ses disciples, il leur dit : « je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis »…
Et Jésus, dans sa prière, tout naturellement, demande au Père de veiller sur ses amis, de les garder dans l’unité et de les protéger du Mauvais. Il demandera aussi : « Qu’ils aient en eux ma joie et qu’ils en soient comblés ».
L’amitié nous est particulièrement réconfortante en ce temps de pandémie. J’éprouve tant de joie quand je reçois un texto, une lettre, un mail, un appel téléphonique d’un ami durant cette crise sanitaire. Ce signe me redit que je suis important pour quelqu’un.
Jésus veut pour ses amis le meilleur et le meilleur pour lui c’est d’être sous le regard aimant du Père. C’est dans le nom de Dieu que nous pouvons puiser la joie complète qui nous fera tenir contre le mal : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom ». Nous connaissons surement cette belle prière inspirée des paroles du psalmiste : « Notre secours est dans le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre ». Nous pouvons effectivement cultiver le réflexe d’invoquer le nom du Seigneur, dans des situations difficiles ou agréables.
Mais, être unis dans le nom du Seigneur va au-delà d’une simple évocation de son nom. Cela comporte un engagement à plus de fidélité à l’Évangile du Christ, cela nous conduit à nous laisser sanctifier dans la vérité, c’est-à-dire associer le Christ à notre vie, lui qui est la Parole de vérité.
Invoquer le Nom de Dieu,
c’est s’envelopper de lui chaque fois que nous faisons le signe de la croix « au NOM du Père et du Fils et du Saint Esprit » ;
c’est interpeller sa présence dans notre quotidien, lui parler et l’écouter dans la prière, l’Évangile, comme on le ferait avec quelqu’un qui nous aime et que nous aimons retrouver.
La prière de Jésus pour ses disciples n’est pas pour autant une garantie que ceux-ci ne rencontreront pas des difficultés. Il serait bien plus facile pour Jésus de retirer ses disciples de ce monde. Mais non, c’est bien dans ce monde qu’ils sont appelés à témoigner de leur communion avec le Père.
Les disciples de Jésus sont encore marqués par les tristes événements qui ont conduit à sa mort ; s’ils ont peu à peu retrouvé la foi, ils demeurent abimés par la violence de sa crucifixion. Et il est vrai que le fait d’être chrétien ne nous épargne pas.
Certes nous ne vivons pas souvent la radicalité du mal et de la violence qu’ont vécu les disciples et qui s’acharne aujourd’hui encore dans certaines régions du monde mais nous aussi, nous pouvons rencontrer des formes d’adversité et de tentations qui ruinent notre confiance en Dieu et notre joie profonde : dans nos familles, nos lieux de vie et de travail, nos communautés paroissiales ou dans la société en général. Nous pouvons être confrontés à la critique permanente, au découragement, au mépris, à l’injustice, à la souffrance ou à la peur… Au cœur de cette terrible crise sanitaire, la joie n’est-elle pas aussi un mot oublié ?
Nous pouvons être tentés de nous laisser atteindre par ces attaques malignes du réel et du monde. Comment vivre pleinement sinon en restant unis en Dieu dans la joie ?
Nous le savons, aujourd’hui comme hier, beaucoup paient de leur temps, de leur confort, de leur personne, et même parfois de leur vie le fait d’être chrétiens.
Une femme de ma paroisse, qui est en grande souffrance à cause d’une maladie, répond invariablement à notre inquiétude avec un magnifique sourire : Tout va bien !
Comme elle m’encourage à vivre dans cette même confiance joyeuse envers et contre tout !
Comme elle, nous sommes appelés à donner une telle réponse d’amour.
Comme elle, nous disposons d’un trésor inépuisable pour prendre ce monde à bras le corps : la JOIE de Dieu.
Oui, l’arme que Jésus demande pour nous au Père contre le Mauvais c’est la JOIE.
JOIE d’être aimé de lui, toujours et partout,
JOIE complète, parfaite, contagieuse et plus forte que tout.
Voilà la Vérité ! Et nous sommes faits ensemble pour cette vérité,
au NOM du Père et du Fils et du Saint Esprit !