"Que devons-nous faire" demandent les foules.
"Que devons-nous faire" questionnent des collecteurs d’impôts.
"Que devons-nous faire" interrogent encore des soldats.
Une même question, formulée par des personnes fort différentes : soit les anonymes d’une foule, probables gens de bonne volonté, soit plus surprenant, des fonctionnaires redoutés pour leurs abus de pouvoir ou leurs "prises illégales d’intérêt".
Tous sont touchés par le témoignage de Jean le baptiste et par la claire vigueur de ses propos "convertissez vous, dit-il, et produisez des fruits qui témoignent de votre conversion ! Déjà la hache est au pied de l’arbre : tout arbre qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu !"
Avec audace et franchise, Jean bouscule et réveille les consciences : beaucoup reçoivent alors un baptême d’eau, premier signe d’une conversion des comportements et des coeurs.
Beaucoup, car "tout le peuple était en attente" précise l’évangéliste Luc, et "tous s’interrogeaient"
Légitime attente des pauvres en quête de jours meilleurs, salutaire attente des riches, tristement encombrés de leur trop plein, patiente attente des croyants qui, dans la nuit, guettent l’aurore. Attente encore des collecteurs d’impôts et des soldats, ces gens craints et méprisés et qui se sont laissés émouvoir : n’espèrent-ils pas, eux aussi un peu d’estime et un peu d’amour ? N’aspirent ils pas, eux aussi ; à mettre leur conscience en paix et à goûter, enfin, au bonheur de faire le bien ?
À questions simples, mais sincères, réponses simples, mais exigeantes de Jean-Baptiste : aux membres de la foule, Jean ne fait que rappeler la pratique de la plus fondamentale des règles sociales, qui est aimer et partager : "que celui qui a deux vêtements partage avec celui qui n’en a pas de même pour la nourriture !" Aux collecteurs d’impôts : ne trichez pas avec vos comptes et aux soldats : n’abusez pas de votre force !
Ces hommes, ces femmes, de tous métiers, venus de partout, aujourd’hui, c’est nous soeurs et frères, chrétiens de Montrouge, participants fidèles ou inattendus de cette messe télévisée : c’est vous, c’est moi
Acceptons alors de nous poser, à notre tour, la question : que pouvons-nous faire ?
Pratiquer le droit et la justice, tout d’abord :
Quels que soient notre métier, notre pouvoir, notre âge ou notre place dans la société, remettons au centre de nos préoccupations et de notre comportement, comme une loi morale inscrite en notre coeur, l’attention à chaque être, en particulier le plus faible et le plus démuni ; le souci du bien commun, l’accomplissement, sans tricherie, de notre tâche quotidienne ; en d’autres termes, le respect loyal de la justice et du droit !
Etre artisans de paix, ensuite :
"Heureux les artisans de paix" proclame Jésus. "En marche, les faiseurs de paix !" invite aujourd’hui le mouvement Pax Christi en ce temps de l’avent
Comment être insensibles à de tels appels : le surarmement mondial est redoutable : du missile sophistiqué à la bombe artisanale, que de violences et de menaces ! Et que dire de nos rancunes et de nos poings fermés, de nos interminables vengeances, de nos pensées et de nos paroles assassines ?
Les champs de bataille sont innombrables et se cachent souvent au plus secret de nos coeurs ! Il est urgent de faire la paix, mais pas n’importe comment. La paix est bien plus qu’une fleur qu’on accrocherait avec insouciance au bout d’un fusil : elle demande de notre part un vrai travail de respect du droit et de la justice, un patient travail de vérité et de réconciliation.
Il y a 40 ans, le pape Jean XXIII faisait figure de prophète en rappelant dans Pacem in Terris, qu’il n’y a pas de paix sans justice : "la paix, dit-il, a la vérité comme fondement, la justice comme règle, l’amour comme moteur et la liberté comme climat".
Enfin retrouver la joie :
C’est le signe que Dieu est en nous, que chacun s’est retrouvé avec le meilleur de lui-même, que nous avons du bonheur à être ensemble. "Pousse des cris de joie, fille de Sion, le Seigneur est avec toi ! Tu n’as plus à craindre de malheur" s’écrie le prophète Sophonie, et saint Paul d’insister : "Laissez moi vous le redire : soyez dans la joie, le Seigneur est proche !".
Oui, la joie exprime notre bonheur de devenir plus vrai et plus juste, d’aimer et de faire la paix : c’est la joie de Dieu, joie partagée, qui dilate le coeur et nous relie les uns aux autres.
En marche les faiseurs de justice et de paix !
Voilà, amis de bonne volonté, ce que nous pouvons faire, aujourd’hui,
Voilà ce à quoi nous sommes invités : la Justice, la Paix, la Joie !
Références bibliques :
Référence des chants :