En ces jours, sur de nombreux arbres de nos jardins et vergers, lorsque la météo a été favorable, nous voyons poindre progressivement tous les bons fruits déjà mûrs ou en voie de maturation. La tentation se fait grande à l’idée de les cueillir avant de les dévorer. Aucune voix ne vient nous l’interdire si ce n’est la prudence devant toute boulimie.
Vous, élèves de cette école du Nivot, connaissez bien ce rapport à la nature, pour savoir planter un arbre et le voir croître, pour élever des animaux et veiller sur leur croissance, pour accompagner dame nature dans le cycle ordinaire des saisons. Et tous les jardiniers, éleveurs et arboriculteurs partagent votre passion
Qu’aurions-nous fait dans le jardin d’Eden ? Dans le livre de la Genèse, il nous est raconté qu’Adam et Eve avaient tout pour eux, gratuitement, et qu’ils ont voulu en jouir sans prendre conscience que ces fruits étaient un don et qu’il fallait les apprécier à leur juste valeur, parfois même le laisser sur l’arbre. 
Pour croître en humanité à l’égal de la nature, il est bon d’éviter certaines attitudes et comportements.
Les mauvais choix que nous faisons parfois ont le même effet sur nous que le gel sur les bourgeons et les fleurs. En les détruisant par un coup de froid, le gel nuit à l’émergence des fruits à venir et empêche donc une récolte abondante qui récompense normalement le travail accompli.
Il est toujours bon de mesurer les conséquences ultérieures des gestes et des paroles que nous posons maintenant.

Chers jeunes, dans votre rapport quotidien, avec les arbres et les animaux, vous trouvez la bonne façon de faire : les nourrir, les protéger des parasites et des virus, renforcer leurs systèmes immunitaires, en un mot prendre soin. De même pour vous enseignants, laïcs et frères, et vous parents qui accompagnez ces étudiants dans leur croissance et épanouissement personnel.
En cela vous imitez Jésus tel que l’évangile nous le présente aujourd’hui…
Après avoir détecté la cause de leurs maux, la possession de tant de gens par le mal et le démon, Jésus les libère et la foule reconnaissante s’attroupe autour de lui. Mais la méchante rumeur circule : ses pouvoirs, ses compétences viennent-il de Satan ou d’ailleurs ?
L’accusation qui lui est adressée a pour motif de le décrédibiliser. Mais en réalité, Jésus souhaite guérir et prendre soin. Il est habité par l’Esprit.
Comme chrétiens, nous désirons aussi que l’Esprit Saint nous emplissent de sa grâce. C’est le sujet de notre prière et de notre espérance afin de toujours trouver le mot qui apaise, l’attitude convenable, le vrai sens des choses.
La meilleure filiation que nous pouvons entretenir avec Jésus ne dépend pas de nos liens de sang mais de nos dispositions de cœur et d’âme. Profitons de la contemplation de la nature afin de nous aider à comprendre.
Pour beaucoup d’entre vous, internes ici au Nivot, comme pour tout ce qui ont la chance de vivre à la campagne, au point du jour en ouvrant la fenêtre, il est possible d’admirer les pâturages, les champs cultivés, les vergers et les forêts denses. Par eux, les saisons donnent chacune une couleur au ciel et à la nature. Les arbres nous disent leur message sans prononcer un mot. 
Vous me pardonnerez en n’entrant pas dans la complexité entre les feuillus et les épineux…
Au printemps, les arbres retrouvent toute leur puissance feuillue et florale puis chacun selon son état porte son fruit. Pour cela il puise dans le sol avec ses racines tous les éléments dont il a besoin et par ses feuilles il absorbe cette énergie que la photosynthèse lui permet.
Il est irrigué, nourri, rendu plus fort non seulement par ses propres forces mais aussi par l’environnement qui l’entoure. Et si à un moment il doit se dépouiller, perdre son feuillage, avec l’amenuisement de la sève, en automne puis en hiver, l’arbre se prépare à revivre avec la même énergie voire plus grande encore qu’il n’a eue au printemps précédent.

Et bien, nous pouvons faire l’analogie avec notre vie chrétienne.
Nous possédons en nous ces racines qui puisent en notre humanité pour nous permettre de déployer tous nos talents tel un ramage abondant. Mais nous savons qu’il ne suffit pas de manger et de s’abreuver encore faut-il nourrir notre esprit, faire la photosynthèse spirituelle avec notre cœur et notre âme, afin de pouvoir assimiler toute l’énergie que nous donne le Christ qui nous inspire. C’est en entretenant cette relation filiale et fraternelle, de ceux qui font la volonté du Père que nous pourrons sans cesse entretenir l’arbre de la vie en Dieu afin de résister aux intempéries et de porter du fruit en abondance. Nous sommes bien plantés en terre mais notre perspective est de se déployer vers le ciel. Comme le dit saint Paul aux Corinthiens : « ce qui se voit est provisoire mais ce qui ne se voit pas est éternel » (2 Co 5, 1). Le Seigneur nous accompagne dans notre croissance.

 

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