Qu’espérons-nous, frères et sœurs ?
Après avoir entendu cet Évangile, chers fidèles téléspectateurs, frères et sœurs, cette question nous est posée à chacun d’entre nous : qu’espérons-nous ? Espérons-nous comme les apôtres ? Espérons-nous être le plus grand ? C’est ça notre espérance ?
Regardons le contexte dans lequel cette discussion honteuse s’est produite : Jésus vient d’annoncer sa pâque. Il vient d’annoncer les trois jours saints où il est question de mort – ou plutôt de meurtre – et de résurrection… ce dernier mot, visiblement, n’a pas été intercepté. Il est passé inaperçu. Un peu comme s’il était écrasé par l’effrayante annonce du meurtre de Jésus. Cette mort a pris toute la place et les apôtres n’ont retenu que cela. Et résurrection, c’est un mot compliqué : personne ne sait vraiment ce que c’est… c’est flou.
La mort annoncée a donc jeté un froid dans le groupe des douze, et juste après, les apôtres discutent de savoir qui d’entre eux serait le plus grand d’entre eux ! est-ce là ce qu’ils espèrent ? Être le plus grand ? En quelques sorte, après la mort de Jésus, ils se posent la question de savoir qui sera son héritier comme des fils vénaux qui se disputent l’héritage au chevet du père qui meurt.
Mais Jésus va bouleverser l’espérance des apôtres, il va la subvertir. La mettre sens dessus-dessous ou « cul par-dessus tête ».
Jésus fait un geste d’espérance pour enseigner les apôtres : lequel ? Il place un enfant au milieu d’eux.
Placer un enfant au milieu de nous c’est faire un geste d’espérance. Et voilà quelle en est la preuve.
Où sont les enfants ? Où est l’enfant ? Est-il au milieu de nous ? Est-il au milieu de nos sociétés ? Où est l’enfant dans nos villes ? Où est l’enfant dans nos projets ? Où est l’enfant dans nos vies ?
Placer l’enfant au centre, c’est faire un geste d’espérance.
Le pape François nous invite pour l’année 2025 au jubilé de l’espérance en ayant « une vision de la vie pleine d’enthousiasme à transmettre » . Or il constate tristement dans beaucoup de situations « la perte du désir de transmettre la vie ». Oui, où sont les enfants dans nos pays où la natalité baisse ? Où est notre enthousiasme de vivre ? Où est notre désir de donner ce que nous avons reçu : la vie ? « Ce désir, poursuit le pape, est une question d’espérance, puisqu’il dépend de l’espérance et produit l’espérance ».
Alors chers frères et sœurs : quel est notre désir ? Quelle est notre espérance ? Avons-nous l’espérance ?
Il me semble que les discussions des apôtres de savoir qui sera le plus grand… c'est-à-dire, plus grand que leur voisin, plus grand que leurs confrères… ces discussions produisent en nous l’amertume, la jalousie, les rivalités. Saint Jacques, l’apôtre, dans la deuxième lecture l’a bien repéré : « d’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement de tous ces désirs qui mènent leurs combats en vous-mêmes ? Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez »
Ah oui ! Où est l’enfant qui nous décentre de cette préoccupation d’être le plus grand ? Cet enfant que Jésus place au milieu des apôtres comme pour dégonfler la baudruche de leur orgueil… Cet enfant ? Cet enfant, ne serait-il pas une petite fille après tout ? Ne serait-elle pas la petite fille espérance que chante Charles Péguy ? Une petite fille entourée de ses deux grandes sœurs : la foi et la charité. La petite fille espérance : Jésus veut la placer au milieu de nous pour que nous n’oublions jamais que nous vivons pour espérer. Comme un enfant avide de découvrir, avide de vivre, avide d’émerveillement.
Aujourd'hui, Jésus place un enfant au milieu de nos ambitions, de nos rêves comme pour les ramener sur terre. Mais il place aussi un enfant au milieu de nos échecs pour que nous puissions encore espérer. Jésus en plaçant ainsi la petite fille espérance nous invite au goût de la vie… car la vie est bonne frères et sœurs. Elle est bonne parce qu’elle nous somme d’espérer, et espérer : c’est vivre.
Le psaume 130 (qui n’est pas celui que nous avons entendu aujourd'hui mais qu’il nous est bon de nous remémorer) pourrait être celui qui a inspiré Jésus dans son geste de placer un enfant au milieu des apôtres : 3 versets à apprendre par cœur, frères et sœurs :
Seigneur, je n'ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ;
je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent.
Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ;
mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère.
Espère le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais.