Au coeur du Christianisme il y a un événement. Et c’est de cet événement que naissent notre foi et notre espérance. Sans cet événement, le christianisme devient vide, nul, et pour tout dire absurde.
La résurrection du Christ est en effet le sceau de Dieu sur la divinité du Christ. Le Crucifié devient le Ressuscité, le Vendredi Saint débouche dans la Pâque, la nuit s’efface dans l’aube.
Les femmes se rendent au tombeau pour honorer le corps du Seigneur.
C’est l’aube : en leur coeur est encore vivant le souvenir du maître, à quoi se joint la douleur de l’expérience vécue avec sa crucifixion. Peut-être retrouvent-elles en leur coeur les paroles du maître ; peut-être éprouvent-elles l’amertume d’avoir espéré en vain, puisque tout est fini, Jésus est mort. Il ne leur reste que le réconfort de ce dernier geste de piété respectueuse.
A leur délicatesse se mêle une préoccupation bien concrète : "Qui nous roulera la pierre de l’entrée du tombeau ?" Un comportement qui révèle leur anxiété et en même temps, leur confiance. Elles ne disent pas "comment roulerons-nous la grosse pierre", mais "qui nous roulera la pierre".
Mais voilà que la pierre est ôtée, et le tombeau est vide.
Ce tombeau, dont la sortie avait été bloquée par une grosse pierre, n’est pas la fin d’une illusion ou l’écroulement d’une espérance. ; ce tombeau est le commencement, le principe, la source de l’espérance pour l’homme, bien qu’il vive encore sur une terre couverte de décombres et de sépulcres.
Une force vive surgit de ce tombeau vide. Rien ni personne ne pourra supprimer par la mort celui qui est la vie, ni supprimer sa présence qui défie la cruauté et la violence, qui, aujourd’hui encore, tracent leurs sillons dans nos coeurs et dans notre histoire.
La réaction est faite de peur et de stupéfaction, car voici que survient un tournant radical dans le destin de l’humanité. Depuis que le Fils de Dieu, le vivant par excellence, est passé par le ténébreux pays des ombres de la mort, tout a été irradié de lumière.
Devant cette découverte, les femmes réagissent avec crainte, stupeur et joie. Ce sont les sentiments que, depuis toujours, l’homme éprouve face au mystère divin.
Aussitôt suit l’invitation : "Maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée.".
Il est utile de souligner ce trait particulier : la première expérience de la Pâque est confiée à des créatures considérées comme les "dernières" dans l’échelle sociale d’alors, où les femmes n’étaient pas même habilitées à témoigner lors d’un procès.
Nous sommes donc devant un événement entièrement nouveau. Une fois encore, ce sont les derniers qui deviennent les premiers. Ce que les femmes ont vu n’est pas seulement un fait historique, mais c’est une expérience de foi. La même qui se répète pour nous maintenant en cette Pâque du Seigneur. Le jeune homme qu’elles voient dans le tombeau les invite à être témoins de la résurrection de Jésus et de sa présence dans notre histoire. Il sera possible de le rencontrer encore, de le voir, d’entendre encore la voix du maître sur les routes de Galilée. Mais, comme l’enseigneront les autres apparitions, sa présence sera différente, la route pour le rencontrer aura des parcours inédits, le moyen pour écouter sa voix devra être fondé sur d’autres attitudes intérieures.
Telle est l’expérience qui nous est ouverte, à nous aussi ; des premiers témoins de la résurrection, nous recevons l’Evangile de la Pâque. Une expérience qui devient prière : "Manifeste-toi à moi Seigneur, car c’est une lourde épreuve de perdre le goût de Dieu."
Dans cette apparition du Christ se trouvent la source de notre avenir, notre espérance et le sens de notre existence, comme le soulignait Henri de Lubac :
"L’homme a de la valeur, parce que son visage est illuminé par un rayon du Visage divin du Ressuscité, parce que, tout en vivant et en agissant dans l’histoire, il respire déjà l’air de l’éternité."
Dans la Pâque nous sommes appelés à renaître. Mais la Pâque n’est pas établie par le calendrier, et pas même quand on célèbre les solennels rites liturgiques.
La Pâque est l’échange du don de Dieu qu’est son propre Fils lui-même, avec l’offrande de notre pauvreté.
Elle est la rencontre de la bonté divine qui se fait Personne dans le Fils, avec l’humble bonté de notre coeur.
La splendeur et la richesse de la Pâque jaillissent de l’élan spontané de notre coeur qui répond à l’appel à la vie que nous lance le Père.
Appel d’amour, de résurrection et d’éternité.
Références bibliques :
Référence des chants :