Chers amis,
Vous êtes venus remplir Notre-Dame de Paris : merci d’avoir répondu à mon invitation. Ce soir, l’Église a besoin de vous, le monde a besoin de vous. Vous me direz : mais pour quoi faire ?
Eh bien, aujourd’hui un Sauveur nous est né ! Aujourd’hui, l’événement de Bethléem est vécu dans l’Église et dans le monde. Aujourd’hui, le salut arrive aux hommes. Et qui sont les premiers à être prévenus ? Les bergers, des gens qui vivent à part, des gens qui sont souvent exclus, des gens qui travaillent la nuit, des pauvres dont la vie est dure. Pourquoi Dieu veut-il que ce soit eux les premiers prévenus ?
Peut-être Dieu veut-il nous faire signe grâce à eux. Il nous dit que, pour accueillir l’amour, il ne faut pas trop se défendre ; pour accueillir la richesse de Dieu, il ne faut pas avoir les mains pleines de son or ou de son argent, mais avoir les mains ouvertes ; pour pouvoir accueillir le Sauveur des hommes, il faut savoir ce qu’est la souffrance, savoir aussi ce qu’est la pitié, mais surtout ce qu’est la compassion, le respect de celui qui est dans le malheur. Il faut avoir été méprisé, peut-être, pour commencer à comprendre combien Dieu aime l’homme en se faisant homme.
Alors, vous qui avez bien voulu répondre à mon invitation, vous êtes aujourd’hui pour l’Église les bergers de la crèche ; vous devez être, comme eux, les premiers prévenus et écouter ce message bouleversant : " Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes, car Dieu les aime. " Mais cela ne suffit pas. L’Évangile nous raconte que les bergers, après avoir entendu cette acclamation qui touche le monde entier, se disent : " Allons à Bethléem. " Ils trouvent Marie, Joseph, le nouveau-né dans la mangeoire. Après avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet Enfant. Tous ceux qui les entendirent étaient étonnés ; quant à Marie, elle gardait tous ces événements, toutes ces paroles dans son coeur et les méditait. Puis, les bergers s’en retournèrent, chantant la gloire de Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, en accord avec ce qui leur avait été annoncé.
Eh bien, vous êtes les bergers d’aujourd’hui. Vous êtes venus jusqu’au lieu où le Christ veut se faire connaître, son Église. Et si, cette nuit, le Seigneur vous annonce la même paix et la même joie, vous devez témoigner de l’amour dont vous êtes devenus les témoins. Comme les bergers, vous rendrez gloire à Dieu pour que les hommes de ce monde, à leur tour, puissent, grâce à vous, s’émerveiller de ce que Dieu fait pour nous.
Car, c’est un amour immense dont Dieu nous aime. Peut-être sommes-nous frappés par les malheurs qui accablent l’humanité. Aujourd’hui même, nous avons entendu raconter les malheurs qui éprouvent tant d’hommes et de femmes, en France, en Afrique, en Amérique du Sud, dans l’Est de l’Europe ; inutile de répéter ici, ce soir, les informations. C’est notre pain de misère, c’est ce que nous voyons, de jour en jour.
Alors, nous demandons ce que fait le Bon Dieu dans tout ça ! Ce qu’il fait ? Il nous a appelés, il vous a appelés. Pourquoi ? Parce que, depuis que le monde est monde, l’homme est cruel pour l’homme. Mais, depuis que le Fils de Dieu s’est fait homme et est venu dans notre chair, depuis cette nuit de Bethléem, l’amour est entré dans le monde, comme une force qui soulève ce monde. Et cette force, c’est aux plus faibles qu’elle est confiée, à ceux qui acceptent d’aimer gratuitement, sans espoir de retour et qui ne cessent de combattre, du vrai combat ; non pas le combat qui tue, mais le combat qui donne la vie, le combat de l’amour plus fort que la mort, le combat de l’amour qui vient de Dieu.
Car, désormais, quand nous contemplons l’Enfant dans la crèche, nous voyons déjà Celui qui va porter le péché du monde. Dans cette cathédrale, il y a deux statues de Marie qui porte Jésus. L’une, au pilier : nous voyons l’Enfant, le petit enfant qu’elle tient dans ses bras, nous voyons sur le visage de la Mère un sourire ; l’autre, au fond du choeur : Marie est assise au pied de la croix, les bras levés, et elle accueille sur ses genoux le corps mort de son Fils. Ce mystère n’est pas seulement le mystère d’une mère qui subit un destin tragique. C’est le mystère de l’amour qui va plonger jusqu’au plus profond de la condition humaine et de son malheur pour en sortir l’homme. Parce que Dieu lui-même, dans sa tendresse, porte nos souffrances, nos péchés. Dieu lui-même se fait l’un d’entre nous pour nous donner la force d’aimer comme il nous aime, afin qu’à notre tour, par notre amour, nous soulevions le monde, puisque le Seigneur de tous est venu jusqu’à nous et nous donne sa vie.
Voilà, frères, la grande joie que, ce soir, je demande à Dieu pour vous, quelles que soient vos épreuves. Je souhaite de tout mon coeur que cette joie vous habite et que vous la communiquiez aux autres. Si vous êtes pauvres, avec cette joie vous possédez une richesse plus grande que tout l’or du monde. C’est la richesse de la vraie vie ; c’est la richesse de la vraie dignité humaine ; c’est la richesse du pardon ; c’est la richesse de l’Espérance.
Et si vous, vous espérez, le monde le désespérera pas.
Mes amis, soyez, en cette nuit de Noël, les bergers grâce à qui ce grand chant est transmis aux hommes :
" Gloire à Dieu au plus haut des cieux ; et paix sur la terre aux hommes,car Dieu les aime. "
Références bibliques :
Référence des chants :