"les bergers racontèrent tout ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant". Il ne s’agit pas d’une remarque banale : cet enfant sur la paille serait le Sauveur que l’on attend, Dieu lui-même, non pas planqué dans les nuages mais incroyablement proche⦠Coup de cymbale donc ! C’est bien beau de nous attendrir sur le petit Jésus de la crèche, un peu d’affection ne nuit jamais. Mais attendons-nous à être surpris ! Ce petit enfant n’a pas finit de nous en faire voir ! Essayons, voulez-vous, de faire le lien entre le nourrisson dans ses langes et l’homme de Nazareth, dans la force de l’âge, marchant avec ses disciples vers Jérusalem, vers la croix et la résurrection.
Ce bébé qui n’a l’air de rien a bouleversé ses contemporains par ses rencontres. Une parmi d’autres, tenez : Jésus adulte fait face à une femme surprise en flagrant délit alors qu’elle trompe son mari. La colère de la foule est comme une vague qui l’emporte pour être tuée, tout de suite, en lui jetant des pierres. Jésus, qui n’est plus du tout un enfant, a l’une de ses formules choc : "que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre !". Tous se retirent, la femme a la vie sauve et en prime cette recommandation : "va et ne pèche plus !". Alors, où est-il le bébé de Noël, là ? Il est l’homme d’expérience qui remet en cause non pas la Loi elle-même, mais son application aveugle, lorsqu’elle nous rend inhumains.
Deuxième exemple : dans la région de Canaan, Jésus rencontre encore une femme, une païenne. "À mon secours" dit-elle, suppliant pour la guérison de sa fille malade. Réponse dure de l’homme Jésus, face à cette païenne : "On ne prend pas le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens !". La femme le supplie tant que le Fils de Dieu guérit sa fille. Je trouve extraordinaire cette façon dont Jésus est ouvert aux autres, se laisse fléchir. Ses rencontres, cela le bouge !
Un troisième exemple : Jésus est un maître de sagesse qui ne se contente pas de répéter ce qu’on dit les autres ! "Vous avez appris, dit-il : tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien, moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent !".
Cet enfant fragile de la crèche, quand il deviendra grand, vraiment il va faire du neuf, il va remettre en cause la Loi, il va montrer la miséricorde de Dieu !
À Noël, Dieu se déplace vers nous. Acceptons de nous déplacer, nous aussi, vers lui comme les bergers se sont déplacés et ont du être bougés intérieurement bien plus encore, comme les forains qui se déplacent et sont bougés, transformés par leurs rencontres. Acceptons de suivre Jésus dans sa croissance. N’en restons pas au petit Jésus de la crèche, allons à l’homme – Dieu qui nous invite à grandir à sa suite.
Je n’apprendrais rien à personne en disant que Noël est l’époque des cadeaux. Tous ces présents que l’on s’offre trouvent leur source dans le cadeau que Dieu nous fait d’un gosse de pauvre dans une crèche. Un cadeau, nous ne nous contentons pas de le contempler sans le déballer. Si j’ose dire, il y a aussi du travail à faire pour déballer le cadeau de la foi. À quoi servirait notre émotion sur l’enfant de Marie et de Joseph si nous ne recevions pas également tout ce que l’homme de Nazareth vient nous révéler sur Dieu ?
À la fin de notre page d’Évangile, les bergers ne restent pas scotchés à la crèche, ils partent et racontent : ils nous montrent le chemin à prendre pour vivre vraiment. Suivre le nouveau-né qui va grandir, s’attacher aux paroles et aux gestes de l’homme de Nazareth, essayer de nous en inspirer et voir ce que cela change dans notre vie.
Toi qui regarde de l’autre côté de l’écran ou bien toi qui es ici parce que Noël, quand même, c’est bien beau, peut-être ne sais-tu pas vraiment si tu crois en Dieu⦠En tout cas, Dieu, lui croît en toi, il te rejointâ¦Te bougeras-tu ?
Références bibliques :
Référence des chants :