L’Eglise célèbre aujourd’hui la Pentecôte. C’est le dernier jour des fêtes de Pâques, pendant lesquelles toutes les communautés chrétiennes ont vécu la Résurrection de notre Seigneur Jésus Christ.
Les textes de la Parole de Dieu sont pleins de signification.
Dans les "Actes des Apôtres", nous accompagnons l’événement de la venue de l’Esprit Saint sur les Apôtres : "le coup de vent, les langues de feu, le don des langues, la foules des convertis".
Dans la "1ère Epitre aux Corinthiens", Paul nous parle des conséquences de la présence de l’Esprit au sein des primitives communautés chrétiennes : Il y a diversité de vocations, diversités de ministères, diversité de charismes, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous." Dans l’Evangile, nous constatons que, le jour même de la Résurrection, le Seigneur Jésus concéda l’Esprit Saint aux apôtres en leur disant que désormais ils avaient la grâce du pardon.
Toute la Parole de Dieu est imprégnée de la présence de l’Esprit Saint aujourd’hui révélé à toute la communauté. L’Esprit avait été promis souvent par Jésus Christ pendant sa mission : "Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous introduira dans la vérité tout entière" (Jean XVI, 13). Le jour de la Résurrection, le même Esprit avait été donné aux Apôtres pour qu’ils se laissent toujours conduire par Lui, selon Paul : "En effet, tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont Fils de Dieu" (Romains VIII, 14). Mais la Pentecôte est le jour de la grande manifestation de l’Esprit devant trois mille hommes de plusieurs endroits, parlant plusieurs langues, s’exprimant de différente façon. L’Esprit devant trois mille hommes de plusieurs endroits, parlant plusieurs langues, s’exprimant de différentes façons, l’Esprit Saint rend l’Eglise universelle. Il n’est pas que pour les Juifs, il est pour tous les hommes.
En ce jour de Pentecôte, où nous célébrons tous la venue de l’Esprit Saint sur le Cénacle, j’ai envie de redéfinir la mission de l’Esprit dans l’Eglise et dans le monde.
Je ferai appel à des textes récents très beaux de Jean-Paul II : Lui, l’Esprit Saint, est le Seigneur qui donne la vie (Encyclique Dominum et Vivificantem) ; Lui, l’Esprit Saint, est le vainqueur de la mort, de la haine et de la violence (Encyclique Evangelium Vitae) ; Lui, l’Esprit Saint, est le Dieu de l’Unité et de la Paix (Encyclique Tertio Milenia Adveniente).
Le Dieu de la vie
Le Dieu de l’Amour
En Théologie nous définissons l’Esprit Saint comme l’amour entre le Père et le Fils dans l’ensemble de la Trinité.
J’ai l’impression que le mot Amour est le plus déformé de notre vocabulaire. Il s’identifie souvent avec égoïsme, amour propre, plaisir que l’on reçoit d’autrui ; rarement on le sent comme "la faculté de sortir de soi pour aller à la rencontre des autres et de les faire heureux", selon les paroles sages de Eriah Fromm.
Le monde aujourd’hui ne sait pas aimer, donc, il tombe facilement dans la violence.
Combien d’attentats à la vie et à l’amour y a-t-il dans le monde actuel ? Quelques menaces viennent de la nature elle-même, mais elles sont aggravées par la négligence coupable des hommes qui pourraient souvent les prévenir. D’autres, au contraire, sont le fruit des situations de violence, de haine, d’intérêts mesquins qui mènent les hommes à agresser d’autres hommes : ce sont les homicides, les massacres, les génocides.
Comment ne pas penser à la violence sur des millions d’êtres humains, des enfants en particulier, accablés par la misère, la sous-nutrition, la faim, à cause de l’unique distribution des richesses parmi les peuples et les classes sociales ? Ou a la violence des petites guerres institutionnelles et, avant elles, au commerce scandaleux des armes qui favorise le tourbillon des conflits armés qui répandent le sang dans le monde ? Ou a la mort que l’on provoque par l’imprudence des déséquilibres écologiques, par la diffusion criminelle de la drogue, par la promotion de la sexualité selon des modèles qui non seulement sont moralement inacceptables, mais qui entraînent des dangers pour la vie ? Il est impossible de décrire toute la vaste panoplie des menaces à la vie humaine et à l’amour, car elles prennent aujourd’hui plusieurs formes, ouvertes ou camouflées…
Il y a tant de situations où nous avons perdu le sens de l’amour dans notre vie en commun !
Nous avons envie presque de forcer l’Esprit Saint à nous rejoindre, nous les humains qui avons perdu le sens de l’amour ! Lui qui est l’Amour entre le Père et le Fils, qu’il devienne l’amour dans les rapports entre les êtres humains.
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Il faut que l’amour entre un homme et une femme devienne un lien de vie, et non pas une rencontre occasionnelle ;
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Il faut que l’amour entre les parents et les enfants devienne un dialogue éducatif et non pas une imposition de comportements ;
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Il faut que l’amour entre les pauvres et les riches devienne un partage et non pas une aumône ou un geste froid qui nous libère de charges ;
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Il faut que l’amour entre des gens de couleurs, de culture ou de langue différentes devienne une rencontre ouverte de valeurs réciproques et non pas une tolérance passive qui ne change pas les comportements ni ne donne lieu à des rapports fraternels ;
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Il faut que l’amour entre les peuples devienne dialogue politique capable de changer les systèmes et non pas une stratégie pour sauvegarder des intérêts inavoués ;
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Il faut que l’amour ne soit pas une parole vaine dite par les chanteurs et les poètes, mais un engagement qui ouvre la porte à de nouveaux styles de vie dans la cité des hommes.
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Mais l’Esprit Saint qui est Amour peut nous aider à la préparation du troisième millénaire, où la volonté, la liberté, la justice et la paix soient possibles.
Le Dieu de l’Unité
C’est dans la force de l’Esprit Saint que notre Dieu est un seul, c’est dans la force de ce même Esprit Saint qu’au-delà des différences nous formons un seul Corps dans sa diversité de membres. Le texte de la 1ère Epître aux Corinthiens qui est d’une grande beauté, nous invite à l’union.
La société actuelle est dominée par les divisions. La distance entre riches et pauvres augmente, le problème des minorités ethniques et culturelles s’aggrave, les conflits entre les groupes sociaux et politiques s’amplifient, même la relation entre les jeunes et les adultes, entre les hommes et les femmes est devenue plus difficile. Il est vrai que nous vivons le temps des droits de l’homme, mais ceci sont d’avantage motif de revendications que de construction positive dans le dialogue. Même l’ONU, l’OMS, l’Union Européenne ne réussissent pas à obtenir la rencontre des pays et des personnes dans le but du bien commun, ce qui est de toute urgence à la fin de ce millénaire.
L’Eglise illuminée par l’Esprit Saint a la mission d’approcher les personnes et les peuples et d’en faire l’union. Saint Paul le répète souvent dans ses Epîtres, le Pape le demande constamment dans ses appels oecuméniques, la force de l’Evangile de Jésus Christ, qui est un Evangile d’Amour, le réclame. Mais cette union ne sera possible que quand, à l’exemple de Jésus, nous serons capables de l’universalité dans l’accueil, de la générosité dans le pardon, de la sérénité dans la modestie et l’humilité.
Nous formons tous un seul corps et nous sommes les membres des uns et des autres. Donc, indépendamment de la couleur, de la nationalité, de la culture et même de la religion, nous nous sentons attirés par la tolérance active, par le dialogue responsable, par la convivialité fraternelle, par la solidarité envers tout le monde, surtout envers ceux qui souffrent.
Dans ce jour de Pentecôte je pense particulièrement à ceux qui sont loin de leur patrie, émigrés par le besoin du travail, par la marginalisation et l’exclusion sociale, par les divergences positives ou même, par le désir d’aventure. Que tous puissent, avec la force de l’Esprit Saint, accepter dans la joie le don de leurs vies, et faire en toute générosité des oeuvres d’amour et construire, avec le pardon, l’union possible en vue d’une société plus juste et fraternelle.
Références bibliques :
Référence des chants :