Thomas récuse le témoignage de ses frères : "Nous avons vu le Seigneur", disent-ils à celui qui était absent lors de la première apparition du Ressuscité. Thomas, lui, voulait une preuve directe, palpable, sans intermédiaire.
L’auteur du récit, Jean qui, le matin de Pâques avait cru à la Résurrection de son Maître à la seule vue du tombeau vide et des linges pliés, a été très attentif à la réaction de Jésus devant cette attitude de Thomas.
Quoi de plus normal pourtant que cette exigence critique de l’apôtre ? Ses frères lui disent : "Nous l’avons vu". Il leur réplique : "Je veux voir et je veux toucher". L’enjeu est trop important pour qu’il puisse se contenter d’une adhésion facile. Quand on désire une bonne nouvelle, il faut garder son sens critique.
Nous nous sentons en connivence avec Thomas. Nous voulons bien être généreux, mais nous ne voulons pas nous laisser abuser. Le boniment du clochard qui nous sollicite, la publicité de certaines organisations caritatives ne nous suffisent pas. Nous voulons des faits, des images crédibles, des comptes contrôlés. Après tout, nous n’avons sans doute pas tort. La naïve crédulité des gens pourtant instruits fait les beaux jours de trop de sectes.
Nous admettrons pourtant qu’il y a des domaines où cette exigence serait déplacée. Lorsqu’il s’agit de donner sa confiance à quelqu’un qu’on aime et dont on se sait aimé, de défendre une personne en danger, d’opérer un sauvetage au péril de sa vie, la parole donnée, l’appel entendu doivent suffire. Sur la foi d’un témoin reconnu, à fortiori de plusieurs, comme c’est le cas dans ce récit, nous pouvons sans témérité nous engager. Un monde de méfiance réciproque, de soupçons, de calculs et de vérifications incessantes deviendrait vite intolérable.
Conscient de la mission qu’il a reçue du Père, Jésus ne veut pas de ce monde là. Il n’en veut pas pour nous non plus. Il est venu abattre le mur de la haine, de la méfiance et de l’indifférence que les hommes, depuis toujours, sont tentés d’édifier entre eux. Il nous invite à construire avec lui un monde nouveau, d’amour et de paix. A ceux qui disent : "Je ne crois que ce que je vois", il réplique : "Heureux ceux qui croient sans avoir vu". En le ressuscitant, au matin de Pâques, son Père lui a donné raison.
Bien sûr, Jésus qui a montré aux autres disciples ses mains blessées et son côté transpercé va tout de même accéder au désir de Thomas : "Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main et mets-là dans mon côté."
Mais il fait sentir à l’apôtre, l’ami des bons et des mauvais jours à qui il a déjà tant donné, ce que sa requête avait d’incongru en pareille circonstance.
"Ne sois pas incrédule mais croyant." Thomas confus se prosterne. Il a compris la leçon.
Amis jeunes, en ce temps de Pâques, cette leçon du Christ à son disciple nous concerne.
Alors que nous aimons tant discuter, remuer des idées et les confronter, poser nos conditions avant de donner notre foi au Christ, lui-même nous tend sa main blessée et nous montre son coeur ouvert pour nos frères souffrants, opprimés, exclus qui cherchent près de nous une parole ou un témoignage d’espérance.
Nous avons déjà tant reçu de Lui depuis notre baptême. En nous confirmant dans l’Esprit Saint, il nous envoie vers nos frères. Il nous envoie vers vos camarades d’étude, vos familles et vos relations de vacances pour être les témoins de sa Résurrection. Allons-nous marchander, comme si nous voulions obtenir de Lui un meilleur rapport qualité/prix ? Nous sentons bien le ridicule d’une telle attitude.
En vous disant cela, je me sens moi-même interpellé comme vous par cet évangile. Mais nous savons, vous et moi, que si nous avons la simplicité de nous prosterner devant le Christ, en lui confessant notre foi comme Thomas, Il est prêt à nous pardonner et à nous envoyer, ainsi réconciliés, dans le champ de la Mission.
Et s’il Lui plaît un jour (pourquoi pas aujourd’hui ?) d’appeler l’un ou l’autre d’entre vous à un don plus total de sa vie, de grâce ne passez pas trop de temps à supputer vos chances et à vérifier vos comptes.
Prenez résolument la main que le Christ vous tend et confiez à son Eglise le soin de vous aider à reconnaître l’authenticité de son appel.
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Ce matin, à l’occasion de cette Messe pascale, nous sommes tous invités à refaire entre nous ce geste de paix et de réconciliation que le Christ a proposé à Thomas.
Chacun de vous tendra ses deux mains ouvertes pour accueillir le geste de paix de son frère. Nous penserons à toutes ces mains blessées qui se tendent vers nous :
les blessés de la vie,
les exclus de notre économie,
les victimes de la violence,
tous ceux dont nous avons peur.
Mais aussi les mains blessées de toutes celles et de tous ceux qui ont payé de leur vie ou de leur santé leur fidélité au Christ et à sa loi d’amour, en prenant des risques pour la Justice et pour la Paix, à cause de l’Evangile.
Certains d’entre vous se préparent à recevoir le Don de l’Esprit par le sacrement de confirmation. En souvenir des Apôtres, compagnons de Jésus dans sa mission, douze jeunes vont s’avancer vers moi et je ferai pour chacun le geste de paix de Jésus à Thomas. Ils vous le transmettront ensuite de proche en proche comme une vague déferlante.
Nous sommes appelés par le Christ à être les témoins de sa Bonne Nouvelle. Puissions-nous, grâce à l’Esprit, et par l’intercession de Marie, "celle qui a cru avant d’avoir vu", répondre généreusement à cet appel.
Références bibliques :
Référence des chants :