Le récit de l’Évangile d’aujourd’hui se passe le lendemain du jour où Jésus a multiplié quelques pains pour nourrir toute une foule. Cette foule, maintenant, cherche Jésus et finit par le trouver. Mais elle le trouve non pas là où elle pensait qu’il était, elle le trouve « sur l’autre rive», dit l’Évangile.
Alors, Jésus explique aux gens que, pour le chercher, ils ne doivent pas seulement changer de rive du lac, ils doivent aussi changer leur manière de penser. Ils ne doivent pas le chercher parce qu’ils ont faim et qu’ils ont vu la veille qu’il était capable de les nourrir tous. Ils doivent le chercher parce qu’il peut combler toutes leurs faims et toutes leurs soifs les plus profondes, lui qui est le pain de la vie. C’est pourquoi il peut leur dire ces paroles mystérieuses : « Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »
Nous qui sommes aussi des affamés et des assoiffés, aspirant à une guérison de notre corps ou de notre cœur, ou attendant un amour pour toujours qui emplisse nos vies, ou espérant une consolation qui apaise nos peines, comment trouver ce pain qui comble vraiment nos faims ?
Du vivant de Jésus, les gens pouvaient le chercher et finir par le rencontrer personnellement. Aujourd’hui, nous pouvons le chercher et le trouver dans une communion personnelle avec lui car, ressuscité, il demeure près de nous par son Esprit Saint.
Mais pour découvrir cette communion personnelle avec lui, nous aussi nous devons changer de rive, changer notre manière de penser. Où est-il ? Il est là, dans les événements humbles de notre quotidien. Quand nous lisons une parole d’Évangile, c’est lui que nous rencontrons. Quand nous nous réunissons en son nom, il est invisiblement au milieu de nous. Dans l’Eucharistie, c’est le don de lui-même, du pain de vie, que nous recevons.
Et il est là aussi quand s’accomplit un geste d’amour et de solidarité. Je voudrais m’arrêter un moment sur cela.
Comme je l’ai rappelé au début de cette célébration, cette année est un anniversaire pour notre communauté. Pour cette occasion, une icône a été peinte, l’icône de la miséricorde. Elle montre le Christ racontant le récit du Bon Samaritain. Avec les jeunes, nous voudrions nous laisser inspirer par ce récit, car aujourd’hui, sur toute la terre, de nouvelles détresses, de nouvelles solitudes, des déplacements de populations, des catastrophes écologiques, le chômage de masse, les violences, tout cela réclame de nouvelles solidarités.
Alors, nous nous disons : pendant l’année qui vient, pour mettre en œuvre ces nouvelles solidarités, redécouvrons la miséricorde de Dieu et aussi la bonté humaine, elles sont plus profondes que le mal !
Regardons l’icône de la miséricorde. Si nous sommes parmi ceux qui consacrent leurs forces à venir au secours de leur prochain, sachons que le Christ est présent dans le blessé abandonné au bord de la route, il attend notre compassion. Oui, le Christ est présent surtout dans ceux qui sont plus pauvres que nous. Il l’a souligné lui-même : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger. »
Si nous sommes, nous-mêmes, dans une épreuve, quelle qu’elle soit, comme l’homme de la parabole, le Christ est là, son regard de bonté peut se révéler par une personne qui, simplement, se fait proche de nous. Il prend soin de nous comme de toute l’humanité. Il est le pain de vie qui comble notre faim.
Ce matin, Jésus nous dit : « Je suis le pain de la vie. » En célébrant l’Eucharistie, nous ouvrons les portes au Christ afin que sa présence d’amour nourrisse notre vie. Et l’eucharistie nous invite à la solidarité avec ceux qui nous sont confiés, afin que, à travers nous, sa présence agisse dans le monde. L’Eucharistie nous pousse à aller, comme Jésus, jusqu’à l’extrême de l’amour, aimer comme lui a aimé.
Références bibliques : Ex 16, 2-4 ; 12-15 ; Ps. 77 ; Jn 6, 24-35
Référence des chants : Liste des chants de la messe à Taizé 2 août 2015