Retrouver le goût de la vie, le goût de vivre. C’est tellement important, frères et sœurs, de savoir nous réjouir de tant de bonnes choses que la vie sait nous offrir, comme les vacances, surtout quand ce sont les autres qui nous invitent pour que nous passions de bons moments.
Et c’est ce qui se passe ici, dans ce centre où nous sommes : voilà maintenant 90 ans qu’ici on accueille des jeunes qui, en raison d’un handicap, n’auraient pas bien souvent autrement de vraies vacances. Se reposer, se détendre, c’est indispensable, surtout quand on a passé une année difficile. N’oublions pas que c’est Dieu lui-même qui nous dit combien il est important de prendre du repos, des vacances.
Et je voyais l’autre jour ces deux petits enfants si heureux de pouvoir se mettre à courir dans la campagne, et leur papa était là, derrière eux, tout souriant de les voir s’en donner à cœur joie.
Eh bien, voilà Dieu, frères et sœurs ! Voilà notre Père, notre papa à nous tous. Si heureux quand il nous voit pleins de vie. Tout souriant de nous voir le goût de la vie aux lèvres, le goût de la vie au cœur. Si malheureux au contraire de nous voir peiner, souffrir, mourir. Lui, notre Père, il refuse absolument de se résigner à cela.
Voilà pourquoi il nous envoie son Fils, son Fils premier-né, Jésus, le Christ. Le Christ vient pour cela. Pour que nous retrouvions le goût, la force de vivre.
Vous avez entendu ce qu’il vient de nous dire : « Moi, je suis le pain de la vie ». Lui, du pain, du pain pour nous. Du bon pain, encore meilleur que celui de nos boulangers. Encore meilleur que celui que vous, les jeunes, ici, vous avez voulu préparer vous-mêmes pour ce midi. Votre idée, votre geste sont très justes, car c’est notre responsabilité, notre responsabilité humaine, que de nous nourrir les uns les autres : avec du pain, avec plein d’autres bonnes choses – mais surtout bien plus encore avec de l’amitié, du partage.
C’est comme pour le prophète Elie. A force de difficultés, il avait perdu le goût de vivre. Alors il dit : « Maintenant, Seigneur, c’est trop. J’en ai assez. Reprends ma vie, je ne suis pas meilleur que mes pères. » Et il s’endort, épuisé. Comme nous-mêmes, si souvent, quand trop c’est trop et que nous n’en pouvons plus.
Mais Dieu refuse de le laisser dans cet état. Un ange vient, par deux fois, lui apporter du pain et de l’eau en lui disant : « lève-toi et mange – autrement le chemin sera trop long pour toi. »
Voilà frères et sœurs, voilà ce que le Christ vient être pour nous : du pain, le pain de la vie, pour que nous retrouvions la force de nous remettre en route.
C’est exactement cela que nous vivons, chaque fois que nous sommes à la messe. La messe, c’est avant tout un repas, « le repas du Seigneur ». Un repas auquel le Christ lui-même nous invite. Comme nous sommes en train de le vivre en cet instant. Pour nous, ici, pour vous tous qui vous joignez à nous par la télévision. A tous, à chacune, chacun de nous, le Christ nous dit : pour toi, je suis le pain de vie, de ta vie à toi. Pour te rendre la force et le goût de vivre, de marcher, d’avancer.
Mais faisons attention : la vie que le Christ va nourrir en nous, c’est la vie en plénitude, la vie au sens où Dieu, le premier, est le Vivant. Une vie plus forte même que la mort. Et là, frères et sœurs, il y a quelque chose qui change tout.
Car le secret de cette vie, plus forte même que la mort, c’est d’aller jusqu’à se donner soi-même en nourriture, comme le Christ le fait pour nous. Devenir nous-même du pain, du bon pain, savoureux, nourrissant, pour que les autres retrouvent le goût de vivre. Etre nous-mêmes bons comme du bon pain.
Mais, vous savez, c’est cela que font, tout naturellement, les parents pour leurs enfants, chaque jour : donner d’eux-mêmes pour nourrir leurs enfants. C’est ce que nous faisons, dans tant de métiers comme à l’hôpital, à l’école, quand, au-delà de nos obligations professionnelles, nous mettons nos forces, notre cœur à faire vivre les autres. Dans tant d’associations aussi, comme ici-même.
« Moi, je suis le pain de la vie, alors prenez et mangez », nous dira le Christ dans un instant. Et il ajoute : vous, alors, à votre tour, faites cela en mémoire de moi. Vous, devenez vous-même du pain pour la vie les uns des autres.
Et vous verrez : à donner de nous-même aux autres pour qu’ils vivent, nous, nous vivrons. Qui donne reçoit bien davantage encore. Et à donner de la vie aux autres, nous aurons le goût de la vie aux lèvres, nous aurons le goût de la vie au cœur.
Pour toujours.