Chers frères et sœurs, l’amour est un mystère de présence. Nous en faisons tous l’expérience, aimer c’est d’abord être là auprès de ceux qui nous sont chers tout particulièrement dans les moments de joie et plus encore dans les moments d’épreuves. Et l’on peut dire que la pandémie que nous traversons depuis plus d’un an maintenant nous a fait toucher cela de manière très sensible et parfois même de façon douloureuse quand nous n’avons pas eu la possibilité d’accompagner un proche en fin de vie.
Or la Révélation chrétienne, nous met justement en présence d’un Dieu qui se fait proche. En Jésus de Nazareth, il se fait même l’un de nous ! Il vient mêler ses pas aux nôtres pour faire route avec nous sur le chemin de la vie et nous révéler la beauté d’une existence tournée vers Dieu, source de tout amour.
C’est précisément ce mystère de proximité et de présence du Seigneur à nos vies que dans la page d’évangile que nous venons d’entendre, Jésus nous dévoile. Et il l’exprime par une parole à la fois toute simple et d’une densité extrême : « je suis » ; manière de nous dire, « je suis présent, je suis là ». Autrefois, déjà, quand Dieu s’était manifesté à Moïse pour qu’il libère Israël de l’esclavage en Egypte, il l’avait assuré de son soutien en lui disant, « je serai avec toi » au point que c’était devenu le nom même de Dieu ! Nous croyons donc en un Dieu qui se dit et se nomme : « je suis là, je suis présent » et c’est ce que manifeste Jésus quand il nous dit « je suis la lumière du monde », « je suis le pain de vie », « je suis le chemin, la vérité et la vie ». Il est lui-même cette présence divine qui éclaire l’existence, nourrit les cœurs, oriente sur le chemin et donne la vie. Alors quand ce matin il ajoute : « je suis le bon berger, le vrai pasteur », nous comprenons qu’il est cette présence qui nous apporte sécurité, paix et joie du cœur.
En se désignant comme « le vrai pasteur », Jésus nous invite d’ailleurs, dans le sillage des annonces prophétiques du Premier Testament, à le reconnaître comme le Sauveur attendu par Israël. En précisant : « Je suis le vrai pasteur, le vrai pasteur donne sa vie pour ses brebis », il nous révèle le sens de son existence entièrement tournée vers nous. Et comment nous donne-t-il sa vie, sinon tout d’abord en nous la communiquant ! Les évangiles sont pleins de ces récits où Jésus, par son attitude et sa parole, relève, redresse, guérit, pardonne, rend leur dignité aux exclus, à ceux et celles que plus personne ne considère ni même ne voit.
Le vrai Pasteur est ému de compassion pour la plus égarée de ses brebis et c’est pour cela qu’aujourd’hui encore, il nous appelle, dans son sillage, à servir la vie ! N’est-ce pas le point commun de toute vocation ?
« Je suis le vrai pasteur. Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père », précise encore Jésus. Par ces mots il nous révèle un autre aspect de sa manière d’être vrai pasteur : la connaissance intime qu’il partage avec le Père il veut aussi l’établir avec nous pour qu’en lui nous devenions nous aussi, enfants de Dieu. Ainsi voyons-nous à quelle communion il veut nous attirer et à quelle hauteur d’humanité il veut nous élever !
Pasteur de tous, il nous connaît cependant chacun et chacune personnellement et tel le berger appelant ses brebis une à une, il ne cesse de venir frapper à l’oreille de notre cœur pour nous combler de sa présence. Ne reconnaissez-vous pas sa voix ?
C’est elle pourtant, chers frères et sœurs, qui dans les circonstances les plus diverses de l’existence ne cesse de raviver en nous l’espérance, elle qui aux heures de doute et d’angoisse nous donne sa paix, elle qui toujours nous appelle à choisir la vie, à la servir et même à la donner car, nous dit encore notre unique et vrai Pasteur : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». Lui a donné la sienne pour nous. Laissons-nous illuminer, chers frères et sœurs, par un tel mystère de Présence.
Amen