On n’oserait pas l’imaginer, mais c’est l’apôtre Jean qui l’écrit dans son évangile. Jésus fit un fouet avec des cordes. Il chassa les vendeurs du temple, il renversa les comptoirs des changeurs d’argent, il jeta par terre la monnaie. Quelle violence ! … chez ce Jésus dont on a si souvent évoqué la douceur. L’enjeu doit être important. Y aurait-il eu des abus malhonnêtes, des détournements de fonds ?

L’affaire est bien plus grave quecela… En effet, on fait erreur souvent en croyant que Jésus a repoussé loin du temple les entreprises mercantiles. En quelque sorte, comme s’il s’en prenait aujourd’hui aux marchands qui proposent des savonnettes à l’eau de Lourdes ou des portefeuilles à l’effigie de Notre-Dame de Rocamadour… Ce n’est pas cela!

La présence des marchands n’était pas facultative. Les marchands étaient indispensables pour que puisse exister le culte. Il fallait bien qu’ils fournissent les bêtes qu’on offrait en sacrifice. Ce sont eux qui ont vendu à Joseph et Marie les deux petites colombes pour la présentation de Jésus au temple. Il fallait bien aussi des changeurs d’argent.

Donc la colère de Jésus n’avait pas pour but d’éloigner des marchands inutiles, mais, en faisant ce geste, il attaquait le culte lui-même. En renversant leurs comptoirs, il renversait la religion, il détruisait le temple en quelque sorte. Et quand on sait la place que tenait le Temple pour les juifs ! Il était le coeur de la nation depuis dix siècles. Lorsqu’il avait été détruit, on l’avait toujours reconstruit. Et là, on venait de trimer 46 ans pour le reconstruire encore. C’était à peine terminé, et Jésus parlait de le détruire.

L’enjeu doit être de taille. Essayons de comprendre le geste de Jésus. Qu’est-ce que Jésus voulait dire à ses contemporains ? Qu’est-ce qu’il veut nous dire aujourd’hui ? Qu’est-ce que Jésus voulait dire à ses contemporains ?

La réponse à cette question est simple – simple et mystérieuse ! –

Elle est simple puisqu’elle est en toutes lettres dans l’Évangile d’aujourd’hui. " Détruisez ce temple, dit Jésus, et en trois jours, je le relèverai ". Le temple dont il parlait, c’était son corps, c’est-à-dire sa personne. C’est comme s’il disait : " Vous pouvez détruire le temple, puisque, je suis là ! "

Jésus a l’audace de se mettre à la place du temple.
– Le lieu de la présence de Dieu, c’était le temple : Jésus est présence de Dieu.
– Le lieu de la parole de Dieu, c’était le temple : Jésus est la parole de Dieu.
– Le lieu du culte rendu à Dieu, c’était le temple : Jésus rend gloire à Dieu.

Ses disciples n’ont compris ce qu’il voulait dire qu’après sa résurrection. Ils ont fait le rapprochement, d’ailleurs, avec d’autres paroles de Jésus : " L’heure vient, et c’est maintenant où vous adorerez ni au temple de Jérusalem ni au mont Garizim. Les vrais adorateurs adoreront en esprit et en vérité ! "

L’heure vient où vous reconnaîtrez ma présence à fleur de visages : " Ce que vous ferez au plus petit, c’est à moi que vous le ferez." Le corps du Christ, le temple de Dieu, c’est nous. En chassant les vendeurs du temple, ce que Jésus a voulu dire est immense.

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Qu’est-ce que Jésus veut nous dire aujourd’hui?

Cette vieille histoire, nous le verrons bien, ne cesse d’interroger nos Eglises noscommunautés chrétiennes et la foi dechacun d’entre nous.

En effet, quels reproches Jésus faisait-il aux usagers du temple ?

Deux reproches :
. Le premier : " Vous faites de cette maison de prière une maison de trafic. "
. Le deuxième : " Vous faites de loi maison de mon Père, qui est pour tous, une maison pour quelques-uns. "

Eh bien ! c’est à nous aussi que Jésus dit ce matin : " Ne faites pas de cette maison de prière une maison de trafic. "

Ne faites pas de la prière un trafic. La prière n’est pas un trafic. Prier, ce n’est pas marchander avec Dieu.

Donnant donnant, plus je donne, plus il me donnera ! Pour obtenir quelque chose de Dieu, il faut le payer cher. Non et non ! La prière n’est pas un trafic… surtout pas un trafic d’indulgences.

Qui serait ce Dieu qui attendrait d’avoir sa ration d’encens et de sacrifices pour intervenir ?
Qui serait ce Dieu qui ne se laisserait toucher qu’au terme de supplications interminables et de mortifications sévères ?

Jésus ne veut pas qu’on défigure à ce point le visage de Dieu. Il veut que la maison de son Père s’ouvre à la prière confiante de ses fils, sinon, ce serait une prière de païens. " Ne priez pas comme les païens qui s’imaginent que c’est à force de paroles… Votre Père sait ce dont vous avez besoin. "

– On ne prie pis pour qu’il sache mais parce qu‘il sait ce dont nous avons besoin.
– On ne prie pas pour qu’il agisse, mais parce qu‘on sait qu’il agit pour le meilleur.
– On ne prie pas pour être aimé de lui, mais parce qu‘on est aimé de lui.
– On ne prie pas pour qu’il soit avec nous dans les bons ou les mauvais jours, mais parce qu‘il est avec nous.

Ce n’est pas l’homme qui agit sur Dieu, c’est Dieu qui voudrait bien agir sur le coeur de l’homme. Retenez cette comparaison, cette analogie pour illustrer ce que je vous dis là. C’est le printemps, ce matin, vous avez ouvert les volets de votre maison ou de votre appartement… Ce n’est pas vous qui avez fait lever le soleil, vous avez permis au soleil d’entrer dans la maison, de l’illuminer,

Eh bien ! quand vous priez, c’est pareil. Ce n’est pas vous qui rappelez à Dieu qu’il doit vous éclairer, mais vous lui permettez de vous éclairer. Prier, c’est ouvrir tout grand portes et fenêtres de notre coeur pour accueillir sa lumière. La prière n’est pas un trafic avec Dieu, elle est un accueil de l’amour gratuit de Dieu.

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Deuxième reproche de Jésus : " Vous faites de la maison de mon Père, qui est pour tous, une maison pour quelques-uns. "

Colère de Jésus et indignation contre les prêtres de la religion juive qui entretiennent une religion basée sur l’exclusion. Le temple, dans sa construction même, signifiait cette exclusion. Il y avait une série de barrières, des filtres dont les prêtres du temple étaient les gardiens vigilants.

  • Dehors, le parvis des païens, les non-juifs n’avaient accès que là,
  • à bonne distance, les femmes,
  • puis les juifs,
  • puis le saint des saints pour le grand prêtre.

 

L’un des piliers de la religion juive de l’époque était la distinction entre le pur et l’impur. Jésus vient au contraire proclamer que, pour Dieu, il n’y a pas d’exclus. Il vient annoncer un Dieu dont l’amour est offert à tous, sans distinction, sans restriction.

Où en sommes-nous dans notre Église aujourd’hui ? L’Église devrait être cette réserve de coeur dans laquelle les hommes se sentent reconnus, non étiquetés, pardonnés, aimés. Elle devrait être accueillante à tous, … à tous, même les accidentés de la vie.

Merci, merci à vous, merveilleux mouvement Foi et Lumière qui accueillez avec amour des personnes blessées dans leur esprit et dans leur corps, et qui, avec tendresse, transfigurez leur visage.

L’Église devrait être accueillante aux accidentés de la vie, même les accidentés de l’amour et du mariage, même les accidentés de la morale. Une seule condition, que chacun, chacune, dans l’Église, ait le désir, le goût, l’espérance d’être un jour guéri.

Etes-vous là, Monsieur, dans cette église, ce matin, ou devant votre écran de télévision, vous qui me disiez votre hésitation. Vous estimez que vous n’êtes pas digne : votre vie est en désordre l’échec de votre couple, l’abandon de la pratique religieuse… que sais-je ?

Votre place est ici. Dieu vous accueille en sa maison.

Oh ! pourvu que cette église Notre-Dame-du Point du Jour soit toujours accueillante à tous.
Pourvu que la paroisse Saint-Nicolas, à Nantes, dans laquelle je suis prêtre et qu’aucune église ne mérite jamais ce reproche de Jésus : " Vous avez fait de la maison de mon Pire, qui est pour tous, une maison pour quelques-uns ".

Références bibliques :

Référence des chants :

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