Chers frères et sœurs,
Chers fidèles téléspectateurs,
En ce dimanche de la Trinité, je ne doute pas que bon nombre d’entre vous souhaiteraient en savoir plus sur ce point central de notre foi. Rien qu’à la prononciation du mot « Trinité », nous entendons quelque chose de grand, de très grand… et de très compliqué. Cette homélie ne sera pas une méthode Assimil : « la Trinité sans peine » et encore moins « la Trinité pour les nuls » tout d’abord parce que ni vous ni moi ne sommes nuls chers frères et sœurs, mais surtout parce que croire que l’on peut résumer Dieu à quelques formules serait se tromper lourdement sur son compte : on ne peut pas enfermer Dieu dans une boîte ! Aussi, je ne vous propose pas d’expliquer mais d’entrer dans le mystère : passons d’une formule abstraite à une expérience ; passons de la notion à la réalité de la Trinité.

Alors regardons les textes qui nous sont donnés aujourd'hui. Nous avons entendu le récit où Dieu révèle son nom à Moïse au Sinaï. Cet épisode fait suite à l’idolâtrie du veau d’or où les hébreux en difficulté dans le désert, qui – certes – avaient vu les hauts faits de Dieu en sortant d’Égypte en traversant la mer Rouge, se trouvaient là dans une crise de confiance et se demandaient : quel est notre Dieu ? Sans doute lassés de la durée de leur exode, ils ont fabriqué leur propre dieu : un dieu à leur mesure, à leur taille et qu’ils pourraient manipuler facilement : le veau d’or. Nous aussi, frères et sœurs, nous adorons nos veaux d’or ! Et nous nous arrangeons parfois bien d’une religion domestiquée avec un dieu muet comme un veau et qui exigerait de nous le moins possible. En fait, les hébreux n’acceptaient pas de ne pas comprendre, de dépendre d’un insaisissable, d’être les sujets de celui qui parle dans la nuée.

Mais Dieu n’est pas un veau ! Il n’est pas de notre fabrication : il nous précède, il nous dépasse, il nous entoure de son mystère et nous appelle à l’infini. L’idole – si matérielle – n’est qu’une fiction que nous fabriquons. Le vrai Dieu, le Dieu Trinité, dans sa transcendance, ne peut être de notre création.

Au désert, il se manifeste dans la nuée. L’encens de notre liturgie nous le rappelle. Quand le prêtre force la dose dans l’encensoir, il arrive qu’on ne voie plus rien à l’ambon ou sur l’autel : à la bonne heure ! Comme pendant l’Exode, la nuée est le signe que Dieu est présent. Nous ne pouvons le saisir du regard, il se laisse entendre, mais non pas voir face à face. Dans le passage de l’Exode que nous avons entendu, Moïse a la grâce de ne voir Dieu que de dos, mais non face à face : il n’aurait pas pu supporter son éclat. « adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté ». Oui, le psaume 24 nous le dit, Dieu est éblouissant ! Nous marchons ici-bas non pas dans la claire vision, mais dans le brouillard, à tâtons, simplement guidés par la voix du vrai Dieu. La foi n’est pas faite d’un ensemble de notions à savoir ou à manipuler, mais par ces notions, elle nous invite à une aventure bien réelle : celle de notre rencontre avec le vrai Dieu, le Dieu Trinité, insaisissable et qui nous intrigue ! La Trinité est une affaire d’expérience.

Notre Évangile se fait l’écho de la rencontre nocturne entre Jésus et Nicodème. Celui-ci vient-il de nuit par crainte du regard des autres ? Ce n’est pas sûr : il vient de nuit comme nous qui cherchons Dieu, qui cherchons à comprendre, à ce que ce que nous avons appris au catéchisme soit réel, soit vivant. Nicodème, dans la nuit est à la recherche de la lumière. Nous aussi qui avançons dans la nuée.

Alors frères et sœurs, chers fidèles téléspectateurs, entrons dans cette nuit resplendissante, marchons dans cette nuée enveloppante : nous sommes pris dans le mystère de Dieu, le Dieu Trinité, le vrai Dieu, Père, Fils et Saint Esprit.
Amen.
 

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