Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? Jn 2, 18 On comprend bien cette question des Juifs parce que ce n’est pas si simple d’interpréter la colère de Jésus qui envoie tout valdinguer ce matin. Manifestement, Jésus n’aime pas trop la piété faite de petits sacrifices arrangés. D’après Jésus, ce commerce des marchands du temple ne semble qu’une distraction, une tentative d’esquive de quelque chose de plus profond. En ce temps de carême, pour être juste sans mettre Dieu en colère, il faut donc aller chercher ailleurs que ces petits arrangements extérieurs.

 

Pour autant, la question demeure : quel signe peux-tu nous donner ? Quel signe peux-tu nous donner pour renouveler ou retrouver la confiance en toi ? Et tant qu’on y est, quel signe peux-tu nous donner pour retrouver la confiance en la technologie, aux médias, en la politique… Quel signe peux-tu nous donner pour retrouver la confiance en notre monde et en la trajectoire dans laquelle nous sommes entrainés, plus ou moins malgré nous ?

On aimerait bien, de temps en temps, avoir quelques signes, voire parfois quelques miracles  pour abolir le mal de nos vies. Certains d’entre nous aimeraient même pouvoir rencontrer Dieu, tout simplement pour y croire.

 

Encore faut-il s’entendre sur ce qu’on peut attendre de Dieu comme signe.

 

Parce que les miracles, en vrai, il faut s’en méfier. Ils peuvent être des signes, c’est vrai. Mais ils peuvent aussi ne renvoyer qu’à eux-mêmes. Et là, ils pourraient nous faire passer à côté de l’essentiel. C’est sans doute pour ça que Jésus ce matin ne se fie Jn 2, 24 pas à ce que ces signes peuvent susciter chez certains. 

 

De fait quelle injustice quand on y pense, si Dieu choisissait d’aider certains et de détourner son regard d’autres. Si c’était le cas, quelle tromperie sur sa tendresse pour tous tous tous  comme aime dire notre bon pape François. Si Dieu choisissait de faire un miracle pour l’un et pas pour l’autre dans la même situation, de quel mensonge le vieux Paul se serait alors couvert en proclamant par toute son existence le messie crucifié 1 Co 1, 23 comme il dit dans la deuxième lecture qu’on vient d’entendre ?

 

Alors si on ne peut pas se fier aux miracles, la question adressée à Jésus demeure encore : quel signe peux-tu nous donner pour que nous puissions avoir confiance en toi et en la Vie ? Pas de miracles grandiloquents et rien du fantastique hollywoodien, c’est d’accord. Mais alors quoi, quels signes ?

 

A vrai dire, il nous faut les scruter . La prière de Juliane, une sœur du petit Carmel de Mazille en Bourgogne, le disait avec ses mots le 31 décembre dernier :

« Seigneur, Dieu de la Vie, combien de fois au cours de cette année n’avons-nous pas avancé dans le réel comme sur un fil au-dessus de l’abîme, avec comme seul appui pour nos pas la foi en une Promesse entendue dans le creux de l’oreille, alors que guerres et injustices ne cessent de bouleverser notre monde ? Combien de fois au cœur de la menace un espace insoupçonné ne s’est-il ouvert, un espace dans lequel aimer et créer […] était encore possible ? […]

Tu n’as pas éliminé le mal, tu ne nous protèges d’aucune douleur, mais tu nous ouvres la voie vers une autre plénitude. Celle de la Tendresse qui nous fait aimer la vie même lorsque nous ne la comprenons pas, même quand le tragique ou l’absurde semblent prendre le dessus » .

 

Pour Juliane aujourd’hui, le signe, c’est un espace insoupçonné qui permet d’aimer et de créer. Pour Saint Jean-de-la-Croix au XVIème siècle, de l’ordre du Carmel lui aussi, pour Saint Jean-de-la-Croix, le signe, c’est ce qu’il appelle « un je-ne-sais-quoi qui d’aventure se trouve ».

 

De fait, iI arrive qu’on soit témoin d’un « je-ne-sais-quoi » qui nous dépasse de très loin, il arrive qu’on vive des moments absolument lumineux mais quasiment inracontable. Ici au Bon Secours, vous vivez tous les jours ces « je-ne-sais-quoi » qui vous emmènent plus loin, que vous soyez jeunes pro, que vous soyez passé par la réalité de la rue ou que vous viviez l’aventure du grand âge. Devant votre télé, je suis sûr aussi que vous vivez ces « je-ne-sais-quoi » qui transportent plus près de Dieu. Mais quelle que soit l’intensité de ces expériences, elles ne peuvent pas figer. Au contraire même, elles relancent la quête. Ces expériences peuvent en effet être des signes s’ils nous ouvrent à la quête de ce Dieu toujours méconnu que nous cherchons ensemble. Pas pour savoir. Pour faire confiance . En ce sens, un signe, c’est fait pour défiger et encourager notre marche.

 

Parce que « malgré la nuit » , comme nous le fait découvrir encore Jean-de-la-Croix, « malgré la nuit » de nos doutes ou de nos souffrances, une Source coule au fond de nous. Elle coule au fond de nous tous tous tous1. Il nous faut donc la chercher toujours plus en profondeur. Aucun signe ni aucun miracle ne pourra nous dispenser de cette quête, et c’est sans doute pour ça que Jésus se fâche ce matin : la splendeur de Dieu dépassera toujours ce que nous pourrons en saisir, impossible même de l’enfermer ni dans une pratique cultuelle, ni dans une pensée, ni dans des mots, ni dans un dogme, ni dans une manière de vivre, ni dans quoique ce soit d’ailleurs : tous les humains sont à égalité dans la quête de cette Source qui fait vivre. A dire cela, on ne sera peut-être pas toujours dans les clous, mais ce n'est pas grave ; comme disait Raphaël, un ami prêtre : nous sommes les disciples d’un décloué . Quelle liberté cela nous offre !

Dieu veut simplement marcher avec nous.

 

Et le signe de cette marche main dans la main avec Dieu, c’est ce « je ne-sais-quoi » qui nous ouvre à plus grand que nous.

Le signe, c’est cet espace insoupçonné qui permet d’aimer et de créer en nous faisant presque frôler du doigt quelque chose de l’ordre de l’indicible.

En définitive, le signe pour que nous puissions toujours avoir confiance en la Vie, c’est un messie crucifié, un homme qui va jusqu’au bout de son compagnonnage avec chacun de nous, quel que soit notre chemin, par amour. Dieu veut simplement nous rejoindre dans nos joies et nous tenir la main dans les épreuves.

Par amour, main dans la main.

Alors vive la Joie. Quand même  !

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