Avez-vous remarqué combien les foules et les groupes divers sont nombreux à s’exprimer et à manifester leur opinion ?
Tout commence au jour des Rameaux où « beaucoup de gens étendirent leurs manteaux » et crièrent « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom de Seigneur ! ». Expression que nous reprendrons tous en chantant « Saint, Saint Saint le Seigneur. »
C’est la foule des fans de Jésus !
Aujourd’hui dans toutes les lectures, en particulier dans le long récit de la Passion, selon saint Marc cette année, notons la différence radicale de comportement entre ce que les foules manifestent et ce que des femmes et des hommes bien singuliers accomplissent.
On constate que les excès proviennent surtout de l’élan du collectif. La dynamique souvent négative est amplifiée : la foule armée d’épées et de bâtons pour arrêter Jésus, les grands prêtres et le conseil suprême pour le faire condamner, la foule rameutée devant Pilate pour crier « Crucifie-le ! », les soldats romains pour le flageller et l’humilier, même les passants pour l’injurier. Prenons-nous conscience de cet instinct de groupe qui parfois nous avilie en nous poussant à réaliser des actes que seul nous n’oserions pas faire. C’est l’entraînement de la meute !
Un seul groupe ne concourt pas à la condamnation de Jésus et aux violences contre lui : ce sont les apôtres. Mais bien piètre fût leur comportement par leur abandon.
Par la force de sa parole et des guérisons, Jésus a maintes fois répété : « Ta foi t’a sauvé ! » Par sa Passion, il guide tous ses disciples au don de soi et à la conversion.
Jésus résiste et fait face courageusement à chacun des assauts. Il prie malgré l’angoisse au jardin de Gethsémani. Il demeure calme et s’exprime de façon concise devant le grand prêtre et Pilate. Il reste sans parole lors de la flagellation et face aux insultes. Il pousse un cri non de désespoir mais de prière intense récapitulant toute l’espérance de l’humanité.
Cela lui est possible parce Jésus est tout tourné vers Dieu son Père et aussi vers les hommes. Il est le Fils du Dieu béni : « Je le suis. Et vous verrez le Fils de l’Homme siéger à la droite du Tout-Puissant ». Jésus qui accomplit sa mission était aussi proche de ceux qui l’écoutaient dans le Temple comme dans tant d’autres lieux.
Son chemin de Croix où on voit s’effilocher rapidement la fidélité de ses apôtres va révéler celle de nouveaux disciples. L’exemple vient d’en haut car Pierre, le premier des apôtres, vit sa conversion radicale par la confrontation avec son reniement. Il perçoit ses incohérences et sa lâcheté confirmée par le chant du coq. Selon une certaine tradition Pierre a peut-être perçu la compassion de Jésus dans l’échange d’un regard à la maison de Caïphe.
Tout va s’enchaîner dans une logique mortifère jusqu’à la Croix. Toutefois, il y aura maints témoignages d’espérance et de foi profonde.
Il y a le visage précurseur de Marie-Madeleine qui parfume les pieds de Jésus avant même qu’il n’institue l’Eucharistie lors de la Cène. Elle honore un corps qui sera maltraité mais pressent surtout l’événement extraordinaire qui se profile.
Il y a Simon de Cyrène réquisitionné pour alléger la pénibilité et la charge de la Croix
Il y a le bon larron prêt au repentir
Il y a Joseph d’Arimathie bien installé dans la vie qui peut mettre à disposition un tombeau comme dernière demeure du Christ.
Chers jeunes, vous pouvez vous sentir éloignés de ces visages d’adultes qui ne vous représenteraient. J’ai envie de vous provoquer.
Ce qu’étaient ces personnages mis en avant au long de la Passion de Jésus, c’est ce que vous serez. Vous pouvez devenir et être le reflet de ces personnes simples et si édifiantes.
Vous pouvez devenir la femme qui prend soin, qui honore, qui console et dont le courage est sans faille ne craignant ni le rejet ni le qu’en dira t on !
Vous pouvez devenir l’homme qui se donne, partage, soutient et accueille.
Le texte de la Passion ne fait pas seulement le récit d’un triste événement passé. Si les foules ont poussé Jésus vers la mort, les témoins singuliers l’ont aidé à vivre, AIDER A VIVRE… jusqu’au bout.
Comme vous chers jeunes, nous sommes conviés à choisir la vie… toujours même quand semble dominer la mort On préfèrera le pardon à la vengeance, la paix à la guerre, le respect à la violence, l’amour à la haine.
Avec vous, chers jeunes, notre monde peut connaître une résurrection. Aidez-nous à devenir tous des témoins singuliers qui en cheminant avec le Christ ne laissent personnes au bord du chemin, pour certains, vrai chemin de croix, appelé à devenir un chemin de vie et d’espérance